Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II. Чарльз Диккенс

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Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II - Чарльз Диккенс


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prêté serment, salua le juge avec une grande déférence.

      – Ne vous tournez pas vers moi, monsieur, lui dit aigrement le juge, en réponse à son salut. Regardez le jury.»

      M. Winkle obéit, avec empressement, à cet ordre, et se tourna vers la place où il supposait que le jury devait être, car dans l'état de confusion où il se trouvait, il était tout à fait incapable de voir quelque chose.

      M. Skimpin s'occupa alors de l'examiner. C'était un jeune homme de 42 ou 43 ans, qui promettait beaucoup, et qui était nécessairement fort désireux de confondre, autant qu'il le pourrait, un témoin notoirement prédisposé en faveur de l'autre partie.

      «Maintenant, monsieur, aurez-vous la bonté de faire connaître votre nom à Sa Seigneurie et au jury? dit M. Skimpin, en inclinant de côté pour écouter la réponse, et pour jeter en même temps aux jurés un coup d'œil qui semblait indiquer que le goût naturel de M. Winkle pour le parjure pourrait bien l'induire à déclarer un autre nom que le sien.

      – Winkle, répondit le témoin.

      – Quel est votre nom de baptême, monsieur? demanda le petit juge d'un ton courroucé.

      – Nathaniel, monsieur.

      – Daniel? Vous n'avez pas d'autre prénom?

      – Nathaniel, monsieur… milord, je veux dire.

      – Nathaniel, Daniel? ou Daniel Nathaniel?

      – Non, milord; seulement Nathaniel; point Daniel.

      – Alors, monsieur, pourquoi donc m'avez-vous dit Daniel?

      – Je ne l'ai pas dit, milord.

      – Vous l'avez dit, monsieur, rétorqua le juge, avec un austère froncement de sourcils. Pourquoi aurais-je écrit: Daniel, dans mes notes, si vous ne me l'aviez pas dit, monsieur?»

      Cet argument était évidemment sans réplique.

      «M. Winkle a la mémoire assez courte, milord, interrompit M. Skimpin, en jetant un autre coup d'œil au jury; mais j'espère que nous trouverons moyen de la lui rafraîchir.

      – Je vous conseille de faire attention, monsieur,» dit le petit juge au témoin, en le regardant d'un air sinistre.

      Le pauvre M. Winkle salua, et s'efforça de feindre une tranquillité dont il était bien loin; ce qui, dans son état de perplexité, lui donnait précisément l'air d'un filou pris sur le fait.

      «Maintenant, monsieur Winkle, reprit M. Skimpin, écoutez moi avec attention, s'il vous plaît, et laissez-moi vous recommander, dans votre propre intérêt, de ne point oublier les injonctions de milord. N'êtes-vous pas ami intime de M. Pickwick, le défendeur?

      – Autant que je puisse me le rappeler, en ce moment, je connais M. Pickwick depuis près de…

      – Monsieur, n'éludez pas la question. Êtes-vous oui ou non ami intime du défendeur?

      – J'allais justement vous dire que…

      – Voulez-vous, oui ou non, répondre à ma question, monsieur?

      – Si vous ne répondez pas à la question, je vous ferai incarcérer, monsieur, s'écria le petit juge en regardant par-dessus ses notes.

      – Allons! monsieur, oui ou non, s'il vous plaît, répéta M. Skimpin.

      – Oui, je le suis, dit enfin M. Winkle.

      – Ah! vous l'êtes! Et pourquoi n'avez-vous pas voulu le dire du premier coup, monsieur? Vous connaissez peut-être aussi la plaignante? n'est-ce pas, monsieur Winkle?

      – Je ne la connais pas, mais je l'ai vue.

      – Oh! vous ne la connaissez pas, mais vous l'avez vue! Maintenant ayez la bonté de dire à MM. les jurés, ce que vous entendez par cette distinction, monsieur Winkle?

      – J'entends que je ne suis pas intime avec elle, mais que je l'ai vue quand j'allais chez monsieur Pickwick, dans Goswell-Street.

      – Combien de fois l'avez-vous vue, monsieur?

      – Combien de fois?

      – Oui, monsieur, combien de fois? Je vous répéterai cette question tant que vous le désirerez, monsieur.» Et le savant gentleman, après avoir froncé sévèrement les sourcils, plaça ses mains sur ses hanches, et sourit aux jurés, d'un air soupçonneux.

      Sur cette question, s'éleva l'édifiante controverse, ordinaire en pareil cas. D'abord M. Winkle déclara qu'il lui était absolument impossible de préciser combien de fois il avait vu Mme Bardell. Alors on lui demanda s'il l'avait vue vingt fois? à quoi il répondit: «Certainement plus que cela.» – S'il l'avait vue cent fois? – S'il pouvait jurer de l'avoir vue plus de cinquante fois? – S'il n'était pas certain de l'avoir vue, au moins soixante et quinze fois, et ainsi de suite. À la fin on arriva à cette conclusion satisfaisante qu'il ferait bien de prendre garde à lui et à ses réponses. Le témoin ayant été réduit de la sorte à l'état désiré de susceptibilité nerveuse, l'interrogatoire fut continué ainsi qu'il suit:

      «Monsieur Winkle, vous rappelez-vous avoir été chez le défendeur Pickwick dans l'appartement de la plaignante, rue Goswell, une certaine matinée de juillet?

      – Oui, je me le rappelle.

      – Étiez-vous accompagné dans cette occasion par un ami du nom de Tupman, et par un autre du nom de Snodgrass.

      – Oui, monsieur.

      – Sont-ils ici?

      – Oui, ils y sont, répondit M. Winkle en regardant avec inquiétude l'endroit où étaient placés ses amis.

      – Je vous en prie, monsieur Winkle, occupez-vous de moi et ne pensez pas à vos amis, reprit M. Skimpin, en jetant au jury un autre coup d'œil expressif. Il faudra qu'ils racontent leur histoire sans avoir de consultation préalable avec vous, s'ils n'en ont pas eu déjà (autre regard au jury). Maintenant, monsieur, dites à MM. les jurés ce que vous vîtes en entrant dans la chambre du défendeur, le jour en question. Allons! monsieur, accouchez donc; il faut que nous le sachions tôt ou tard.

      – Le défendeur, M. Pickwick, tenait la plaignante dans ses bras, ayant ses mains autour de sa taille, répliqua M. Winkle, avec une hésitation bien naturelle; et la plaignante paraissait être évanouie.

      – Avez-vous entendu le défendeur dire quelque chose?

      – Je l'ai entendu appeler Mme Bardell une bonne âme, et l'engager à se calmer, en lui représentant dans quelle situation on les trouverait s'il survenait quelqu'un, ou quelque chose comme cela.

      – Maintenant, monsieur Winkle, je n'ai plus qu'une question à vous faire, et je vous prie de vous rappeler l'avertissement de milord. Voulez-vous affirmer, sous serment, que Pickwick, le défendeur, n'a pas dit dans l'occasion en question: «Ma chère madame Bardell, vous êtes une bonne âme; habituez-vous à cette situation: un jour vous y viendrez, même devant quelqu'un;» ou quelque chose comme cela.

      – Je… je ne l'ai certainement pas compris ainsi, dit M. Winkle étonné de l'ingénieuse explication donnée au petit nombre de paroles qu'il avait entendues. J'étais sur l'escalier, et je n'ai pas pu entendre distinctement. L'impression qui m'est restée est que…

      – Ah! interrompit M. Skimpin, les gentlemen du jury n'ont pas besoin de vos impressions qui, je le crains, ne satisferaient guère des personnes honnêtes et franches: vous étiez sur l'escalier et vous n'avez pas entendu distinctement; mais vous ne voulez pas jurer que M. Pickwick ne se soit pas servi des expressions que je viens de citer. Vous ai-je bien compris?

      – Non, je ne le peux pas jurer,» répliqua M. Winkle; et M. Skimpin s'assit d'un air triomphant.

      Jusque-là, la cause de M. Pickwick n'avait pas marché d'une manière tellement heureuse qu'elle fût en état de supporter le poids de nouveaux soupçons, mais comme on pouvait désirer de la placer sous un meilleur jour, s'il était possible, M. Phunky se leva, afin de tirer quelque chose d'important de M. Winkle dans un contre-examen. On va voir tout


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