Coriolan. Уильям Шекспир

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Coriolan - Уильям Шекспир


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minute vous voit changer de résolution, appeler grand l'homme qui naguère était l'objet de votre haine, et donner le nom d'infâme à celui que vous nommiez votre couronne! – Quelle est donc la cause qui vous fait élever, des différents quartiers de la ville, ces clameurs séditieuses contre l'auguste sénat? Lui seul, sous les auspices des dieux, vous tient en respect: sans lui, vous vous dévoreriez les uns les autres. – Que cherchent-ils?

      MÉNÉNIUS, – Du blé taxé à leur prix, et ils disent que les magasins de Rome sont pleins!

      MARCIUS. – Qu'ils aillent se faire pendre! Ils disent! Quoi! ils se tiendront assis au coin de leur feu, et prétendront savoir ce qui se fait au Capitole! juger quel est celui qui peut s'élever, celui qui prospère et celui qui décline, soutenir les factions, arranger des mariages imaginaires, dire que tel parti est fort, et mettre sous leurs souliers de savetier ceux qui ne sont pas à leur gré! Ils disent que le blé ne manque pas!.. Si la noblesse mettait un terme à sa pitié, et si elle laissait agir mon épée, je ferais une carrière pour enterrer des milliers de ces esclaves, et leurs cadavres s'entasseraient jusqu'à la hauteur de ma lance.

      MÉNÉNIUS. – Mais les voilà, je crois, à peu près persuadés; car bien qu'ils manquent abondamment de discrétion, ils se retirent lâchement. – Que dit, je vous prie, l'autre troupe?

      MARCIUS. – Elle est dispersée. Qu'ils aillent se faire pendre! ils disaient que la faim les pressait, et nous étourdissaient de proverbes: La faim brise les pierres; il faut nourrir son chien; la viande est faite pour être mangée; les dieux ne font pas croître le blé seulement pour les riches. Tels étaient les lambeaux de phrases par lesquels ils exhalaient leurs plaintes. On a daigné leur répondre. On leur a accordé leur demande, une demande étrange qui suffirait à briser le coeur de la générosité, et à faire pâlir un pouvoir hardi! ils ont jeté leurs bonnets en l'air comme s'ils eussent voulu les accrocher aux cornes de la lune, et ils ont poussé des cris de jalouse allégresse.

      MÉNÉNIUS. – Que leur a-t-on accordé?

      MARCIUS. – D'avoir cinq tribuns de leur choix pour soutenir leur vulgaire sagesse. Ils ont nommé Junius Brutus; Sicinius Vélutus en est un autre: le reste… m'est inconnu. – Par la mort! la canaille aurait démoli tous les toits de Rome, plutôt que d'obtenir de moi cette victoire. Avec le temps, elle gagnera encore sur le pouvoir, et trouvera de nouveaux prétextes de révolte.

      MÉNÉNIUS. – Étrange événement!

      MARCIUS, au peuple. – Allez vous cacher dans vos maisons, vils restes de la sédition.

      LE MESSAGER. – Où est Caïus Marcius?

      MARCIUS. – Me voici. Que viens-tu m'annoncer?

      LE MESSAGER. – Les Volsques ont pris les armes, seigneur.

      MARCIUS. – J'en suis content; nous allons nous purger de notre superflu moisi. – Voyez, voilà les plus respectables de nos sénateurs!

(On voit entrer Cominius, Titus Lartius, d'autres sénateurs, Junius Brutus et Sicinius Vélutus.)

      PREMIER SÉNATEUR. – Ce que vous nous avez annoncé dernièrement était la vérité, Marcius: les Volsques ont pris les armes.

      MARCIUS. – Ils ont un général, Tullus Aufidius, qui vous embarrassera. J'avoue ma faiblesse, je suis jaloux de sa gloire; et si je n'étais pas ce que je suis, je ne voudrais être que Tullus.

      COMINIUS. – Vous avez combattu ensemble.

      MARCIUS. – Si la moitié de l'univers était en guerre avec l'autre, et qu'il fût de mon parti, je me révolterais pour n'avoir à combattre que lui: c'est un lion que je suis fier de pouvoir chasser.

      PREMIER SÉNATEUR. – Brave Marcius, suivez donc Cominius à cette guerre.

      COMINIUS. – C'est votre promesse.

      MARCIUS. – Je m'en souviens, et je suis constant. Oui, Titus Lartius, vous me verrez encore frapper à la face de Tullus. – Quoi! l'âge vous a-t-il glacé? Resterez-vous ici?

      TITUS. – Non, Marcius: appuyé sur une béquille, je combattrais avec l'autre, plutôt que de rester spectateur oisif de cette guerre.

      MÉNÉNIUS. – O vrai fils de ta race!

      PREMIER SÉNATEUR. – Accompagnez-nous au Capitole, où je sais que nos meilleurs amis nous attendent.

      TITUS. – Marchez à notre tête: suivez, Cominius, et nous marcherons après vous. Vous méritez le premier rang.

      COMINIUS. – Noble Marcius!

      PREMIER SÉNATEUR, au peuple. – Allez-vous-en! retournez chez vous. Retirez-vous.

      MARCIUS. – Non, laissez-les nous suivre: les Volsques ont du blé en abondance. Conduisons ces rats pour ronger leurs greniers. – Respectables mutins, votre bravoure se montre à propos: je vous en prie, suivez-nous.

(Les sénateurs sortent; le peuple se disperse et disparaît.)

      SICINIUS. – Fut-il jamais homme aussi orgueilleux que ce Marcius?

      BRUTUS. – Il n'a point d'égal.

      SICINIUS. – Quand le peuple nous a choisis pour ses tribuns…

      BRUTUS, – Avez-vous remarqué ses lèvres et ses yeux?

      SICINIUS. – Non, mais ses railleries.

      BRUTUS. – Dans sa colère, il insulterait les dieux mêmes.

      SICINIUS. – Il raillerait la lune modeste.

      BRUTUS. – Que cette guerre le dévore! Il est si orgueilleux qu'il ne mériterait pas d'être si vaillant.

      SICINIUS. – Un homme de ce caractère, enflé par les succès, nous dédaigne comme l'ombre sur laquelle il marche en plein midi. Mais je mitonne que son arrogance puisse se plier à servir sous les ordres de Cominius.

      BRUTUS, – La gloire est tout ce qu'il ambitionne, et il en est déjà couvert. Or, pour la conserver ou l'accroître encore, le poste le plus sûr est le second rang. Les événements malheureux seront attribués au général; lors même qu'il ferait tout ce qui est au pouvoir d'un mortel, la censure irréfléchie s'écrierait, en parlant de Marcius: «Oh! s'il avait conduit cette entreprise!»

      SICINIUS. – Et si nos armes prospèrent, la prévention publique, qui est entêtée de Marcius, en ravira tout le mérite à Cominius.

      BRUTUS. – Allez; la moitié des honneurs de Cominius seront pour Marcius, quand bien même Marcius ne les aurait pas gagnés; et toutes ses fautes deviendront des honneurs pour Marcius, quand bien même il ne les mériterait nullement.

      SICINIUS. – Partons, allons savoir comment la commission sera rédigée et de quelle façon Marcius partira pour cette expédition, plus grand que s'il était seul à commander.

      BRUTUS. – Allons.

(Ils sortent.)

      SCÈNE II

La ville de Corioles. Le sénatTULLUS AUFIDIUS et le sénat de Corioles assemblé

      PREMIER SÉNATEUR. – Vous pensez donc, Aufidius, que les Romains ont pénétré nos conseils, et qu'ils sont instruits de nos plans?

      AUFIDIUS. – Ne le pensez-vous pas comme moi? A-t-on jamais projeté dans cet État un acte qui ait pu s'accomplir avant que Rome en eût avis? J'ai eu des nouvelles de Rome il n'y a pas quatre jours; voici ce qu'on disait: Je crois l'avoir ici, cette lettre. Oui, la voilà, (Il lit) «Ils ont une armée toute prête: mais on ignore «si elle sera dirigée vers l'Orient, ou vers l'Occident; la disette est grande, le peuple mutin. On dit que Cominius, Marcius, votre ancien ennemi, mais plus haï dans Rome qu'il ne l'est de vous, et Titus Lartius, un des plus vaillants Romains, sont tous trois chargés de conduire cette armée à sa destination, quelle qu'elle soit; il est vraisemblable que c'est contre vous. Tenez-vous sur vos gardes.»

      PREMIER SÉNATEUR. – Notre armée est en campagne. Nous n'avons jamais douté que Rome ne fût prête à nous répondre.

      AUFIDIUS. – Mais vous avez jugé prudent de tenir secrets vos


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