La religieuse. Dénis Diderot
Читать онлайн книгу.savoir la vérité que par moi. Elle entra un jour dans ma cellule, et me dit:
«Sœur Suzanne, vous avez des défauts; mais vous n'avez pas celui de mentir; dites-moi donc la vérité: qu'avez-vous fait de tout le papier que je vous ai donné?
– Madame, je vous l'ai dit.
– Cela ne se peut, car vous m'en avez demandé beaucoup, et vous n'avez été qu'un moment au confessionnal.
– Il est vrai.
– Qu'en avez-vous donc fait?
– Ce que je vous ai dit.
– Eh bien! jurez-moi, par la sainte obéissance que vous avez vouée à Dieu, que cela est; et malgré les apparences, je vous croirai.
– Madame, il ne vous est pas permis d'exiger un serment pour une chose si légère; et il ne m'est pas permis de le faire. Je ne saurais jurer.
– Vous me trompez, sœur Suzanne, et vous ne savez pas à quoi vous vous exposez. Qu'avez-vous fait du papier que je vous ai donné?
– Je vous l'ai dit.
– Où est-il?
– Je ne l'ai plus.
– Qu'en avez-vous fait?
– Ce que l'on fait de ces sortes d'écrits, qui sont inutiles après qu'on s'en est servi.
– Jurez-moi, par la sainte obéissance, qu'il a été tout employé à écrire votre confession, et que vous ne l'avez plus.
– Madame, je vous le répète, cette seconde chose n'étant pas plus importante que la première, je ne saurais jurer.
– Jurez, me dit-elle, ou…
– Je ne jurerai point.
– Vous ne jurerez point?
– Non, madame.
– Vous êtes donc coupable?
– Et de quoi puis-je être coupable?
– De tout; il n'y a rien dont vous ne soyez capable. Vous avez affecté de louer celle qui m'avait précédée, pour me rabaisser; de mépriser les usages qu'elle avait proscrits, les lois qu'elle avait abolies et que j'ai cru devoir rétablir; de soulever toute la communauté; d'enfreindre les règles; de diviser les esprits; de manquer à tous vos devoirs; de me forcer à vous punir et à punir celles que vous avez séduites, la chose qui me coûte le plus. J'aurais pu sévir contre vous par les voies les plus dures; je vous ai ménagée: j'ai cru que vous reconnaîtriez vos torts, que vous reprendriez l'esprit de votre état, et que vous reviendriez à moi; vous ne l'avez pas fait. Il se passe quelque chose dans votre esprit qui n'est pas bien; vous avez des projets; l'intérêt de la maison exige que je les connaisse, et je les connaîtrai; c'est moi qui vous en réponds. Sœur Suzanne, dites-moi la vérité.
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