Henri VI. 3. Уильям Шекспир
Читать онлайн книгу.Plantagenet, déjà brillants séparément par notre mérite, nous unissions nos splendeurs pour luire sur la terre, comme ce soleil sur le monde. Quel que soit ce présage, je veux désormais porter sur mon bouclier trois soleils radieux.
RICHARD. – Portez-y plutôt trois filles, car, avec votre permission, vous aimez mieux les femelles que les mâles. (Entre un messager.) Qui es-tu, toi, dont les sombres regards annoncent quelques tristes récits suspendus au bout de ta langue?
LE MESSAGER. – Ah! je viens d'être le triste témoin du meurtre du noble duc d'York, votre auguste père, et mon excellent maître.
ÉDOUARD. – Oh! n'en dis pas davantage: j'en ai trop entendu.
RICHARD. – Raconte-moi comment il est mort: je veux tout entendre.
LE MESSAGER. – Environné d'un grand nombre d'ennemis, il leur faisait face à tous; semblable au héros, espoir de Troie, s'opposant aux Grecs qui voulaient entrer dans la ville. Mais Hercule même doit succomber sous le nombre; et plusieurs coups redoublés de la plus petite cognée tranchent et abattent le chêne le plus dur et le plus vigoureux. Saisi par une foule de mains, votre père a été dompté; mais il n'a été percé que par le bras furieux de l'impitoyable Clifford, et par la reine. Elle lui a mis par grande dérision une couronne sur la tête: elle l'a insulté de ses rires; et lorsque de douleur il s'est mis à pleurer, cette reine barbare lui a offert, pour essuyer son visage, un mouchoir trempé dans le sang innocent de l'aimable et jeune Rutland, égorgé par l'affreux Clifford. Enfin, après une multitude d'outrages et d'affronts odieux, ils lui ont tranché la tête, et l'ont placée sur les portes d'York, où elle offre le plus affligeant spectacle que j'aie jamais vu.
ÉDOUARD. – Cher duc d'York, appui sur qui nous nous reposions, à présent que tu nous es enlevé, nous n'avons plus de soutien ni d'appui. – O Clifford! insolent Clifford, tu as détruit la fleur des chevaliers de l'Europe! et ce n'est que par trahison que tu l'as abattu: seul contre toi seul, il t'aurait vaincu. – Ah! maintenant la demeure de mon âme lui est devenue une prison; oh! qu'elle voudrait s'en affranchir avant que ce corps pût, enfermé sous la terre, y trouver le repos! jamais, à compter de ce moment, je ne puis plus goûter aucune joie; jamais, jamais je ne connaîtrai plus la joie.
RICHARD. – Je ne puis pleurer. Tout ce que mon corps contient d'humidité peut à peine suffire à calmer le brasier qui brûle mon coeur, et ma langue ne le peut délivrer du poids qui le surcharge, car le souffle qui pousserait mes paroles au dehors est employé à exciter les charbons qui embrasent mon sein et le dévorent de flammes qu'éteindraient les larmes. Pleurer, c'est diminuer la profondeur de la douleur: aux enfants donc les pleurs; et à moi le fer et la vengeance! – Richard, je porte ton nom, je vengerai ta mort, ou je mourrai environné de gloire pour l'avoir tenté.
ÉDOUARD. – Ce vaillant duc t'a laissé son nom: il me laisse à moi sa place et son duché.
RICHARD. – Allons, si tu es vraiment l'enfant de cet aigle royal, prouve ta race en regardant fixement le soleil. Au lieu de sa place et de son duché, dis le trône et le royaume: ils sont à toi, ou tu n'es pas son fils.
WARWICK. – Eh bien, mes beaux seigneurs, où en êtes-vous? Quelles nouvelles avez-vous reçues?
RICHARD. – Illustre Warwick, s'il fallait vous redire nos funestes nouvelles, et recevoir à chaque mot un coup de poignard dans notre coeur, jusqu'à la fin du récit, nous souffririons moins de ces blessures que de ces cruelles paroles. O valeureux lord, le duc d'York est tué!
ÉDOUARD. – O Warwick! Warwick! ce Plantagenet qui t'aimait aussi chèrement que le salut de son âme a été mis à mort par le cruel lord Clifford!
WARWICK. – Il y a déjà dix jours que j'ai noyé de mes larmes cette douloureuse nouvelle; et aujourd'hui, pour mettre le comble à vos malheurs, je viens vous instruire des événements qui l'ont suivie. Après le sanglant combat livré à Wakefield, où votre brave père a rendu son dernier soupir, des nouvelles apportées avec toute la promptitude des plus rapides courriers m'instruisirent de votre perte et de sa mort. J'étais alors à Londres, tenant le roi sous ma garde: j'ai mis mes soldats sur pied, j'ai rassemblé une foule d'amis; et me trouvant en forces, à ce que j'imaginais, j'ai marché vers Saint-Albans pour intercepter la reine, me couvrant toujours de la présence du roi que je conduisais avec moi: car des espions m'avaient averti que la reine venait avec la résolution d'anéantir le dernier décret que nous avons fait arrêter en parlement, relativement au serment du roi Henri et à votre succession. – Pour abréger; nous nous sommes rencontrés à Saint-Albans: nos deux armées se sont jointes, et l'on a opiniâtrement combattu des deux côtés… Mais soit que la froideur du roi, qui regardait sans nulle colère sa belliqueuse épouse, ait éteint la vindicative fureur de mes soldats; soit que ce fût en effet la nouvelle du succès récent de la reine, ou l'extraordinaire effroi que leur causait la cruauté de Clifford, qui foudroie ses prisonniers des mots de sang et de mort; c'est ce que je ne peux juger: mais la vérité, en un mot, c'est que les armes de nos ennemis allaient et venaient comme l'éclair, et que celles de nos soldats, semblables au vol indolent de l'oiseau de nuit, ou au fléau d'un batteur paresseux, tombaient avec mollesse, comme si elles eussent frappé des amis. J'ai essayé de les ranimer par la justice de notre cause, par la promesse d'une haute paye et de grandes récompenses, mais en vain. Ils n'avaient pas le coeur au combat, et ne nous offraient aucune espérance de gagner la victoire; nous avons fui, le roi auprès de la reine, et nous, le lord George, votre frère, Norfolk et moi, nous sommes accourus en toute hâte et ventre à terre, pour vous rejoindre, car on nous avait appris que vous étiez ici sur les frontières, occupés à rassembler une autre armée pour livrer un nouveau combat.
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