La Sacrifiée Indécise. Ines Johnson

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La Sacrifiée Indécise - Ines Johnson


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pas besoin du contact physique pour être rassasié. Il avait juste besoin d’un but. Et elle était ce but.

      — Elle a du feu dans les veines.

      Béryl sentit le soulagement le parcourir. Les pensées qu’il venait d’avoir un instant plus tôt s’envolèrent de son esprit. Elle était belle, et il avait physiquement envie d’elle. Avec la confirmation de son sang de feu, les reins de Béryl brûlèrent de la prendre là, tout de suite.

      — Et encore mieux, dit Morrigan. Regarde de plus près, elle a des écailles.

      Berçant sa récompense dans ses bras, Béryl fit glisser le tissu de ses épaules délicates. Il eut un hoquet de surprise devant ce qu’il avait sous les yeux. Sur sa peau pâle, il y avait des taches dorées. Elles étaient douces au toucher, mais il sut instantanément ce qu’elles étaient.

      — Comment s’appelle-t-elle ? demanda-t-il.

      — Je n’ai pas demandé. Protège tes parties, cela dit. Elle allait castrer ma cible avant que je puisse le réclamer.

      Béryl sourit à cette déclaration. Son humaine avait du tempérament, tout comme Cardi et Chryssie. Elle était parfaite. Il découvrit le reste de son corps et commença le rituel du ligotage.

      CHAPITRE 4

      Elle était assurément morte.

      Comment en était-elle certaine ? Parce qu’on était en train de la câliner. Les câlins ne se produisaient qu’avec les mamans, dans le monde réel, et sa maman était morte.

      Depuis qu’elle était petite, Poppy avait vu beaucoup de mamans mettre des claques à leurs enfants, ou les faire aller dans la direction qu’elles voulaient en utilisant la force, ou les pousser ou les pincer pour les faire tenir tranquilles. Mais Poppy avait eu de la chance. Sa maman lui faisait des câlins le soir, de temps en temps. Mais seulement quand le lit de sa maman n’était pas occupé par un client.

      C’était dans ces moments-là que Poppy se sentait en sécurité. C’était dans ces moments-là que Poppy ne désirait pas s’envoler dans un monde imaginaire vu à la télévision.

      Quand elle était dans les bras de sa mère, le monde cessait d’être un endroit dangereux où la nourriture était peu abondante, où les voix hurlaient toujours, et où les hommes regardaient les petites filles comme de délicieux goûters.

      Cela avait été l’après-midi, quand Poppy s’était allongée dans le lit de sa mère et avait sommeillé. L’école avait fini plus tôt, et elle était rentrée pour trouver la caravane déserte. Quand des bras étaient venus l’entourer, ils n’avaient pas paru chaleureux. Ils avaient été pleins de sueur et avaient pué le relent d’homme mal lavé.

      Non.

      Les yeux de Poppy étaient fermés, dans le présent. Elle les ferma encore plus fort. Elle refusait de penser à cela. Elle était en sécurité, morte, et enfin de retour dans les bras de sa mère.

      Sa mère s’était occupée de l’homme puant qui avait mis ses mains dégueulasses dans la culotte propre de Poppy. Il y avait eu du sang sur le lit, mais ça n’avait pas été celui de Poppy. Et puis sa mère avait pris Poppy dans ses bras pour une étreinte chaleureuse.

      C’était la dernière qu’elle avait reçue.

      Jusqu’à maintenant.

      Poppy avait toujours su que la mort n’était pas quelque chose à craindre. À présent, elle était de nouveau avec sa maman. Elle recevrait de chaleureux câlins pour l’éternité.

      C’était juste que… Est-ce que les câlins de sa mère avaient toujours été aussi serrés ? Elle avait eu l’habitude de pouvoir tourner le buste pour poser la tête contre le cœur battant de sa mère. Elle n’y parvenait pas, à cet instant.

      Les bras de sa maman avaient toujours été fins. Mais pas aussi fins qu’un morceau de corde. Et puis, sa maman avait deux bras, et ils n’étaient pas si longs. Mais Dieu sait comment, ils étaient enroulés autour de ses bras, de son ventre et de ses jambes.

      Quelque chose clochait. Poppy baissa la tête pour soulager la nausée qui menaçait. Elle pouvait toucher sa poitrine de son menton, mais son ventre se serra. Elle ouvrit les yeux et vit qu’elle était bien dans une étreinte. Des cordes l’entouraient, pas les bras pâles, couverts de traces de piqûres et de bleus, de sa mère.

      Pendant un instant, elle ne put que regarder et admirer l’œuvre artisanale réalisée avec les cordes. Elles parcouraient tout son corps en un motif complexe. Elle avait l’air d’avoir été emballée comme un présent. Elle attendit que la peur plante ses griffes en elle, que le besoin de s’échapper la submerge.

      Rien ne vint. Elle ne put empêcher un sentiment de paix de l’envahir, à être ainsi attachée. Elle se sentait en sûreté, en sécurité.

      Génial. Donc, elle avait perdu l’esprit autant que la liberté en mourant.

      C’était toujours mieux que d’être dans ce trou à rats avec Bruce. Ça ne pouvait vraiment pas être pire, d’être esclave de cet ange de la mort. Au moins Poppy n’aurait pas à s’allonger sur le dos pour gagner sa vie.

      Ou, du moins, elle l’espérait. Est-ce que les anges étaient lesbiennes ? Avaient-elles des relations sexuelles ? Elles devaient en avoir, pour faire des bébés anges.

      Elle avait envisagé le lesbianisme quand elle était adolescente, après sa première expérience sexuelle avec un garçon. Elle avait rejeté cette idée, un peu plus tard, quand Joanna Wilcox, la reine de la promo et la plus méchante des filles à arpenter ces couloirs, avait fait son coming-out. Quel était l’avantage de changer de camp si les brutes existaient dans chaque type de sexualité ?

      Rapports sexuels ou pas rapports sexuels, il y avait un problème beaucoup plus grave avec cette nouvelle captivité. Ses taches étaient visibles. Les cordes remontaient sa robe sur ses cuisses. Être ligotée était une chose. Bruce l’avait attachée auparavant. Il l’avait même enfermée dans un placard, une fois, pour lui avoir apporté la mauvaise marque de bière. Mais être découverte comme cela, ça n’allait pas.

      Poppy se tortilla. Elle bougea les hanches de droite à gauche, essayant d’attraper l’ourlet de sa robe dans ses mains. Si elle pouvait juste tirer un peu dessus, elle pourrait recouvrir la plus grosse tache sur sa cuisse droite.

      — Stop, dit une voix grave. Tu vas te blesser.

      Poppy fit ce qu’on lui dit. En partie à cause de l’autorité dans la voix de l’homme ; elle avait été conditionnée à l’obéissance depuis son plus jeune âge. Mais en grande partie parce que la voix était celle d’un homme. Il semblerait qu’elle allait travailler sur le dos à nouveau, après tout. Et avec un homme qui aimait ses victimes impuissantes et ligotées.

      — Je sens l’odeur de la peur sur toi, petite.

      Petite ? Si c’était son idée d’une insulte, elle avait entendu pire. Prostituée Pustuleuse, Tigrou de Camping, Dalmatien Dégueulasse. Elle avait survécu à celles-là, elle pourrait vivre avec Petite. Mais que voulait-il dire par il sentait l’odeur de la peur ?

      — Rien ni personne n’osera te faire de mal, ici.

      Avec les cordes qui appuyaient contre sa peau, Poppy en doutait. Mais elle savait qu’il valait mieux ne pas contredire un homme. Cela ne menait à rien, à part à de la douleur. Cela dit, elle était toujours découverte, et son embarras poussa les mots hors de sa gorge.

      — Je vous en prie, Monsieur, je n’aime pas être découverte.

      — Découverte ?

      Il semblait avoir hérité de la voix d’un ours. Elle était bien trop grave pour appartenir à un homme. Puis il bougea, et la pièce s’emplit de lumière.

      Poppy


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