Un Joyau pour la Cour . Морган Райс

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Un Joyau pour la Cour  - Морган Райс


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gagné !” insista Rupert. “J'ai repoussé l'invasion. J'ai sauvé le royaume.”

      A l'entendre, il était un chevalier des temps anciens qui revenait d'une grande quête. Pourtant, ces jours-là étaient révolus depuis longtemps.

      “En suivant ton propre plan irréfléchi au lieu de celui qui avait été fixé”, dit la Douairière.

      “Il a marché !”

      La Douairière fit un effort pour retenir sa colère, au moins pour l'instant. Néanmoins, elle avait de plus en plus de mal à le faire.

      “Et tu penses que la stratégie que j'avais choisie n'aurait pas fonctionné ?” demanda-t-elle. “Tu penses que l'ennemi n'aurait pas été repoussé par nos défenses ? Tu penses qu'il faudrait que je sois fière du massacre que tu nous as infligé ?”

      “J'ai massacré nos ennemis et ceux qui ont refusé de les affronter”, répliqua Rupert. “Pensez-vous que je n'ai jamais entendu parler de ce que vous avez fait, Mère ? Du massacre des nobles qui avaient soutenu les Danse ? N'avez-vous pas accepté que les membres de l’Église de la Déesse Masquée tuent tous ceux qu'ils considèrent comme étant d'essence maléfique ?”

      Elle refusait que son fils établisse ce type de comparaison. Elle refusait de juger toutes les dures nécessités du passé avec un garçon qui n'avait été qu'un bébé, même pendant les plus récents de ces événements.

      “C'était différent”, dit-elle. “Nous ne pouvions rien faire d'autre.”

      “Là non plus”, dit Rupert sur un ton sec.

      “Nous pouvions éviter le massacre de notre peuple”, répondit la Douairière sur exactement le même ton. “Nous n'étions pas obligés de détruire une partie des meilleures terres agricoles du royaume. Tu as repoussé la Nouvelle Armée mais notre plan aurait pu l'écraser.”

      “Le plan de Sebastian était stupide, comme vous l'auriez compris si vous ne lui passiez pas toutes ses fautes.”

      Cette réflexion rappela à la Douairière quelle était la deuxième raison de sa colère. C'était la plus importante des deux, celle qu'elle ne s'était retenue de formuler jusqu'à présent que parce qu'elle savait qu'elle risquait de perdre tout son calme en le faisant.

      “Où est ton frère, Rupert ?” demanda-t-elle.

      Il essaya de faire l'innocent. A ce stade, il aurait dû comprendre que cette stratégie ne marchait jamais avec elle.

      “Comment pourrais-je le savoir, Mère ?”

      “Rupert, la dernière fois qu'on a vu Sebastian, c'était aux quais, où il essayait de prendre un navire pour Ishjemme. Tu es allé là-bas en personne pour l'intercepter. T'imagines-tu que je n'ai pas d'espions ?”

      Elle le regarda essayer de trouver quoi répondre. Depuis l'enfance, Rupert essayait de trouver les mots qui lui permettraient de transformer le monde à sa guise par la ruse.

      “Sebastian est en sécurité”, dit Rupert.

      “Cela signifie que tu as emprisonné ton propre frère. Tu n'as pas le droit de faire ça, Rupert.” Une quinte de toux affaiblit quelque peu ses paroles. Elle ignora le sang frais qu'elle cracha.

      “Je croyais que cela vous plairait, Mère”, dit-il. “Après tout, il essayait de fuir le royaume après avoir précipitamment quitté le mariage que vous aviez organisé.”

      C'était vrai mais cela ne changeait rien. “Si j'avais voulu arrêter Sebastian, je l'aurais ordonné”, dit-elle. “Tu vas le relâcher tout de suite.”

      “A vos ordres, Mère”, dit Rupert et, une fois de plus, la Douairière eut l'impression qu'il était tout sauf sincère.

      “Rupert, je vais être claire. Tes actions d'aujourd'hui nous ont tous placés en grand danger. Tu donnes des ordres à l'armée comme tu le veux ? Tu emprisonnes l'héritier du trône sans en avoir la permission ? A ton avis, qu'en pensera l'Assemblée des Nobles ?”

      “Qu'ils aillent au diable !” dit soudain Rupert sans réfléchir. “J'en ai assez dans mon camp.”

      “Tu ne peux pas te permettre de les envoyer au diable”, dit la Douairière. “Les guerres civiles nous l'ont appris. Nous devons collaborer avec eux. Or, t'entendre dire que tu t'es constitué ta propre faction de nobles m'inquiète, Rupert. Il faut que tu apprennes quelle est ta place.”

      A présent, elle voyait sa colère, qui n'était plus déguisée comme avant.

      “Ma place, c'est d'être votre héritier”, dit-il.

      “C'est à Sebastian d'être mon héritier”, répliqua la Douairière. “Quant à toi … les montagnes ont besoin d'un gouverneur pour limiter leurs raids vers le sud. Peut-être la vie parmi les bergers et les fermiers t'enseignera-t-elle l'humilité, ou peut-être pas mais, au moins, tu seras assez loin d'ici pour que j'oublie ma colère contre toi.”

      “Vous ne pouvez pas —”

      “Si, je le peux”, répondit la Douairière sur un ton sec. “Et comme tu as protesté, ce ne sera pas les montagnes et tu ne seras pas gouverneur. Tu iras dans les Colonies Proches, où tu seras l'assistant de mon représentant. Il enverra des rapports réguliers sur toi et tu ne reviendras que le jour où il jugera que tu seras prêt à le faire.”

      “Mère …” commença Rupert.

      La Douairière le figea sur place d'un regard. Elle pouvait encore faire ça, même si son corps tombait en décrépitude.

      “Proteste encore et tu seras employé dans les Colonies Lointaines”, dit-elle sur un ton sec. “A présent, pars. Je m'attends à voir Sebastian ici à la fin de la journée. C'est mon héritier, Rupert. Ne l'oublie pas.”

      “N'ayez crainte, Mère”, dit Rupert en partant. “Je n'ai pas oublié.”

      La Douairière attendit qu'il parte puis appela le domestique le plus proche d'un claquement de doigts.

      “Il reste un problème exaspérant à régler. Emmenez-moi Milady d’Angelica puis partez.”

      ***

      Angelica portait encore sa robe de mariée quand le garde vint la chercher pour qu'elle aille parler avec la reine. Il ne lui donna pas le temps de se changer mais se contenta de l'escorter vivement jusqu'aux salons de réception de la Douairière.

      Angelica trouva que la vieille femme avait l'air extrêmement fatiguée. Peut-être allait-elle bientôt mourir. A cette idée, Angelica espéra que l'on retrouverait vite Sebastian et que le mariage aurait quand même lieu. Elle se sentait trahie par la fuite de Sebastian mais il y avait trop de choses en jeu pour que ce mariage soit annulé.

      Elle fit sa révérence puis s'agenouilla quand elle sentit le regard de la Douairière lui peser dessus. La vieille femme se leva de son siège en chancelant, ce qui ne fit que souligner la différence entre leurs positions.

      “Expliquez-moi”, dit la Douairière, “pourquoi je ne vous félicite pas pour avoir épousé mon fils.”

      Angelica osa lever les yeux vers elle. “Sebastian s'est enfui. Comment aurais-je pu prévoir qu'il s'enfuirait ?”

      “Vous n'êtes pas supposée être idiote”, répliqua la Douairière.

      A ces paroles, Angelica sentit un frisson de colère. Cette vieille femme adorait jouer avec elle, voir jusqu'où elle pouvait la pousser. Pourtant, Angelica serait bientôt en position de ne plus avoir besoin de l'approbation de cette vieille femme.

      “J'ai fait tout ce que j'ai pu”, dit Angelica. “J'ai séduit Sebastian.”

      “Pas assez !” cria la Douairière, qui avança pour gifler Angelica.

      Angelica se leva à moitié puis sentit des mains fortes la remettre à genoux. Le garde était


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