Roulette Russe. May Freighter

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Roulette Russe - May Freighter


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hésita. Elle sentait toujours la piqûre de la pointe de la lame contre sa joue. Elle serra des dents et ouvrit les paupières. Une seconde de contact visuel avait suffi pour la faire retomber sous son emprise.

      - Bien ! Ne bouge pas.

      Son corps refusait de bouger et elle se réprimanda d'être aussi faible.

      Un à un, les boutons de son chemisier sautèrent. Le dernier arraché, il écarta le tissu de sa poitrine. Ses yeux scintillaient comme ceux d’un enfant déballant un cadeau de Noël. Il examina sa poitrine et sa respiration s’accéléra.

      Peu importait ses efforts, elle n'arrivait pas à sortir de son emprise mentale. Il fit une petite entaille dans sa peau pâle. Du sang monta à la surface et se mit à couler sur ses petits seins, tachant son soutien-gorge. Il fit glisser le côté plat de la lame le long de sa poitrine, séduit par le doux parfum de son sang.

      Elle était certaine qu’il n’était pas du tout attiré par la vue de sa poitrine.

      Son emprise mentale disparut et elle fut en mesure de reprendre le contrôle de ses membres. Ses hanches se rétractèrent lorsque le couteau descendit vers ses hanches. Le métal s'enfonça dans sa peau. Elle laissa échapper un cri d'agonie.

      Le patron refit son apparition en criant :

      - Je croyais t'avoir dit de te nourrir et rien d'autre.

      Rick retira sa lame.

      - Cette salope n'est pas facile à contrôler. Si je ne la regarde pas droit dans les yeux, elle arrive à rompre l'hypnose.

      - Ce n’est pas mon problème, grogna l’homme. Laisse-la tranquille jusqu'à ce qu'il vienne la chercher. On doit se préparer.

      Grognant dans sa barbe, Rick lécha le sang sur la lame et poussa un gémissement de satisfaction. Il lança un regard fugitif dans sa direction, puis rangea son couteau et sortit de la pièce avec son partenaire.

      Elle avait la bouche sèche. Elle examina son entaille. Des lignes rouge foncé coulaient le long de ses côtes. Elle reposa sa tête contre le mur, se concentrant sur le plafond blanc pour empêcher que la nausée ne fasse remonter sa bile.

      Qu'est-ce que je vais faire ? Personne ne sait où je suis, pensa-t-elle.

      - Ce n’est pas vrai, répondit une voix métallique sur sa droite.

      Elle se tourna en poussant un grognement. Elle avait très mal à la tête, comme si elle avait reçu un coup de marteau au visage. Son ange gardien se tenait à un mètre d'elle, il avait des traits anguleux entourés d’une longue crinière de cheveux raides dorés.

      - Où étais-tu passé ?

      Michael inclina la tête pour s'excuser.

      - Je sais, j'aurais dû venir plus tôt. Je voulais savoir qui ils avaient contacté, alors j'ai suivi…

      Il se précipita vers elle sans finir sa phrase. Sa main plana sur ses blessures. Il serra des dents.

      - Tu es blessée.

      - Je vais bien, mais comment tu vas …

      Elle n’avait pas fini sa phrase. Cette situation était comique. Il était là, mais il ne pouvait pas la sauver. Sa présence fantomatique le forçait à n’être qu’un observateur dans son royaume. Même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu intervenir. Ils le savaient tous les deux.

      - Il viendra, soupira Michael.

      - Et si je ne veux pas le voir ?

      - Helena, tu sais ce qui va t’arriver si tu ne sors pas d’ici.

      Elle arqua un sourcil.

      - Tu l'as insulté il y a quelques heures, qu'est-ce qui a changé ?

      - S'il pouvait te sortir d'ici, je serais prêt à changer ma terminologie.

      Helena renifla. Décidément, ce n’était pas son jour.

      Le journal

      Cinq jours avant…

      Le dernier carton fermé, Helena s'étira pour soulager la douleur au bas de son dos. Elle essuya son front en sueur et inspecta sa chambre : un océan de cartons et de valises.

      Après une dernière vérification, elle ferma les yeux. Le rythme des battements de son cœur la confortait. De joyeux souvenirs se confondaient avec l'odeur familière des bougies parfumées à la rose posées sur le rebord de sa fenêtre. Du rez-de-chaussée, les voix étouffées de sa mère et de Richard naviguaient vers sa chambre. C'était ici qu'elle avait grandi et cette maison allait beaucoup lui manquer.

      Ses doigts la démangeaient d’impatience et un sourire se dessina sur ses lèvres. Assise sur le bord de son lit, elle glissa sa main sous l’oreiller pour sortir un journal intime. Elle posa la masse de deux pouces d'épaisseur sur ses genoux. Elle n'avait pas arrêté d'y penser depuis qu'elle l’avait trouvé dans le grenier poussiéreux la veille au soir. Dès qu'elle avait posé les yeux sur sa couverture en cuir gravé de feuilles de fougère, elle avait senti une envie pressante de lire les secrets qu'il contenait. mais la priorité était empaqueter se affaires. Si elle n’avait pas fini à temps, elle aurait été obligée d’écouter les plaintes de Laura jusqu’à en avoir mal aux oreilles.

      Elle ouvrit le journal, qui révéla la première page, vieille et jaunie. Une liste de noms écrits à la main par différentes personnes. Peut-être que le journal n’appartenait pas à un seul propriétaire. Un nom en particulier avait attiré son attention. Elle avait parcouru les étranges croquis et dessins de plantes, et reconnu quelques-unes du jardin de sa grand-mère lorsqu'elle était petite. Une langue archaïque, dans une encre ternie, couvrait les pages usées.

      Elle reconnut certaines des belles lettres incurvées et sa main se figea. Sa grand-mère était la dernière propriétaire de ce journal. Helena sourit au souvenir doux-amer du temps qu'elles avaient passé ensemble. La vieille femme avait souvent pour habitude de lui lire des histoires de sorcières qui combattaient les forces du mal - des histoires qu'elle n'oublierait jamais.

      Ses souvenirs heureux s’effacèrent pour être remplacés par les épisodes tragiques du passé. Sa mère lui avait tout simplement dit que sa grand-mère aimante s’était suicidée en mettant le feu à leur maison, suite à une crise de folie. Mais ces épisodes tirés de son enfance étaient une énigme qu'elle n'avait jamais réussi à résoudre.

      Elle entendit soudain Michael lui parler dans sa tête et elle sursauta.

      - Sasha a fini les préparatifs. Tu devrais te changer.

      - Je suis occupée, répondit-elle.

      - C'est ta dernière nuit, ici. Ce que tu fais en ce moment ne peut pas être plus important que de passer un peu de temps avec tes parents.

      Elle ferma le journal en le claquant.

      - Très bien !

      Elle se leva, jeta un regard fugace à la cachette et se planta devant son vestiaire. Les vêtements qu'elle avait préparés pour le dîner de ce soir étaient posés sur l'étagère du haut. Elle retira son survêtement tâché de sueur et mit un t-shirt ample et un jean.

      Dès qu’elle ouvrit la porte, elle sentit l’odeur exquise du dîner. Son estomac gargouilla alors qu’elle descendait les escaliers. Elle se retrouva face à plusieurs délicieux mets disposés sur la table ronde en chêne. Sa mère, comme d'habitude, avait mis le paquet. Mais Helena s'abstint de le souligner et se contenta de se réjouir de l'odeur délectable du poulet rôti.

      Les cheveux poivre et sel de son beau-père se dressèrent devant ses yeux, alors qu’il se démenait pour ouvrir une bouteille de vin.

      - Allez, tu ne vas pas rester là à rien faire !

      Le petit accent russe de sa mère ne manquait jamais à se manifester


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