Une Loi de Reines . Морган Райс

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Une Loi de Reines  - Морган Райс


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soupira en balayant le navire du regard, comme désespéré devant l’état pitoyable de l’embarcation.

      – Maintenant qu’ils vont mieux, ils doivent partir, dit une voix.

      Gwen se tourna vers l’homme qui avait parlé, un guerrier musclé, torse nu, armé d’un javelot. Il s’approcha de Bokbu en lui jetant un regard froid.

      – Renvoie ces étrangers de l’autre côté de la mer, ajouta-t-il. Pourquoi devrions-nous faire couler notre sang pour eux ?

      – Je suis de votre sang, dit Sandara en faisant un pas en avant et en toisant le guerrier du regard.

      – Et c’est pour ça que tu nous as amené ces gens. Tu nous mets tous en danger, répliqua-t-il d’un ton sec.

      – Tu couvres notre peuple de honte, dit Sandara. As-tu oublié les lois de l’hospitalité ?

      – Tu n’aurais jamais dû nous les amener. C’est toi qui nous couvres de honte.

      Bokbu leva les mains pour les séparer et les faire taire.

      Il resta longtemps inexpressif, plongé dans ses pensées. Gwendolyn réalisa qu’elle et ses compagnons se trouvaient dans une situation précaire. Repartir en mer les mènerait à la mort. Cependant, elle ne voulait pas non plus mettre en danger le peuple qui l’avait secouru.

      – Nous ne vous voulons aucun mal, dit-elle en se tournant vers Bokbu. Je n’ai pas envie de vous mettre en danger. Nous pouvons repartir.

      Bokbu secoua la tête.

      – Non, dit-il.

      Il dévisagea Gwen avec ce qui semblait être de l’incompréhension.

      – Pourquoi avez-vous guidé votre peuple jusqu’ici ?

      Gwen soupira.

      – Nous avons fui devant une grande armée, dit-elle. Ils ont détruit notre patrie. Nous sommes partis à la recherche d’un autre foyer.

      – Vous êtes au mauvais endroit, dit le guerrier. Ici, ce ne peut être votre foyer.

      – Silence ! s’écria Bokbu en lui adressant un regard sévère.

      Il se tourna vers Gwendolyn et plongea son regard dans le sien.

      – Vous êtes une femme noble et fière, dit-il. Je vois bien que vous êtes une souveraine née. Vous avez guidé votre peuple jusqu’ici. Si vous repartez, vous mourrez. Peut-être pas aujourd’hui, mais dans quelques jours.

      Gwendolyn lui renvoya son regard.

      – Alors nous mourrons, répondit-elle. Je ne laisserai pas votre peuple mourir pour que nous puissions vivre.

      Elle soutint son regard, le visage inexpressif, rendue plus téméraire par sa noblesse et sa fierté. Elle vit que Bokbu la dévisageait avec un respect renouvelé. Un silence tendu s’installa.

      – Le sang des guerriers coule dans vos veines, dit-il. Vous resterez avec nous. Votre peuple retrouvera ses forces, peu importe le temps que cela prendra.

      – Mais, chef…, commença le guerrier.

      Bokbu lui adressa un regard sévère.

      – Ma décision est prise.

      – Mais leur vaisseau ! protesta-t-il. S’il reste dans le port, l’Empire le verra. Nous mourrons avant que la lune ne décroisse !

      Le chef leva les yeux vers le mât, balaya le navire du regard, pour évaluer la situation. Gwen vit alors qu’ils avaient dissimulé le navire dans un port secret, caché par la jungle. Devant eux s’ouvrait la pleine mer. L’homme avait raison.

      Le chef hocha la tête.

      – Vous voulez sauver votre peuple ? demanda-t-il.

      Gwen hocha la tête d’un air assuré.

      – Oui.

      Il hocha la tête à son tour.

      – Les chefs sont toujours contraints de prendre des décisions difficiles, dit-il. Maintenant, c’est votre tour. Vous pouvez rester avec nous, mais votre navire nous tuerait tous. Nous vous invitons sur la terre ferme, mais votre navire ne peut pas rester. Vous allez devoir le brûler. C’est à cette condition que nous accepterons votre séjour parmi nous.

      Le cœur de Gwen manqua un battement. Elle balaya du regard le navire qui les avait emportés jusqu’ici et qui lui avait permis de sauver son peuple. Des émotions contradictoires la traversèrent. Ce navire était leur seul moyen de repartir.

      Mais vers où ? Vers l’océan, un voyage interminable qui se terminerait dans la mort ? Son peuple pouvait à peine marcher. Ils avaient besoin de repos. Ils avaient besoin d’un refuge. S’il fallait pour cela brûler le navire, très bien. Ils pourraient toujours en trouver un autre, ou en construire un autre, s’ils décidaient de reprendre la mer. Ils trouveraient un moyen. Pour le moment, le plus important était de survivre. C’était tout ce qui importait.

      Gwendolyn hocha gravement la tête.

      – Qu’il en soit ainsi, dit-elle.

      Bokbu hocha la tête avec respect. Il donna les ordres par-dessus son épaule et ses hommes s’exécutèrent. Ils se déployèrent autour du navire pour aider les membres de l’équipage à descendre sur la plage. Gwen attendit de voir passer devant elle tous ceux qu’elle aimait : Godfrey, Kendrick, Brandt, Atme, Aberthol, Illepra, Sandara…

      Elle attendit que la dernière personne descende et demeura seule sur le pont, en compagnie de Krohn et du chef.

      Bokbu tenait dans sa main une torche enflammée, que venait de lui donner l’un de ses hommes. Il approcha les flammes du bateau.

      – Non, dit Gwen en lui saisissant le poignet.

      Il lui adressa un regard surpris.

      – Un souverain doit détruire ce qui est à lui, dit-elle.

      Elle lui prit maladroitement la torche des mains et, en chassant une larme, l’approcha des voiles.

      Les flammes se répandirent comme une traînée de poudre, jusqu’à submerger le navire.

      Gwen lâcha la torche, balayée par une vague de chaleur. Elle fit volte-face et, Krohn et Bokbu sur ses talons, descendit le long de la passerelle, en direction de la plage, de son nouveau foyer, le dernier endroit qui leur restait en ce monde.

      Des bruits étranges d’animaux et d’oiseaux se faisaient entendre. Gwen put seulement se demander :

      Serons-nous jamais à la maison ici ?

      CHAPITRE CINQ

      Alistair était agenouillée sur la pierre et le froid faisait trembler ses genoux. Elle leva les yeux vers les premières lueurs de l’aube qui perçaient au-dessus des Isles Méridionales, illuminant les montagnes et les vallées. Ses mains tremblaient, enchaînées au billot. Elle posa son cou là où bien d’autres avaient perdu leurs têtes. Des traces de sang maculaient le bois. Ça et là, des échardes laissaient deviner l’endroit où les haches s’étaient abattues. En posant la joue contre le billot, elle devina la tragique énergie du bois, devina les émotions, les sentiments de tous ceux qui étaient passés par là avant elle. Son cœur se serra.

      Alistair leva fièrement les yeux vers le ciel, pour regarder une dernière fois le soleil perçant l’aube. Plus jamais elle n’aurait l’occasion de le contempler. Le spectacle semblait soudain plus précieux et plus beau que jamais auparavant. Une brise balayait le petit matin. Les Isles Méridionales étaient probablement le plus bel endroit qu’elle ait jamais vu : les arbres se paraient ici de gerbes de fleurs oranges, rouges, roses et mauves et certains arboraient déjà des fruits ronds. Des oiseaux violets, de grosses abeilles butinaient ça et là, en suivant la délicieuse fragrance des fleurs. La brume jetait sur la scène un voile mystérieux. Alistair n’avait jamais ressenti un attachement si fort à un pays. C’était un pays où elle aurait été heureuse de vivre pour toujours.

      Des bruits de


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