Condamné à fuir. Блейк Пирс

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Condamné à fuir - Блейк Пирс


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d’autres.

      Adèle se plaça directement sous l’eau tout en serrant les poings, jusqu’à ce que ses articulations appuyées contre le plastique blanc froid et lisse qui imitait la porcelaine pâlissent.

      John avait tué le tueur en série avant qu’il ne tue Adèle, ce qui l’avait laissée avec encore davantage de questions. Elle regrettait en partie qu’il n’ait pas survécu.

      Pourquoi était-ce drôle qu’elle ait quitté Paris ? Cette phrase la hantait maintenant. Elle continuait à la répéter dans son esprit. Honnêtement, c’est drôle que vous ayez quitté Paris… Surtout vu où vous travailliez. Presque comme s’il la taquinait. Il voulait certainement parler de l’assassin de sa mère.

      Paris. Elle en était presque certaine maintenant. L’assassin de sa mère avait vécu à Paris. Peut-être y vivait-il encore. Il aurait quoi, cinquante ans ? Adèle secoua la tête, envoyant des gouttelettes d’eau tout autour d’elle dans la douche et sur le sol glissant.

      Elle serra les dents tandis que le liquide plus tiède continuait à jaillir en jets irréguliers du plafond.

      Dans un élan de frustration, elle tourna le bouton au maximum, mais l’eau ne se réchauffa pas. Adèle battit des paupières, ses yeux piquaient à cause de l’eau et du savon qui lui coulaient le long des joues. Elle toisa avec colère le pommeau de douche, la flèche pointant vers le point culminant signalé d’une entaille rouge.

      – Très bien, murmura-t-elle.

      Elle attrapa la poignée et la tourna dans l’autre sens. Les petites habitudes se renforçaient avec le temps. L’eau froide commença à décrire un arc au-dessus de sa tête et lui donna la chair de poule. Les dents d’Adèle se mirent à claquer, et la douleur sur son côté s’atténua lorsque son corps s’engourdit parce que l’eau froide était devenue glaciale.

      Elle resta tout de même sous la douche.

      Le tueur l’avait narguée. Comme s’il savait quelque chose. Quelque chose qu’elle ignorait. Quelque chose que les autorités n’avaient pas découvert. Qu’est-ce que cela avait à voir avec son lieu de travail ? C’était la partie qui la dérangeait le plus. C’était presque comme si… Elle secoua à nouveau la tête, repoussant l’idée.

      Mais… et si c’était vrai ?

      Et si l’assassin de sa mère était d’une manière ou d’une autre lié à la DGSI ? Peut-être pas au sein de l’agence elle-même, mais dans le bâtiment. Il y avait peut-être une proximité. Sinon, qu’avait-il pu bien vouloir dire ?

      Surtout vu où vous travailliez…

      L’homme sur lequel John avait tiré savait quelque chose sur l’assassin de sa mère. Mais il avait emporté son secret dans sa tombe. Et le Jardinier, l’homme qu’il avait vénéré, l’homme qui avait tué sa mère, était toujours en liberté.

      L’eau froide continuait à couler le long de de ses épaules, et elle soufflait rapidement pour en supporter la température, mais refusait toujours de bouger.

      Elle serait plus réactive la prochaine fois. Ils lui avaient proposé de rejoindre une unité opérationnelle chez Interpol dans le cadre d’affaires bien spécifiques. Adèle avait hâte de retourner en Europe. Elle aimait la Californie, et elle aimait travailler pour le FBI, surtout avec son amie l’agent Grant comme superviseur. Mais son désir d’élucider le meurtre de sa mère exigeait un certain niveau de proximité.

      Finalement, elle appuya son avant-bras contre la porte vitrée et, haletante, Adèle referma le robinet.

      L’eau glacée s’arrêta enfin de couler. Elle resta debout un instant, tremblotante dans la cabine de douche, tandis que l’eau gouttait discrètement.

      La personne qui avait conçu cette salle de bains avait placé le porte-serviettes au dos de la porte, de l’autre côté de la pièce. Il lui fallait avancer de quelques pas pour l’atteindre et, bien qu’il y ait un tapis de bain sur le sol pour absorber l’eau, elle préférait attendre un peu dans la douche pour se sécher avant de sortir.

      Elle attendit donc, plongée dans ses pensées, seulement interrompue par un frisson. Un souvenir remonta, dans lequel elle était aussi trempée et frissonnante…

      Un éclair de chaleur se fit sentir dans ses joues. Elle repensa à sa baignade dans la piscine de Robert – John était venu pour une soirée…

      Il était imbuvable. Grossier, odieux, agaçant, non professionnel.

      Mais aussi beau, ajouta une petite voix au fond d’elle. Fiable. Dangereux.

      Elle secoua la tête et sortit de la douche, faisant grincer la porte en verre et en métal qui se heurta au mur jaune ; quelques éclats de peinture tombèrent du plafond. Adèle soupira en levant les yeux. Des plaques de moisissure s’étaient formées sous le revêtement. Le locataire précédent avait peint par-dessus, ce qui n’avait servi qu’à masquer le problème.

      Elle devrait peut-être envoyer un texto à John.

      Non, ce serait trop familier. Un e-mail alors ? Trop impersonnel. L’appeler ?

      Adèle hésita un instant et saisit brusquement sa serviette pour se sécher les cheveux. Pourquoi pas l’appeler. Elle se pencha sur le côté de l’égratignure et grimaça à cause de la blessure.

      Certaines blessures guérissaient lentement. Mais d’autres fois, il était préférable d’éviter complètement une blessure. Il était peut-être préférable qu’elle n’appelle pas John du tout.

      L’épuisement pesait lourdement sur ses épaules alors qu’elle traversait son appartement pour se rendre dans la chambre. Ses paupières commençaient déjà à se baisser. Trois heures supplémentaires à remplir de la paperasse et à justifier l’échange de tir l’avaient épuisée.

      C’était une pensée horrible, mais Adèle commençait à souhaiter qu’une affaire surgisse en Europe.

      Peut-être une affaire pas trop nocive pour autrui. Juste histoire de la faire sortir de Californie. La tirer de son appartement exigu. C’était trop calme. Pour certaines personnes, les bruits d’autres êtres humains se déplaçant, profitant de leur vie, étaient apaisants. Cela évitait les moments de solitude.

      Adèle soupira à nouveau et alla dans sa chambre pour enfiler son pyjama. Elle remit un pansement sur ses éraflures et tenta de supprimer toute animosité à l’égard de son jeune partenaire. Elle se mit au lit et resta allongée immobile pendant quelques minutes.

      Quand ils étaient ensemble, Angus et elle regardaient la télévision pour s’endormir. Parfois, il lisait un livre, à voix haute pour qu’elle en profite, elle aussi. D’autres fois, ils se blottissaient l’un contre l’autre et parlaient pendant plusieurs heures avant de s’assoupir.

      Mais maintenant, elle était allongée dans son lit. Pas de télévision. Pas de livres. Juste le silence.

      CHAPITRE TROIS

      Melissa Robinson monta les marches menant à son appartement, en fredonnant tranquillement pour elle-même. Au loin, elle distinguait les cloches de la ville. Elle s’arrêta pour écouter, avec un sourire croissant. Elle vivait à Paris depuis sept ans maintenant, mais les bruits de la ville étaient toujours les mêmes.

      Elle monta les marches suivantes. Il n’y avait pas d’ascenseur dans cet immeuble. Il était trop vieux. Tellement parisien, se dit-elle.

      Elle sourit à nouveau en avançant lentement dans l’escalier. Il n’y avait pas d’urgence. La nouvelle arrivante qu’elle allait rencontrer lui avait donné rendez-vous à quatorze heures. Il était 13 heures 58. Melissa s’arrêta en haut du palier, jetant un coup d’œil par la large fenêtre donnant sur la ville. Elle n’avait pas grandi à Paris, mais cette ville était magnifique. Elle aperçut les vieilles structures de pierres jaunies des bâtiments plus anciens que dans certains pays. Elle remarqua l’alternance d’immeubles résidentiels et de cafés, ainsi que


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