La Cité Ravagée. Scott Kaelen

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La Cité Ravagée - Scott Kaelen


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que je devrais me sentir honorée."

      Le plus haut gradé s'est dépêché lui-même, vieille cinglée. Maros s'efforça d’offrir un sourire sympathique. "Je suis sûr que tout le plaisir est pour moi."

      "Permettez-moi de vous remercier d'avoir répondu à ma convocation. Comme vous pouvez le voir, je ne suis pas du tout en état de faire toute la route jusqu'à la Folie."

      Convocation ? Son sourire s'effaça. "Je ne fais pas dans les visites à domicile en personne mais quand j'ai lu votre lettre portée par le courrier, je me suis préparé à faire une exception."

      "Je n'en doute pas." Cela lança un regard au-delà de la porte vers la maison de son voisin, de l'autre côté du croissant. "Vous feriez mieux d'entrer, jeune homme," murmura-t-elle, tout en reculant vers l'intérieur de la lugubre maison. "Notre discussion n'est pas destinée aux oreilles indiscrètes."

      Maros se pencha plus bas sur ses béquilles et franchit le seuil. Il referma la porte d'un coup de talon et plissa des yeux, la pièce étant plongée dans l'obscurité. Quelques minces rais de lumière filtraient entre les volets fermés. Une vieille odeur de moisi flotta jusqu'à ses narines. Il étouffa une quinte de toux et regarda la vieille femme squelettique s'installer dans le fauteuil à côté du foyer vide. Alors qu'elle ajustait sa posture pour être assise bien droite, il l'imagina tomber sur le tapis en un poussiéreux tas d'os.

      "Prenez donc un siège, sabreur." Elle fit un geste vague de la main. "Là où bon vous semble."

      Maros balaya les sombres amas de meubles du regard, à la recherche de ce qui pouvait faire office de siège assez solide, puis boita jusqu'à un banc adossé au mur opposé à la cheminée. Il s'y assit lentement, étouffant un soupir tandis que les douleurs de sa jambe diminuaient.

      "J'ai entendu dire que vous faites tourner la taverne d'Alderby à sa place," dit Cela sur le ton de la conversation.

      "En effet."

      "Vous êtes à la tête d'une guilde et d'une taverne. Ça fait beaucoup à gérer."

      "Non, pas pour moi. Pour être honnête, c'était une aubaine que le vieil Alderby meure si peu de temps après mon... accident." Maros posa sa main sur son genou. "C'était triste, pourtant. La taverne avait toujours eu l'un ou l'autre Alderby à la barre."

      "C'est ce que j'ai cru comprendre. Bien, parlons peu, parlons bien." Les yeux de Cela n'étaient plus que des reflets dans l'obscurité. Un mince sourire traversa son visage flétri. "Parlons affaires."

      "Oui, parlons affaires. Même la banque de Brancosi lèverait le sourcil devant le montant de la prime que vous offrez. Sans vouloir vous offenser, Madame, quand je regarde ce cottage, je ne trouve rien ici qui vaille cinq cents pièces d'argent."

      "Vous auriez raison, si c'était ma maison que je mettais à prix. Vous aurez vos pièces d'argent, sabreur, rassurez-vous. Mes économies ne me serviront à rien à moins que vous n'obteniez ce qui revient de droit aux Chiddari."

      "Bien," dit Maros avec prudence. "D'où vous vient votre nom de famille, sachant que cette pratique est tombée en désuétude depuis des siècles ?"

      Cela poussa un rire aigu et brandit un doigt en sa direction. "Que de questions, sang-mêlé, que de questions. Tenons-nous en à ce qui nous préoccupe, voulez-vous ?"

      "C'est de bonne guerre. Le montant de la prime mis à part, votre lettre était pour le moins vague..."

      "Et pour une bonne raison. Je suis sûre que vous saurez appréciez la délicatesse de l'information."

      "Je vous en prie, dites-moi ce que vous voulez de la guilde, ensuite je vous répondrai."

      "L'héritage de ma famille a été usurpé pendant de nombreuses générations." Cela le regarda intensément. "Perdu... Et pourtant je connais l'endroit exact où il se trouve. Il est dans un cimetière datant de l'époque où les morts étaient encore enterrés intacts."

      "Ces lieux ont été engloutis sous le désert. Il ne reste pratiquement rien des anciens royaumes."

      Cela retrouva son mince sourire. "À l'exception, bien entendu, d'un seul endroit."

      "Attendez, attendez. Écoutez-moi bien. Si vous dites ce que je pense que vous dites, alors vous me demandez d'envoyer des sabreur dans le territoire de la Tête de Mort."

      "Je ne demande pas. Je vous offre un contrat moyennant une grande récompense. Si vous ne voulez pas du travail, j'irai trouver des mercenaires à la renommée un peu moindre..." Elle remua dans sa chaise tout en gardant sur lui un regard perçant.

      Sans aucun doute une mission vouée à l'échec, pensa-t-il. Mais pour une prime de cet ordre... "Je dois vous rappeler que la guilde s'attaque à de vrais problèmes, pas à des légendes. Il n'y a qu'un cimetière qui n'ait jamais été exploré. Si c'est de celui-là dont il s'agit, alors arrêtons de tourner autour du pot. Où exactement se trouve cet héritage?"

      Cela soupira. "Dans une crypte dans les Jardins des Morts à Lachyla, la Cité Ravagée."

      La dernière once de politesse de Maros s'évapora et il rigola à gorge déployée. "Je le savais ! Que je comprenne bien. Vous voulez que mes gars et mes filles traversent une vaste région abandonnée des dieux et des hommes depuis des siècles. Vous attendez d'eux qu'ils risquent leur vie à passer le cimetière d'une ville maudite au peigne fin à la recherche d'un soi-disant trésor que vos ancêtres auraient laissé moisir au fond d'une crypte ?" Il renâcla. "Madame, soit vous avez perdu la tête, soit…"

      Cela le dévisagea dans un silence de pierre.

      Soit vous êtes sérieuse. Il secoua la tête, le regard penché vers le plancher, un sourire amusé sur le visage. "Bon, cet héritage, il ressemble à quoi exactement ?"

      "C'est une pierre précieuse."

      "Mais encore. Quiconque prendra le boulot, il devra savoir ce qu'il doit chercher."

      "Personnellement, je ne l'ai jamais vue. Tout ce que je sais c'est qu'elle est décorée de runes funéraires et que c'est une pierre plus grande que la normale. Il la trouveront dans la tombe de mon ancêtre le plus ancien."

      "Et qui est-il ?"

      "Aucune idée," dit Cela brièvement. "Connaissez-vous votre lignée, sang-mêlé ?"

      "Bien," soupira Maros. "Alors, on a une pierre de description inconnue, près d'une tombe au nom inconnu. Avez-vous idée de l'étendue qu'on prête à ce cimetière ? Ils pourraient y consacrer des jours entiers et ne pas trouver votre pierre. Il va me falloir plus, sinon ça ne marchera pas."

      "Oh, j’ai ce qu’il faut." Cela s'approcha de la table à côté d'elle et ramassa un morceau de vélin plié en carré. "Ceci n'est qu'une esquisse mais c'est assez précis."

      "Qu'est-ce que c'est ?"

      "Une carte des Jardins des Morts."

      Maros étouffa un rire. "Par Verragos, où donc avez-vous dégoté ça ?"

      "Là n'est pas la question, sabreur. Il y a là toutes les informations à ma disposition. Prenez votre décision."

      Il la regarda posément et envisagea les hypothèses. Si l'on brûle les morts de nos jours, c'est dû à ce qui s'était passé à Lachyla. Il n'y avait pas d'endroit plus entouré de mythes et de superstition que cette ville et son cimetière dans tout Himaera. Mais qui sait vraiment ce qui se trouve au fin fond de ces Terres Mortes ? Peut-être que la légende dit vrai, peut-être pas. Quoi qu'il en soit, ce genre de prime ne pouvait être qu'une aubaine. Et ma part ne serait pas des moindres. Sans parler de la réputation qui remettrait la guilde au haut du pavé. "D'accord," dit-il. "Tranchons. Montrez-moi le dari."

      Cela tira une fine chaîne de l'encolure de son chemisier. Elle fit tourner l'une des extrémités du pendentif rectangulaire puis lui tendit l'une des moitiés. L'intérieur en avait été façonné comme une clé. Elle pointa du doigt un piédestal


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