Venus et Adonis. Уильям Шекспир

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Venus et Adonis - Уильям Шекспир


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beauté comme le printemps se renouvelle chaque année, ma chair est douce et fraîche, mon sang ardent; si tu pressais dans la tienne ma main douce et moite, tu la sentirais disparaître dans cette étreinte comme si elle était prête à se fondre.

      XXV. – «Dis-moi de parler, j'enchanterai ton oreille; ordonne, et comme une fée je bondirai sur le gazon, ou telle qu'une nymphe à la longue chevelure éparse, je danserai sur le sable sans y laisser la trace de mes pas. L'amour est un esprit de feu, il n'a rien de grossier qui l'abaisse vers la terre, mais il est léger et aspire à s'élever.

      XXVI. – «Témoin cette couche de primevères sur laquelle je repose, témoin ces faibles fleurs qui me soutiennent comme des arbres robustes: deux frêles colombes me traînent à travers les airs depuis le matin jusqu'au soir, partout où il me plaît d'aller. L'amour est si léger, aimable enfant, se peut-il que tu le croies trop lourd pour toi!

      XXVII. – «Ton coeur est-il épris de ton propre visage? Ta main droite peut-elle trouver l'amour dans ta main gauche? alors, aime-toi toi-même, sois rejeté par toi-même, prive-toi de la liberté et plains-toi du larcin; c'est ainsi que Narcisse s'abandonna lui-même et périt pour embrasser son ombre dans le ruisseau.

      XXVIII. – «Les torches sont faites pour éclairer, les bijoux pour servir de parure, les mets délicats pour être goûtés, la fraîcheur de la beauté pour enchanter, les herbes des champs pour parfumer l'air, les arbres pour porter des fruits; tout ce qui ne pousse que pour soi abuse de ses facultés; les semences naissent des semences, la beauté enfante la beauté, tu fus engendré, ton devoir est d'engendrer à ton tour.

      XXIX. – «Pourquoi te nourrirais-tu des dons de la terre, si ce n'est pour nourrir la terre de tes dons? par la loi de la nature, tu dois te multiplier dans des enfants qui vivront quand tu ne seras plus. C'est ainsi qu'en dépit de la mort tu survivras dans ceux qui porteront ta ressemblance.»

      XXX. – Cependant la reine amoureuse commençait à être en nage, car l'ombre avait abandonné le lieu où ils reposaient; et Titan, fatigué au milieu de sa course, les regardait d'un oeil brûlant, souhaitant qu'Adonis dirigeât son char pourvu qu'il pût lui ressembler et se trouver près de Vénus.

      XXXI. – Soudain d'un air insouciant et avec un regard sombre, boudeur et dédaigneux, voilant de ses sourcils froncés l'éclat de ses yeux, comme les vapeurs d'un brouillard obscurcissent le ciel, Adonis s'écrie d'un ton aigre: «Fi! plus d'amour! le soleil me brûle le visage, il faut que je m'en aille.»

      XXXII. – «Hélas! dit Vénus: si jeune et si cruel! quelle pauvre excuse tu me donnes pour t'échapper! mon souffle céleste sera pour toi un zéphyr qui dissipera la chaleur du soleil qui darde sur nous. Je te ferai un abri de mes cheveux, et, s'ils brûlent aussi, je les éteindrai avec mes larmes.

      XXXIII. – «Le soleil qui brille dans le ciel n'est que brûlant, et moi, je suis entre le soleil et toi! la chaleur qu'il donne ne m'incommode guère; ce sont tes yeux dont le feu me consume: si je n'étais immortelle, ma vie se terminerait entre le soleil céleste et le soleil terrestre.

      XXXIV. – «Es-tu donc si rebelle, es-tu de pierre ou dur comme l'acier? Ah! tu es plus dur que la pierre, car la pierre s'amollit sous la pluie. Es-tu fils d'une femme, et peux-tu ne pas sentir ce qu'est l'amour? combien l'absence d'amour fait souffrir? Ah! si ta mère avait eu un coeur si cruel, elle ne t'aurait pas enfanté, elle serait morte dans sa solitude.

      XXXV. – «Qui suis-je pour être ainsi méprisée par toi, ou quel grand danger y a-t-il dans mon amour? quel mal ferait à tes lèvres un pauvre baiser? Parle, mon bien-aimé; mais ne dis rien que de tendre ou garde le silence. Donne-moi un baiser, je te le rendrai, et puis un autre pour les intérêts, si tu en veux deux.

      XXXVI. – «Fi donc, portrait sans vie, marbre froid et insensible, idole bien enluminée, image sourde et inanimée, statue qui ne satisfait que les yeux, être semblable à l'homme, mais qui ne naquis point d'une femme: tu n'es pas un homme, quoique tu aies le teint d'un homme, car les hommes donnent des baisers par leur propre instinct.»

      XXXVII. – Elle dit, l'impatience arrête sa langue suppliante, et la colère qui l'étouffe la contraint au silence; ses joues enflammées, ses yeux ardents disent assez ses outrages; étant juge et amante, elle ne peut se faire rendre justice. Tantôt elle pleure, tantôt elle veut parler, ses sanglots s'y opposent.

      XXXVIII. – Parfois elle secoue la tête, puis elle lui prend la main; elle le regarde, et puis elle fixe ses yeux sur la terre. Quelquefois ses bras l'entourent comme une ceinture; elle voudrait l'enchaîner dans ses bras, mais il ne veut pas, et quand il s'efforce d'échapper à son étreinte, elle enlace ses doigts de lis.

      XXXIX. – «Mon amour, dit-elle, puisque je t'ai enfermé dans ce cercle d'ivoire, je serai le parc, et tu seras mon daim; nourris-toi où tu voudras, sur les coteaux ou dans la vallée; rassasie-toi sur mes lèvres, et, si les montagnes sont desséchées, erre plus bas, tu y trouveras de douces fontaines.

      XL. – «Dans ces limites tu as de quoi te satisfaire; une pelouse et une belle plaine délicieuse; des coteaux arrondis et des taillis épais et sombres pour te mettre à l'abri de la tempête et de la pluie. Sois donc mon daim puisque je suis un parc si charmant; aucun limier ne t'y poursuivra, quand même tu en entendrais aboyer mille.»

      XLI. – A ces mots, Adonis sourit de dédain; sur chacune de ses joues se forme une jolie fossette; c'est l'amour qui les a creusées, et s'il périssait il pourrait être enseveli dans une tombe si simple, sachant bien qu'une fois qu'il y serait déposé il y vivrait et ne pourrait pas mourir.

      XLII. – Ces aimables grottes, ces fossettes enchantées ouvrent leur bouche pour engloutir le caprice de Vénus. Elle était déjà folle, que va devenir sa raison? déjà frappée à mort, qu'a-t-elle besoin d'une autre blessure? Pauvre reine de l'amour, abandonnée dans ton propre empire, peux-tu bien aimer des joues que le mépris seul fait sourire?

      XLIII. – Maintenant que fera-t-elle, que dira-t-elle? elle a tout dit et n'a fait qu'augmenter ses maux. Le temps a fui, son amant va s'éloigner; il cherche à s'échapper de ses bras enlacés. «Par pitié, s'écrie-t-elle, une grâce… un remords…» Il s'élance et se précipite vers son coursier.

      XLIV. – Mais voici! D'un taillis voisin, une jeune cavale, robuste, belle et fière, aperçoit le coursier impatient d'Adonis; elle accourt, s'ébroue et hennit. Le coursier vigoureux, attaché à un arbre, brise ses rênes, et va droit à elle.

      XLV. – Il s'élance, il hennit, le voilà qui bondit avec orgueil, de son dur sabot rompt la courroie de la sangle. Triomphant de ce qui le régissait, il frappe la terre dont les cavités résonnent comme le tonnerre du ciel. Il broie entre ses dents le fer de son mors tressé.

      XLVI. – Ses oreilles se dressent, les flots de sa crinière se hérissent sur son cou recourbé, replié; ses naseaux aspirent l'air, et, comme une fournaise, rejettent d'épaisses vapeurs; son oeil superbe, qui étincelle comme le feu, montre son ardent courage et le transport qui l'agite.

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