Peines, tortures et supplices. Unknown
Читать онлайн книгу.tampon de bois destiné à cet usage et baissera le couvercle. Sans cette précaution, la ventilation, qui se fait par l'intérieur, ne pouvant s'opérer, l'air ne se renouvellerait pas, ce qui serait nuisible à la santé.
Tous les matins, à l'heure qui sera indiquée par le surveillant de la galerie, le détenu roulera son hamac et son matelas, les attachera ensemble, avec la courroie destinée à cet usage, et placera le tout propre et bien empaqueté sur la tablette.
Les couvertures et les draps seront pliés avec régularité et placés sur la tablette qui se trouve au-dessus de la porte.
L'heure de dresser le lit, le soir, sera également indiquée par le surveillant, les lits ne devant jamais être tendus pendant le jour.
Lorsque le détenu aura besoin de parler au surveillant, il tirera la poignée de bois placée à côté de sa porte, ce qui fera résonner un timbre d'appel destiné à prévenir le surveillant. Il ne doit pas appeler de la voix et surtout ne pas déranger sans un motif urgent les préposés à la surveillance.
Lorsqu'il sera appelé, soit au parloir, soit au promenoir, soit au greffe, le prévenu devra s'y rendre avec célérité et en observant le plus grand silence.
Aux heures de distribution des vivres, il tiendra sa gamelle sur la planchette située devant le vasistas de sa porte, de manière que le surveillant puisse la prendre facilement et que le service soit promptement fait.
Le prévenu est responsable des dégradations qu'il ferait, soit à sa cellule, soit au coucher ou au mobilier. S'il désire être visité par le médecin ou avoir d'urgence un entretien avec le directeur, l'aumônier ou autres employés, il en préviendra le surveillant chef de sa division, qui se chargera de prévenir qui de droit. Le prévenu peut également réclamer la visite de l'inspecteur général ou lui faire passer ses réclamations.
Chaque fois que le détenu sortira de sa cellule pour aller au greffe, au promenoir ou au parloir, il aura soin de se munir de la petite plaque qui se trouve suspendue au-dessus de la porte de la cellule afin de la représenter, à sa rentrée, au surveillant de la galerie pour s'en faire reconnaître.
Les détenus qui, par suite de condamnations, désireront former appel de leur jugement, écriront pour cela à M. le procureur impérial. Leur signature apposée au bas de la lettre devant être légalisée par le greffier, ils ne signeront qu'en présence de cet employé; ceux qui ne sauraient point écrire feront verbalement connaître leur désir au surveillant de leur galerie.
Lorsque ce détenu sera au parloir avec son visiteur, il ne devra élever la voix qu'autant qu'il sera nécessaire pour se faire entendre; dans le cas contraire, le surveillant chargé de la police le ferait immédiatement rentrer dans sa cellule.
Toute infraction sera puni conformément aux règlements.
Le quatrième imprimé est ainsi formulé:
Un hamac,
Un matelas laine et crin,
Couverture de laine beige (2 hiver, 1 été),
Deux draps de toile, d'un lé,
Une table à tiroir,
Une chaise ordinaire,
Une gamelle de fer-blanc étamé,
Un bidon, id. (pour l'eau),
Un gobelet, id.,
Une caisse de bois,
Une terrine pour la toilette,
Un jegneux crachoir,
Un balai de chiendent,
Un balai de bouleau,
Trois tablettes de bois blanc.
On appelle jegneux crachoir un pot en terre verni qui se place par terre auprès de sa table.
Le cinquième imprimé indique les règles à observer par le prévenu placé dans le promenoir, qui se résume en ces quelques mots: silence et bonne tenue.
Le lit se compose d'une large sangle de toile grise, très-forte, semblable à celle qui sert à confectionner les tentes militaires. Cette bande, large de 60 centimètres et longue de 1 mètre 60, est garnie à ses deux extrémités de rouleaux de bois qui s'adaptent, l'un, à la tête, dans deux crochets de fer fixés au mur; l'autre, au pied, dans deux chaînons munis de crochets.
C'est un hamac suspendu, comme on a dû facilement le comprendre. Sur cette sangle se pose un matelas de laine, avec draps et couvertures. Inutile de dire que de traversin ou d'oreiller il n'est nullement question.
La connaissance du temps est-elle bien un adoucissement aux peines du détenu? pour moi, je le crois. L'horloge de Mazas résonne forte et grave, indiquant les heures, les quarts et les demies. Je désirerais un perfectionnement, c'est que l'heure se répétât à tous les quarts. On va me comprendre.
La connaissance de l'heure est indispensable aux détenus afin qu'ils règlent leur existence, conformément aux règles de la maison d'arrêt. À telle heure on prend les lettres; à telle autre, la promenade; à telles autres, les repas.
Si le détenu est absorbé par quelque occupation, il se peut qu'il n'entende pas l'heure elle-même. Alors il entend sonner un quart, une demie, trois quarts, sans savoir à quelle heure ces divers sons se rapportent.
Il faudrait donc que l'horloge sonnât ainsi:
Trois heures—Trois heures—un quart. Trois heures—et demie. Trois heures—trois quarts.
Ce changement paraît insignifiant, et cependant je le répète, il est de la plus grande importance. Car il faut partir de ce fait vrai, que sur onze cents détenus qui aujourd'hui écoutent tinter l'horloge de Mazas, un dixième au plus possède une montre.
La nourriture de la maison consiste en deux repas, l'un à huit heures du matin, l'autre à trois heures. Le premier repas consiste en une gamelle de bouillon avec du bœuf. J'ai goûté de ce bouillon, que je n'hésite pas à déclarer supérieur à celui que débitent bien des gargottes de ma connaissance. À trois heures, une gamelle de légumes, haricots, pois cassés. Un pain d'une livre, pain noir, dit de munition. J'en avais mangé au dépôt de la préfecture de police et préférai m'abstenir ici.
Pour ceux qui n'acceptent pas la nourriture réglementaire, les ressources ne manquent pas.
D'abord la cantine desservie par le surveillant, vin, œufs, fromage et charcuterie. Puis le commissionnaire qui, moyennant une bonne main de dix centimes, va chercher au dehors les plats que vous lui désignez.
Pour l'édification de mes lecteurs, je transcrirai ici deux de mes notes:
Les parloirs ordinaires, que je n'ai fait qu'apercevoir (car par une faveur spéciale, due sans doute au peu d'importance de l'accusation qui planait sur moi), se composent de deux petites cellules placées en face l'une de l'autre et séparées par un couloir large de vingt-cinq centimètres environ. Ces cellules se regardent par une cloison fermée de barreaux de fer et grillagée. Il y a dans chacune d'elles juste la place nécessaire pour s'asseoir. Le détenu est placé dans l'une, le visiteur dans l'autre, et l'on se parle à travers la distance du petit couloir, sans pouvoir ni s'embrasser, ni se toucher la main. Il est interdit de parler haut, et un gardien vous surveillant par le petit corridor dont j'ai parlé, toute communication est impossible. Inutile de dire qu'en outre le visiteur a été minutieusement fouillé à l'entrée de la prison. C'est ainsi qu'on voit sa femme, son père ou son enfant, et ceci les mardis et vendredis.
L'heure de la promenade est variable, en ceci que les préaux ne permettent qu'à cent prévenus de se promener simultanément, et plus de la moitié des prisonniers profitant de cette faculté, il faut au moins cinq heures pour que