Les chasseurs de chevelures. Майн Рид

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Les chasseurs de chevelures - Майн Рид


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marchant lourdement sur les pieds de l'etranger, cria:

      —Allons, heup, vieux marchand de graisse! donne-moi ta place.

      —Y porque? (et pourquoi?) demanda le Mexicain se dressant sur ses pieds.

      Et toisant le Missourien avec une surprise indignee.

      —Porky te damne! Je suis fatigue de danser. J'ai besoin de m'asseoir. Voila, vieille bete.

      Il y avait tant d'insolence et de brutalite dans l'acte de cet homme que je ne pus m'empecher d'intervenir.

      —Allons! dis-je en m'adressant a lui, vous n'avez pas le droit de prendre la place de ce gentleman, et surtout d'agir d'une telle facon.

      —Eh! monsieur, qui diable vous demande votre avis? Allons, heup! je dis.

      Et il saisit le Mexicain par le coin de sa manga comme pour l'arracher de son siege.

      Avant que j'eusse eu le temps de repliquer a cette apostrophe et a ce geste, l'etranger etait debout, et d'un coup de poing bien applique envoyait rouler l'insolent a quelques pas.

      Ce fut comme un signal. Les querelles atteignirent leur plus haut paroxysme. Un mouvement se fit dans toute la salle. Les clameurs des ivrognes se melerent aux maledictions dictees par l'esprit de vengeance; les couteaux brillerent hors de l'etui: les femmes jeterent des cris d'epouvante, et les coups de feu eclaterent, remplissant la chambre d'une epaisse fumee. Les lumieres s'eteignirent, et l'on entendit le bruit d'une lutte effroyable dans les tenebres, la chute de corps pesants, les vociferations, les jurements, etc. La melee dura environ cinq minutes. N'ayant pour ma part aucun motif d'irritation contre qui que ce fut, je restai debout a ma place sans faire usage ni de mon couteau ni de mes pistolets; ma maja, effrayee, se serrait contre moi en me tenant par la main. Une vive douleur que je ressentis a l'epaule gauche me fit lacher tout a coup ma jolie compagne, et, sous l'empire de cette inexpressible faiblesse que provoque toujours une blessure recue, je m'affaissai sur la banquette. J'y demeurai assis jusqu'a ce que le tumulte fut apaise, sentant fort bien qu'un ruisseau de sang s'echappait de mon dos et imbibait mes vetements de dessous.

      Je restai dans cette position, dis-je, jusqu'a ce que le tumulte eut pris fin; j'apercus un grand nombre d'hommes vetus en chasseurs courant ca et la en gesticulant avec violence. Les uns cherchaient a justifier ce qu'ils appelaient une bagarre, tandis que d'autres, les plus respectables parmi les marchands, les blamaient. Les leperos et les femmes avaient tous disparu, et je vis que les Americanos avaient remporte la victoire. Plusieurs corps gisaient sur le plancher; c'etaient des hommes morts ou mourants. L'un etait un Americain, le Missourien, qui avait ete la cause immediate du tumulte; les autres etaient des pelados. Ma nouvelle connaissance, l'homme a la manga pourpre n'etait plus la. Ma fandanguera avait egalement disparu, ainsi que su marido, et, en regardant a ma main gauche, je reconnus que mon diamant aussi avait disparu.

      —Saint-Vrain! Saint-Vrain! criai-je en voyant la figure de mon ami se montrer a la porte.

      —Ou etes-vous, Haller, mon vieux camarade? Comment allez-vous? bien, j'espere?

      —Pas tout a fait, je crains.

      —Bon Dieu! qu'y a-t-il donc? Aie! vous avez recu un coup de couteau dans les reins! Ce n'est pas dangereux, j'espere. Otons vos habits que je voie cela.

      —Si nous regagnions d'abord ma chambre?

      —Allons! tout de suite, mon cher garcon; appuyez-vous sur moi; appuyez, appuyez-vous!

      Le fandango etait fini.

       Table des matières

      SEGUIN LE CHASSEUR DE SCALPS.

      J'avais eu precedemment le plaisir de recevoir une blessure sur le champ de bataille. Je dis le plaisir; sous certains rapports, les blessures ont leur charme. On vous a transporte sur une civiere en lieu de surete; un aide de camp, penche sur le cou de son cheval ecumant, annonce que l'ennemi est en pleine deroute, et vous delivre ainsi de la crainte d'etre transperce par quelque lancier moustachu; un chirurgien se penche affectueusement vers vous, et, apres avoir examine pendant quelque temps votre blessure, vous dit: Ce n'est qu'une egratignure, et vous serez gueri avant une ou deux semaines. Alors vous apparaissent les visions de la gloire, de la gloire chantee par les gazettes; le mal present est oublie dans la contemplation des triomphes futurs, des felicitations des amis, des tendres sourires de quelque personne plus chere encore. Reconforte par ces esperances, vous restez etendu sur votre dur lit de camp, remerciant presque la balle qui vous a traverse la cuisse, ou le coup de sabre qui vous a ouvert le bras. Ces emotions, je les avais ressenties. Combien sont differents les sentiments qui vous agitent quand on agonise des suites d'une blessure due au poignard d'un assassin!

      J'etais surtout fort inquiet de savoir quelle pouvait etre la profondeur de ma blessure. Etais-je mortellement atteint? Telle est la premiere question que l'on s'adresse quand on s'est senti frappe. Il est rare que le blesse puisse se rendre compte du plus ou moins de gravite de son etat. La vie peut s'echapper avec le sang a chaque pulsation des arteres, sans que la souffrance depasse beaucoup celle d'une piqure d'epingle. En arrivant a la fonda, je tombai epuise sur mon lit. Saint-Vrain fendit ma blouse de chasse depuis le haut jusqu'en bas, et commenca par examiner la plaie. Je ne pouvais voir la figure de mon ami, puisqu'il etait derriere moi, et j'attendais avec impatience.

      —Est-ce profond? demandai-je.

      —Pas aussi profond qu'un puits et moins large qu'une voie de wagon, me fut-il repondu. Vous etes sauf, mon vieux camarade. Remerciez-en Dieu, et non l'homme qui vous a coutele, car le gredin a fait tout ce qu'il a pu pour vous expedier. C'est un coup de couteau espagnol, et c'est une terrible blessure. Par le Seigneur! Haller, il s'en est peu fallu! un pouce de plus, et l'epine dorsale etait atteinte, mon garcon? Mais vous etes sauf, je vous l'assure. Gode, passez-moi cette eponge!

      —Sacr-ree!… murmura Gode avec toute l'energie francaise pendant qu'il tendait l'eponge humide.

      Je sentis le frais de l'eau, puis une compresse de coton fin et tout neuf, ce qu'on put trouver de mieux dans ma garde-robe, fut appliquee sur la blessure, et fixee avec des bandes. Le plus adroit chirurgien n'aurait pas fait mieux.

      —Voila qui est bien arrange, ajouta Saint-Vrain, en posant la derniere epingle et en me placant dans la position la plus commode. Mais qui donc a provoque cette bagarre, et comment avez-vous fait pour y jouer un pareil role? Et j'etais dehors, malheureusement!

      —Avez-vous remarque un homme d'une tournure etrange?

      —Qui? celui qui portait une manga rouge?

      —Oui.

      —Qui etait assis pres de nous?

      —Oui.

      —Ah! je ne m'etonne pas que vous lui ayez trouve une tournure etrange, et il est plus etrange encore qu'il ne parait. Je l'ai vu, je le connais, et peut-etre suis-je le seul de tous ceux qui etaient la qui puisse en dire autant. Si; il y en avait un autre, continua Saint-Vrain avec un singulier sourire; mais ce qui m'intrigue, c'est de savoir pourquoi il se trouvait la. Armijo ne doit pas l'avoir vu. Mais continuez.

      Je racontai a Saint-Vrain toute ma conversation avec l'etranger, et les incidents qui avaient mis fin au fandango.

      —C'est bizarre! tres-bizarre! Que diable peut-il avoir tant a faire de votre cheval? Courir deux cents milles, et offrir mille dollars!

      —Mefiez-vous capitaine! Gode me donnait le titre de capitaine depuis mon aventure avec les buffalos; si ce monsieur a fait deux cents mille et veut payer un mille, thousand dollars, pardieu! c'est que Moro lui plait diablement. Cela montre une grande passion pour ce cheval! why, pourquoi, puisqu'il en a tant envie, pourquoi ne le volerait-il pas?

      Je fus frappe de cette supposition, et me tournai vers Saint-Vrain.

      —Avec


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