Une Mer De Boucliers . Морган Райс

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Une Mer De Boucliers  - Морган Райс


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Gwen le savait : c’était un présage. L’enfant serait plus puissant qu’elle ne pouvait l’imaginer. Il venait d’un autre royaume.

      Il pleurait. Gwen tendit instinctivement les bras pour l’attirer contre sa poitrine avant qu’il ne glisse dans l’herbe et la boue, pour le protéger de la grêle.

      Il poussa un gémissement et la terre se mit à trembler sous le corps de Gwen. Au loin, d’énormes rochers dégringolèrent des hauteurs de la montagne. Gwen eut l’impression de sentir le pouvoir de son enfant courir à travers elle, avant de se répandre dans tout l’univers.

      Elle le serra contre elle, plus faible à chaque instant : elle perdait trop de sang. La tête lui tournait. Elle n’aurait jamais assez de force pour se relever, pour retenir son enfant qui ne cessait de pleurer contre sa poitrine. Ses jambes ne la portaient plus.

      Elle allait mourir ici, dans ce champ, avec son enfant. Elle ne se souciait plus de sa propre vie, mais elle ne pouvait imaginer la mort de son enfant.

      — NON ! hurla-t-elle en rassemblant ses dernières forces pour que son cri de protestation atteigne les cieux.

      Elle renversa la tête, étendue sur le sol, quand un cri répondit au sien. Non pas un cri humain, mais celui d’une ancienne créature.

      Gwen se sentit partir. En levant les yeux, elle vit quelque chose apparaître dans le ciel, comme une hallucination. Une bête immense, qui plongea vers elle. Gwen réalisa faiblement qu’elle connaissait cette bête et qu’elle l’aimait.

      Ralibar.

      Avant de ses paupières ne se ferment, elle vit Ralibar piquer vers elle : ses grands yeux verts, ses vieilles écailles écarlates, ses serres tendues vers Gwendolyn…

      CHAPITRE DEUX

      Luanda restait frappée d’effroi devant le cadavre de Koovia, le poing encore fermé sur la dague ensanglantée. Elle pouvait à peine comprendre son propre geste.

      Un silence s’était abattu sur le hall et tous la regardaient sans broncher, stupéfaits, en jetant parfois un coup d’œil au corps de Koovia à ses pieds. L’intouchable Koovia, le grand guerrier du royaume McCloud, qui ne le cédait qu’au Roi McCloud lui-même. La tension était si épaisse qu’on aurait pu la couper avec un couteau.

      Luanda était la plus choquée de tous. La paume de sa main, celle qui tenait encore la dague, lui semblait brûler. Une vague de chaleur la traversait, consumant à la fois son excitation et sa terreur à l’idée d’avoir tué un homme. Elle en était presque fière, fière d’avoir pu arrêter ce monstre avant qu’il ne lève la main sur son mari ou sur la mariée. Il l’avait bien mérité. Tous ces McClouds n’étaient que des sauvages.

      Un cri perça le silence. En levant les yeux, Luanda vit un guerrier, le compagnon de Koovia, s’élancer à travers la pièce, le regard enflammé par la vengeance. Il brandit son épée, prêt à la poignarder en pleine poitrine.

      Encore étourdie par son propre geste, Luanda ne sut réagir et le guerrier plongea vers elle. Elle se prépara au choc : bientôt, une lame lui percerait le cœur. Luanda n’en avait que faire. Elle avait tué cet homme et rien ne lui importait plus…

      Elle ferma les yeux, prête à mourir… À sa grande surprise, un fracas métallique retentit.

      Bronson avait fait un pas en avant et paré le coup avec son épée. Luanda resta stupéfaite : elle n’aurait jamais imaginé qu’il ait une telle force de caractère ou qu’il soit capable d’arrêter un coup si puissant avec une seule main valide. La tendresse qu’il éprouvait encore à son égard la surprenait plus que tout le reste : il était prêt à risquer sa vie pour elle.

      Bronson fit adroitement tournoyer son épée. Même avec une seule main, il avait suffisamment d’adresse et de force pour poignarder le guerrier en plein cœur, tuant son adversaire sur le coup.

      Luanda en crut à peine ses yeux. Encore une fois, Bronson lui sauvait la vie. Elle sentit une vague d’amour et de gratitude la traverser. Peut-être était-il plus fort qu’elle ne l’avait imaginé…

      Des cris retentirent de tous côtés, alors que McClouds et MacGils se jetaient les uns sur les autres, pressés de savoir lesquels d’entre eux sortiraient vainqueurs. Les fausses civilités qui avaient émaillées les noces et le banquet disparaissaient définitivement. C’était la guerre : guerriers contre guerriers échauffés par la boisson et la rage, devant l’affront commis par ce McCloud qui avait osé lever la main sur la mariée.

      Les hommes bondirent par-dessus les longues tables, pressés de tuer, et se jetèrent les uns sur les autres, toutes lames dehors, avant de rouler sur les assiettes, renversant le vin et la nourriture. Il y avait tant de monde que les combattants étaient au coude à coude et avaient à peine assez de place pour manœuvrer. Bientôt un chaos sanglant prit d’assaut le hall.

      Luanda tâcha de reprendre ses esprits. Tout allait si vite ! Motivés par la soif de sang, les hommes grouillaient autour d’elle. Cependant, aucun d’entre eux ne prit le temps d’observer ce qui se passait réellement. Luanda, elle, embrassa la scène du regard. Elle seule remarqua les McClouds qui se glissaient aux quatre coins de la pièce, verrouillant les portes une par une, avant de s’éclipser.

      Les cheveux de Luanda se dressèrent sur sa nuque quand elle comprit ce qui se passait. Les McClouds enfermaient les invités dans le hall et fuyaient pour une raison connue d’eux seuls. Les yeux écarquillés d’effroi, elle les vit se saisir de torches et comprit avec horreur qu’ils avaient l’intention de brûler le hall et tous les invités – même leurs propres soldats.

      Elle aurait dû savoir… Les McClouds étaient impitoyables. Ils auraient fait n’importe quoi pour remporter la victoire.

      Luanda balaya la pièce du regard. Une porte demeurait encore ouverte.

      Elle se jeta dans la mêlée pour l’atteindre, poussant les hommes à coups de coude. Un McCloud se précipita, lui aussi, et elle accéléra l’allure, bien décidée à ne pas le laisser faire.

      Le McCloud ne la vit pas venir. Il tendit la main vers la poutre de bois, prêt à barrer la porte. Luanda le chargea en brandissant sa dague et le poignarda dans le dos.

      L’homme poussa un cri strident, la tête renversée, avant de s’écrouler.

      Luanda saisit la poutre et la jeta au loin, ouvrit la porte à la volée et se précipita dehors.

      Elle attendit quelques secondes, le temps que son regard s’habitue à l’obscurité. Enfin, elle aperçut les McClouds regroupés à l’extérieur, armés de torches. Ils étaient sur le point de mettre le feu. Luanda resta pétrifiée d’horreur. Elle ne pouvait pas les laisser faire !

      Elle tourna les talons et plongea à nouveau dans la mêlée, à la recherche de Bronson qu’elle tira loin de la bagarre.

      — Les McClouds ! s’écria-t-elle. Ils se préparent à brûler le hall ! Aide-moi ! Fais-les sortir ! MAINTENANT !

      Quand il comprit ce qui se passait, Bronson écarquilla les yeux d’horreur. Sans hésiter un seul instant, il se précipita vers les chefs MacGils, les tira loin du conflit et se mit à hurler en montrant frénétiquement la porte ouverte. Tous suivirent des yeux son doigt tendu. Quand ils comprirent, ils s’empressèrent de rallier leurs hommes.

      À la grande satisfaction de Luanda, les MacGils mirent fin au combat et coururent vers la porte ouverte.

      Alors qu’ils s’organisaient, Luanda et Bronson ne perdirent pas un seul instant. Ils se précipitèrent vers la porte qu’à leur grande horreur, un autre McCloud tentait de verrouiller. Cette fois, ils n’arriveraient pas à temps pour l’arrêter…

      Bronson réagit très vite. Il leva son épée, prit son élan et la jeta.

      La lame vola à travers les airs et tournoya sur elle-même avant de se


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