LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан


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minutes ! Si calme d’ordinaire, si maître de lui, si ingénieux à se divertir, Lupin était fébrile, tour à tour exubérant et déprimé, sans force contre l’ennemi, défiant de tout, morose.

      Le 20 août…

      Il eût voulu agir et il ne le pouvait pas. Quoi qu’il fît, il lui était impossible d’avancer l’heure du dénouement. Ce dénouement aurait lieu ou n’aurait pas lieu, mais Lupin n’aurait point de certitude avant que la dernière heure du dernier jour se fût écoulée jusqu’à la dernière minute. Seulement alors il saurait l’échec définitif de sa combinaison.

      – échec inévitable, ne cessait-il de répéter, la réussite dépend de circonstances trop subtiles, et ne peut être obtenue que par des moyens trop psychologiques… Il est hors de doute que je m’illusionne sur la valeur et sur la portée de mes armes… Et pourtant…

      L’espoir lui revenait. Il pesait ses chances. Elles lui semblaient soudain réelles et formidables. Le fait allait se produire ainsi qu’il l’avait prévu, et pour les raisons mêmes qu’il avait escomptées. C’était inévitable…

      Oui, inévitable. À moins, toutefois, que Sholmès ne trouvât la cachette…

      Et de nouveau, il pensait à Sholmès, et de nouveau un immense découragement l’accablait.

      Le dernier jour…

      Il se réveilla tard, après une nuit de mauvais rêves.

      Il ne vit personne, ce jour-là, ni le juge d’instruction, ni son avocat.

      L’après-midi se traîna, lent et morne, et le soir vint, le soir ténébreux des cellules… Il eut la fièvre. Son cœur dansait dans sa poitrine comme une bête affolée.

      Et les minutes passaient, irréparables…

      À neuf heures, rien. À dix heures, rien.

      De tous ses nerfs, tendus comme la corde d’un arc, il écoutait les bruits indistincts de la prison, tâchait de saisir à travers ces murs inexorables tout ce qui pouvait sourdre de la vie extérieure.

      Oh ! Comme il eût voulu arrêter la marche du temps, et laisser au destin un peu plus de loisirs !

      Mais à quoi bon ! Tout n’était-il pas terminé ?

      – Ah ! s’écria-t-il, je deviens fou. Que tout cela finisse ! ça vaut mieux. Je recommencerai autrement j’essaierai autre chose mais je ne peux plus, je ne peux plus.

      Il se tenait la tête à pleines mains, serrant de toutes ses forces, s’enfermant en lui-même et concentrant toute sa pensée sur un même objet, comme s’il voulait créer l’événement formidable, stupéfiant, inadmissible, auquel il avait attaché son indépendance et sa fortune.

      – Il faut que cela soit, murmura-t-il, il le faut, et il le faut, non pas parce que je le veux, mais parce que c’est logique. Et cela sera… cela sera…

      Il se frappa le crâne à coups de poing, et des mots de délire lui montèrent aux lèvres… La serrure grinça. Dans sa rage il n’avait pas entendu le bruit des pas dans le couloir, et voilà tout à coup qu’un rayon de lumière pénétrait dans sa cellule et que la porte s’ouvrait.

      Trois hommes entrèrent.

      Lupin n’eut pas un instant de surprise.

      Le miracle inouï s’accomplissait, et cela lui parut immédiatement naturel, normal, en accord parfait avec la vérité et la justice.

      Mais un flot d’orgueil l’inonda. À cette minute vraiment, il eut la sensation nette de sa force et de son intelligence.

      – Je dois allumer l’électricité ? dit un des trois hommes, en qui Lupin reconnut le directeur de la prison.

      – Non, répondit le plus grand de ses compagnons avec un accent étranger Cette lanterne suffit.

      – Je dois partir ?

      – Faites selon votre devoir, monsieur, déclara le même individu.

      – D’après les instructions que m’a données le Préfet de police, je dois me conformer entièrement à vos désirs.

      – En ce cas, monsieur, il est préférable que vous vous retiriez.

      M. Borély s’en alla, laissant la porte entrouverte, et resta dehors, à portée de la voix.

      Le visiteur s’entretint un moment avec celui qui n’avait pas encore parlé, et Lupin tâchait vainement de distinguer dans l’ombre leurs physionomies. Il ne voyait que des silhouettes noires, vêtues d’amples manteaux d’automobilistes et coiffées de casquettes aux pans rabattus.

      – Vous êtes bien Arsène Lupin ? dit l’homme, en lui projetant en pleine face la lumière de la lanterne.

      Il sourit.

      – Oui, je suis le nommé Arsène Lupin, actuellement détenu à la Santé, cellule 14, deuxième division.

      – C’est bien vous, continua le visiteur, qui avez publié, dans le Grand Journal, une série de notes plus ou moins fantaisistes, où il est question de soi-disant lettres…

      Lupin l’interrompit :

      – Pardon, monsieur, mais avant de continuer cet entretien, dont le but, entre nous, ne m’apparaît pas bien clairement, je vous serais très reconnaissant de me dire à qui j’ai l’honneur de parler.

      – Absolument inutile, répliqua l’étranger.

      – Absolument indispensable, affirma Lupin.

      – Pourquoi ?

      – Pour des raisons de politesse, monsieur. Vous savez mon nom, je ne sais pas le vôtre ; il y a là un manque de correction que je ne puis souffrir.

      L’étranger s’impatienta.

      – Le fait seul que le directeur de cette prison nous ait introduits, prouve…

      – Que M. Borély ignore les convenances, dit Lupin. M. Borély devait nous présenter l’un à l’autre. Nous sommes ici de pair, monsieur. Il n’y a pas un supérieur et un subalterne, un prisonnier et un visiteur qui condescend à le voir. Il y a deux hommes, et l’un de ces hommes a sur la tête un chapeau qu’il ne devrait pas avoir.

      – Ah ! ça, mais…

      – Prenez la leçon comme il vous plaira, monsieur, dit Lupin.

      L’étranger s’approcha et voulut parler.

      – Le chapeau d’abord, reprit Lupin, le chapeau…

      – Vous m’écoutez !

      – Non.

      – Si.

      – Non.

      Les choses s’envenimaient stupidement. Celui des deux étrangers qui s’était tu, posa sa main sur l’épaule de son compagnon et il lui dit en allemand :

      – Laisse-moi faire.

      – Comment ! Il est entendu…

      – Tais-toi et va-t’en.

      – Que je vous laisse seul !

      – Oui.

      – Mais la porte ?

      – Tu la fermeras et tu t’éloigneras…

      – Mais cet homme… vous le connaissez… Arsène Lupin…

      – Va-t’en.

      L’autre sortit en maugréant.

      – Tire donc la porte, cria le second visiteur… Mieux que cela… Tout à fait… Bien…

      Alors il se retourna, prit la lanterne


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