Jacques le fataliste et son maître. Dénis Diderot
Читать онлайн книгу.borner à garder le silence sur cette fraude, quoique, nous le répétons, elle ne puisse tromper et n'ait trompé en réalité personne. Nous devons remercier ici M. Bégis qui, en nous communiquant gracieusement cette curiosité bibliographique fort rare en librairie, et qui manque aux bibliothèques publiques où nous l'avons cherchée, nous a mis à même de nous faire une opinion raisonnée sur la fausseté de l'attribution.
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L'accusation de plagiat n'a pas été ménagée à Sterne, en Angleterre. On a noté tous les passages qu'il avait empruntés, bien plus pour s'en moquer que pour se les approprier, il est vrai, mais qu'il a eu le tort, par excès d'humour, de ne pas désigner assez clairement comme des citations.
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«Le roi Guillaume, sauf votre respect, dit Trim, était d'avis que notre destinée ici-bas était arrêtée d'avance; tellement qu'il disait souvent à ses soldats que «chaque balle avait son billet.» (Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy, liv. VIII, chap. cclxiii. —Traduction Léon de Wailly.)
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«Et puis, dit le caporal, reprenant la parole, – mais d'un ton plus gai, – sans ce coup de feu je n'aurais jamais été amoureux, sauf votre respect. – Tu as donc été amoureux, Trim? dit mon oncle Toby en souriant.» (Sterne, Tristram Shandy, liv. VIII, chap. cclxiii.)
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«… Si bien que ce n'est que le lendemain, à midi, continua le caporal, que je fus échangé et mis dans une charrette avec treize ou quatorze autres, pour être transporté à notre hôpital. – Il n'y a pas de partie dans tout le corps, sauf votre respect, où une blessure cause une torture plus intolérable qu'au genou.
« – Excepté à l'aine, dit mon oncle Toby. – Sauf votre respect, repartit le caporal, le genou, à mon avis, doit certainement être plus douloureux à cause de tous les tendons et de tous les je ne sais quoi qui s'y trouvent.» (Sterne. Tristram Shandy, liv. VIII, chap. cclxiii.)
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«Je racontais mes souffrances à une jeune femme, dans une maison de paysan où notre charrette, qui était la dernière de la file, avait fait halte; on m'y avait fait entrer, et la jeune femme avait tiré de sa poche un cordial et en avait versé sur du sucre, et, voyant qu'il m'avait ranimé, elle m'en avait donné une seconde et une troisième fois. – Je lui racontais donc, sauf votre respect, le supplice où j'étais, et je lui disais qu'il était si intolérable, que j'aimerais mieux m'étendre sur ce lit, – en en désignant un qui était dans le coin de la chambre, et mourir, – que d'aller p
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Cette traduction fut retraduite en français sous ce titre:
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Rosenkranz,
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Nous pourrions renvoyer, pour ces accusations, à
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On avait émis des doutes sur l'authenticité de l'attribution, et avec quelques motifs, puisqu'au même moment des libraires peu scrupuleux mettaient le nom de Diderot à un roman dans lequel on ne retrouve ni son style, ni ses idées, ni même quelque idée que ce soit. Ce roman, intitulé d'abord:
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L'accusation de plagiat n'a pas été ménagée à Sterne, en Angleterre. On a noté tous les passages qu'il avait empruntés, bien plus pour s'en moquer que pour se les approprier, il est vrai, mais qu'il a eu le tort, par excès d'
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«Le roi Guillaume, sauf votre respect, dit Trim, était d'avis que notre destinée ici-bas était arrêtée d'avance; tellement qu'il disait souvent à ses soldats que «chaque balle avait son billet.» (Sterne,
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«Et puis, dit le caporal, reprenant la parole, – mais d'un ton plus gai, – sans ce coup de feu je n'aurais jamais été amoureux, sauf votre respect. – Tu as donc été amoureux, Trim? dit mon oncle Toby en souriant.» (Sterne,
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«… Si bien que ce n'est que le lendemain, à midi, continua le caporal, que je fus échangé et mis dans une charrette avec treize ou quatorze autres, pour être transporté à notre hôpital. – Il n'y a pas de partie dans tout le corps, sauf votre respect, où une blessure cause une torture plus intolérable qu'au genou.
« – Excepté à l'aine, dit mon oncle Toby. – Sauf votre respect, repartit le caporal, le genou, à mon avis, doit certainement être plus douloureux à cause de tous les tendons et de tous les je ne sais quoi qui s'y trouvent.» (Sterne.
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«Je racontais mes souffrances à une jeune femme, dans une maison de paysan où notre charrette, qui était la dernière de la file, avait fait halte; on m'y avait fait entrer, et la jeune femme avait tiré de sa poche un cordial et en avait versé sur du sucre, et, voyant qu'il m'avait ranimé, elle m'en avait donné une seconde et une troisième fois. – Je lui racontais donc, sauf votre respect, le supplice où j'étais, et je lui disais qu'il était si intolérable, que j'aimerais mieux m'étendre sur ce lit, – en en désignant un qui était dans le coin de la chambre, et mourir, – que d'aller plus loin. Elle essaya de m'y conduire, mais je m'évanouis dans ses bras.» (Sterne,
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«Lors donc que je revins à moi, je me trouvai dans une cabane silencieuse et tranquille, où il n'y avait que la jeune femme, le paysan et sa femme. J'étais couché en travers du lit, dans le coin de la chambre, ma jambe blessée sur une chaise, et la jeune femme à côté de moi, d'une main me tenant sous le nez le coin d'un mouchoir trempé dans du vinaigre, et de l'autre me frottant les tempes.» (Sterne,
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On lit dans toutes les éditions:
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Dufouart (Pierre),