La Cité Ravagée. Scott Kaelen

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La Cité Ravagée - Scott Kaelen


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quoi ?"

      "Tu as remarqué qu'il n'y a pas une toile ici ?"

      Oriken plissa les yeux en anticipant les prochaines paroles de Dagra.

      "Je crois les avoir trouvées." Dagra pointa de son pouce par-dessus son épaule. "Elles sont toutes réunies dans ce trou. Du moins, ça en a tout l'air." Oriken grimaça ; Dagra haussa innocemment les épaules. "Eh, c'est toi qui as demandé à savoir."

      "Oui, mais il y a une différence entre information et trop d'information. Tu ne pouvais pas résister, hein ?" Oriken pointa un doigt accusateur. "Je te revaudrai ça."

      Dagra eut un sourire en coin. Les plaisanteries allégeaient quelque peu l'état d'esprit dans lequel il se trouvait.

      Dans les décombres, une petite pierre de sang attira son attention. Il se pencha, la ramassa et l'essuya sur son pantalon. C'était une pierre lisse de forme ovale, d'un vert profond parsemé de taches écarlates.

      Pas de grande valeur mais une jolie babiole. Ça ne fait plus partie d'un tombeau, rationalisa Dagra, balayant ainsi le problème moral que son geste occasionnait. Je pourrais demander au forgeron de me l'incruster dans le pommeau de mon glaive. Un souvenir de ce voyage, pensa-t-il sournoisement tout en fourrant la pierre de sang dans sa poche.

      "Ces babioles ne valent presque rien," dit-il tranquillement, "mais quel genre de voleur ordinaire laisserait ça derrière ? Est-ce que l'un de vous a vu d'autres traces de vandalisme mis à part cette dalle cassée ?"

      Oriken fronça les sourcils. "Maintenant que tu en parles, eh bien non. Mais si quelqu'un est venu ici, il cherchait probablement ce que nous sommes venus chercher. Peut-être même des sabreurs, d'ailleurs. Tout est possible."

      Jalis secoua la tête. "Sauf que personne n'a traversé les Terres Mortes depuis des siècles."

      "Prétendument," dit Dagra.

      Oriken haussa les épaules. "Peut-être que notre cliente a embauché quelqu'un avant nous et c'est dans ce tombeau qu'ils ont trouvé le joyau."

      Jalis donna un léger coup de pied dans les décombres. "Cette dalle enchâssait une pierre de la même taille que les autres." Elle lança à Dagra un long regard entendu. "Aucune de celles que nous avons vues jusqu'ici n'est aussi grande que celle que nous cherchons."

      Oriken jeta un regard en direction de l'alcôve. "Peut-être que c'est enterré avec le corps et non pas incrusté dans une dalle de granit."

      Jalis sembla en douter. "Ces gens ont fait tout leur possible pour décorer cet endroit de pierres précieuses. Pourquoi iraient-ils enfermer ce bijou là ou personne ne le verrait ?"

      Dagra secoua la tête et dit à Oriken. Même si le joyau était à l'intérieur, toi tu n'as pas vu ce nid de toiles d'araignée. Personne n'y a touché. Et c'est très épais. Celui qui a délogé la dalle n'a pas pris la peine d'explorer plus loin. Ou, si il l'a fait, alors ça s'est passé il y a vraiment longtemps comme l'a souligné Jalis."

      Les yeux emplis d'effroi sous le rebord de son chapeau, Oriken se risqua à aller regarder l'alcôve de plus près. "Je ne peux pas lui en vouloir de ne pas être allé plus loin. Pour cette toile, moi, je romprais le contrat. Essaie de me faire ramper dans un trou plein de toiles d'araignée. C'en est fini. Pas même pour un sac rempli de dari d'or." Il passa un pouce dans son ceinturon. "Pas pour tout le dari en Himaera. Pas une chance."

      "Dieux !" Dagra pâlit. "J'espère que le joyau n'est pas caché au fond de l'un de ces trous, avec un pauvre cadavre dont le corps a été abandonné à la putréfaction et l'âme vouée à l'errance dans les limbes et que nous, nous ayons à grimper et fourrager dedans..."

      Jalis claqua des doigts sous le nez de Dagra. "Arrête ça tout de suite. Tu continues sur ta lancée et je t'aiderai à trouver un remède expéditif contre ta phobie."

      "Hein ?" Confus, Dagra fronça les sourcils, puis il suivit le regard de Jalis en direction de l'alcôve tapissée de toile d'araignée. Il la regarda de travers et elle hocha de la tête alors qu'il reculait d'un pas. "Tu ne ferais pas ça."

      Elle posa un doigt sur ses lèvres. "Alors chut, Dag. Tous les deux." Regardant tour à tour Dagra et Oriken, elle abaissa les yeux vers les traces de pas dans la poussière. "Je n'aime pas ça mais, je viens de réaliser un truc à propos de ces empreintes."

      Dagra soupira, "De bonnes nouvelles, pour changer ?"

      Jalis lui fit un coup d'œil sarcastique.

      "Vas-y, crache le morceau."

      "Tu avais vu juste quand tu disais que tu n'avais vu aucune trace de vandalisme. Ça m'a fait réfléchir. Si quelqu'un était entré ici, il aurait du y avoir deux séries de traces de pas. Une qui y entre, et une autre qui en sort. Mais, à part nos propres traces, je n'en ai vu qu'une."

      Un doute envahit Oriken. "Tu penses que celui qui est entré n'en est jamais ressorti ? Qu'il est... mort ici ? Oh ! Tu penses qu'il y a une autre sortie !"

      "C'était ma première idée. Mais s'il y a un autre accès, la carte n'en dit rien. Mais là n'est pas la question. Regardez." Elle pointa en direction des décombres et Dagra suivit le mouvement de sa lampe pour éclairer l'endroit. "Les traces s'arrêtent là," dit Jalis, l'air assombri.

      Ce que Dagra avait vu était juste. Au-delà, la poussière n'avait pas été dérangée. Alors qu'un scénario lugubre se faisait jour dans son esprit, il se frotta le menton de son pouce. Il regarda Jalis avec prudence et secoua la tête. "Ne le dis pas."

      "Il ne s'agit pas de quelqu'un qui est venu," dit-elle. "Mais de quelqu'un qui en est sorti."

      "Il fallait que tu le dises, vraiment ?"

      Oriken croisa les bras. "De mieux en mieux."

      Jalis haussa les épaules, comme à regret.

      "Pour l'amour des dieux," grommela Dagra. "C'est à mourir de trouille avant même d'avoir trouvé ce maudit bijou. Allez, on continue à chercher." Il pinça les lèvres et sortit son glaive de son fourreau tout en regardant ses compagnons dans les yeux.

      Oriken inclina la tête et dégaina son sabre.

      Bien qu'elle les gardât dans leurs fourreaux, Jalis vérifia ses poignards qu'elle gardait accrochés à sa cuisse et à sa taille. "D'accord," dit-elle. "Mais savoir à quoi nous faisons face ne peut que nous donner un avantage."

      Dagra bougonna. "Tu ne diras pas ça quand le seul avantage qu’on aura est que j’ai chié dans mon froc."

      Ils poursuivirent leur progression dans la chambre funéraire, inspectant rapidement chaque alcôve en passant, jusqu'à ce qu'ils parvinrent finalement au fond de la crypte. Devant eux, une grande dalle rectangulaire en granit était ancrée dans le sol et dont la hauteur atteignait le haut du chapeau d'Oriken. Une rangée de piédestaux à hauteur de taille courait le long de chaque mur et sur chacun d'eux reposait une collection de pierres précieuses recouvertes de poussière.

      Il fut bouche bée quand il découvrit sa particularité principale. Serti dans le granit à hauteur des yeux de Dagra se trouvait un joyau magnifiquement ciselé et dont la taille faisait deux fois son poing. Par les Dyades, la vieille Cela ne plaisantait pas. Elle n'a pas exagéré non plus.

      Une bande d'argent encerclait le bijou, le maintenant fermement dans son châssis de pierre. Les reflets de la lampe à huile scintillaient sur la surface du joyau aux multiples facettes, lançant des reflets roses et verts.

      "Douce Khariali," murmura-t-il, invoquant le nom de la déesse primitive des pierres et des métaux.

      "Douce Khariali, comme tu dis," lui fit Oriken en écho. "Le voilà donc !"

      "Il est magnifique," murmura Jalis.

      Dagra posa la lampe sur le piédestal le plus proche, repoussant les pierres qui s'y trouvaient pour faire de la place, et fit un pas en arrière. C'était peut-être son imagination, ou la façon dont la lumière se


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