The Time Machine / La Machine à explorer le temps. H.G. Wells
Читать онлайн книгу.crainte –, jusqu'à ce qu'enfin elles se fussent complètement emparées de moi. Quels étranges développements de l'humanité, quelles merveilleuses avances sur notre civilisation rudimentaire n'allais-je pas apercevoir quand j'en arriverais à regarder de près ce monde vague et illusoire qui se déroulait et ondoyait devant mes yeux ! Je voyais des monuments d'une grande et splendide architecture s'élever autour de moi, plus massifs qu'aucun des édifices de notre époque, et cependant, me semblait-il, bâtis de brume et de faible clarté. Je vis un vert plus riche s'étendre sur la colline et demeurer là sans aucun intervalle d'hiver. Même à travers le voile qui noyait les choses, la terre semblait très belle. C'est alors que l'idée me vint d'arrêter la machine.
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The Time Machine ~Chapter IV
“The peculiar risk lay in the possibility of my finding some substance in the space which I, or the machine, occupied. So long as I travelled at a high velocity through time, this scarcely mattered: I was, so to speak, attenuated—was slipping like a vapour through the interstices of intervening substances! But to come to a stop involved the jamming of myself, molecule by molecule, into whatever lay in my way; meant bringing my atoms into such intimate contact with those of the obstacle that a profound chemical reaction—possibly a far-reaching explosion—would result, and blow myself and my apparatus out of all possible dimensions—into the Unknown. This possibility had occurred to me again and again while I was making the machine; but then I had cheerfully accepted it as an unavoidable risk—one of the risks a man has got to take! Now the risk was inevitable, I no longer saw it in the same cheerful light. The fact is that, insensibly, the absolute strangeness of everything, the sickly jarring and swaying of the machine, above all, the feeling of prolonged falling, had absolutely upset my nerves. I told myself that I could never stop, and with a gust of petulance I resolved to stop forthwith. Like an impatient fool, I lugged over the lever, and incontinently the thing went reeling over, and I was flung headlong through the air.
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La Machine à explorer le temps ~ Chapitre IV
« Le risque que je courais était de trouver quelque nouvel objet à la place que la machine et moi occupions. Aussi longtemps que je voyageais à toute vitesse, cela importait fort peu. J'étais pour ainsi dire désintégré – je glissais comme un éther à travers les interstices des substances interposées ! Mais s'arrêter impliquait peut-être mon écrasement, molécule par molécule, dans ce qui pouvait se trouver sur mon passage, comportait un contact si intime de mes atomes avec ceux de l'obstacle qu'il en résulterait une profonde réaction chimique – peut-être une explosion formidable, qui m'enverrait, mon appareil et moi, hors de toute dimension possible… dans l'Inconnu. Cette possibilité s'était bien souvent présentée à mon esprit pendant que je construisais la machine ; mais alors je l'avais de bon cœur envisagée comme un risque nécessaire un de ces risques qu'un homme doit toujours accepter. Maintenant qu'il était inévitable, je ne le voyais plus du tout sous le même jour. Le fait est que, insensiblement, l'absolue étrangeté de toute chose, le balancement ou l'ébranlement écœurant de la machine, par-dessus tout la sensation de chute prolongée, avait absolument bouleversé mes nerfs. Je me disais que je ne pouvais plus m'arrêter et, dans un sursaut nerveux, je résolus de m'arrêter sur le champ. Avec une impatience d'insensé, je tirai sur le levier : aussitôt la machine se mit à ballotter, et je dégringolai la tête la première dans le vide.
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The Time Machine ~Chapter IV
“There was the sound of a clap of thunder in my ears. I may have been stunned for a moment. A pitiless hail was hissing round me, and I was sitting on soft turf in front of the overset machine. Everything still seemed grey, but presently I remarked that the confusion in my ears was gone. I looked round me. I was on what seemed to be a little lawn in a garden, surrounded by rhododendron bushes, and I noticed that their mauve and purple blossoms were dropping in a shower under the beating of the hailstones. The rebounding, dancing hail hung in a little cloud over the machine, and drove along the ground like smoke. In a moment I was wet to the skin. ‘Fine hospitality,’ said I, ‘to a man who has travelled innumerable years to see you.’
“Presently I thought what a fool I was to get wet. I stood up and looked round me. A colossal figure, carved apparently in some white stone, loomed indistinctly beyond the rhododendrons through the hazy downpour. But all else of the world was invisible.
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La Machine à explorer le temps ~ Chapitre IV
« Il y eut un bruit de tonnerre dans mes oreilles ; je dus rester étourdi un moment. Une grêle impitoyable sifflait autour de moi, et je me trouvai assis, sur un sol mou, devant la machine renversée. Toutes choses me paraissaient encore grises, mais je remarquai bientôt que le bruit confus dans mes oreilles s'était tu. Je regardai autour de moi. J'étais sur ce qui pouvait sembler une petite pelouse, dans un jardin, entouré de massifs de rhododendrons dont les pétales mauves et pourpres tombaient en pluie sous les volées de grêlons. La grêle dansante et rebondissante s'abattait sur la machine et descendait sur le sol comme une fumée. En un instant, je fus trempé jusqu'aux os.
« Excellente hospitalité, dis-je, envers un homme qui vient de parcourir d'innombrables années pour vous voir ! »
« Enfin je songeai qu'il était stupide de se laisser tremper ; je me levai et je cherchai des yeux où me réfugier. Une figure colossale, taillée apparemment dans quelque pierre blanche, apparaissait, incertaine, au-delà des rhododendrons, à travers l'averse brumeuse. Mais le reste du monde était invisible.
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The Time Machine ~Chapter IV
“My sensations would be hard to describe. As the columns of hail grew thinner, I saw the white figure more distinctly. It was very large, for a silver birch-tree touched its shoulder. It was of white marble, in shape something like a winged sphinx, but the wings, instead of being carried vertically at the sides, were spread so that it seemed to hover. The pedestal, it appeared to me, was of bronze, and was thick with verdigris. It chanced that the face was towards me; the sightless eyes seemed to watch me; there was the faint shadow of a smile on the lips. It was greatly weather-worn, and that imparted an unpleasant suggestion of disease. I stood looking at it for a little space—half a minute, perhaps, or half an hour. It seemed to advance and to recede as the hail drove before it denser or thinner. At last I tore my eyes from it for a moment, and saw that the hail curtain had worn threadbare, and that the sky was lightening with the promise of the sun.
“I looked up again at the crouching white shape, and the full temerity of my voyage came suddenly upon me. What might appear when that hazy curtain was altogether withdrawn? What might not have happened to men? What if cruelty had grown into a common passion? What if in this interval the race had lost its manliness, and had developed into something inhuman, unsympathetic, and overwhelmingly powerful? I might seem some old-world savage animal, only the more dreadful and disgusting for our common likeness—a foul creature to be incontinently slain.
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La Machine à explorer le temps ~ Chapitre IV
« Il serait malaisé de décrire mes sensations. Comme la grêle s'éclaircissait, j'aperçus plus distinctement la figure blanche. Elle devait être fort grande, car un bouleau ne lui allait qu'à l'épaule. Elle était de marbre blanc, et rappelait par sa forme quelque sphinx ailé, mais les ailes, au lieu d'être repliées verticalement, étaient étendues de sorte qu'elle semblait planer. Le piédestal, me sembla-t-il, était de bronze et couvert d'une épaisse couche de vert-de-gris. Il se trouva que la face était de mon côté, les yeux sans regard paraissaient m'épier ; il y avait sur les lèvres l'ombre affaiblie d'un sourire. L'ensemble était détérioré par les intempéries et donnait l'idée désagréable d'être rongé par une maladie. Je restai là à l'examiner pendant un certain temps – une demi-minute peut-être ou une demi-heure. Elle semblait reculer ou avancer suivant que la grêle tombait entre elle et moi plus ou moins dense. À la fin, je détournai mes yeux, et je vis que les nuages s'éclaircissaient et que le ciel s'éclairait de la promesse du soleil.
« Je reportai mes yeux vers la forme