Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke. Артур Конан Дойл

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Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke - Артур Конан Дойл


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et Robert Jolinstone.

      Le vieux Puritain roula ses papiers d'un air grave, et après être resté quelques instants les mains croisées sur sa poitrine, en une silencieuse prière, il descendit de la croix du marché, et s'éloigna suivi des aldermen et des conseillers.

      La foule commença de même à se disperser, d'une façon posée et sans désordre.

      Les figures étaient solennelles, sérieuses, les yeux baissés.

      Toutefois un grand nombre de paysans, plus curieux ou moins dévots que les citadins, se groupèrent autour de notre régiment, pour voir ceux qui avaient battu les dragons.

      – Vois-tu l'homme qui a une tête de gerfaut? s'écria l'un, en désignant Saxon. C'est lui qui a abattu hier ce Philistin d'officier, et qui a mené les fidèles à la victoire.

      – Remarquez-vous cet autre, s'écria une vieille dame, celui qui a la figure blanche, et qui est habillé comme un prince? C'est un noble, qui est venu de Londres pour rendre témoignage en faveur de la foi protestante. C'est un bien pieux gentleman, oh, oui, et s'il était resté dans la cité coupable, on lui aurait coupé la tête, comme on a fait au bon Lord Russell, ou on l'aurait enchaîné avec le digne monsieur Baxter.

      – Par la Vierge Marie, compère, criait un autre, l'homme de grande taille au cheval gris, voilà mon soldat à moi. Il a les joues aussi lisses qu'une demoiselle, et des membres comme Goliath de Gath. Je vous parie qu'il serait capable d'emporter ce vieux compère de Jones en travers de sa selle aussi aisément que Towser enlève une donzelle. Mais voici ce bon monsieur Tetheridge, le secrétaire: il est bien occupé, et c'est un homme qui n'épargne ni le temps ni la peine pour la Grande Cause.

      – Place, bonnes gens, place! criait le petit secrétaire affairé, l'air autoritaire. N'entravez pas les hauts employés de la corporation dans l'accomplissement de leurs fonctions. Vous ne devez pas non plus encombrer les abords des combattants, vu que par là vous les empêchez de se déployer et de s'étendre en ligne, ainsi que le demandent actuellement plusieurs chefs importants. Je vous prie, quel est donc celui qui commande cette cohorte, ou plutôt cette légion, vu que vous avez le concours de cavalerie auxiliaire?

      – C'est un régiment, monsieur, dit Saxon d'un air bourru, le régiment du colonel Saxon, infanterie du Comté de Wilts, que j'ai l'honneur de commander.

      – Je demande pardon à monsieur le colonel, s'écria le secrétaire, d'un air inquiet, en s'écartant du soldat à figure bronzée. J'ai entendu parler de monsieur le colonel et de ses exploits dans les guerres d'Allemagne. Moi-même, j'ai porté la pique dans ma jeunesse, et j'ai brisé une ou deux têtes, oui, et même aussi un ou deux cœurs, au temps où je portais justaucorps et bandoulière.

      – Faites connaître votre message, dit brièvement le colonel.

      – C'est de la part de son Excellence monsieur le Maire. Il s'adresse à vous-même, et à vos capitaines, qui sans doute sont ces cavaliers de haute stature que je vois à mes côtés. Beaux gaillards, sur ma foi, mais vous et moi, colonel, nous savons bien qu'un petit tour d'escrime peut mettre le plus petit d'entre nous au même niveau que le plus fendant. Oui, je vous le garantis, vous et moi qui sommes des soldats, nous pourrions, étant mis dos à dos, tenir tête à ces trois galants.

      – Parlez, mon garçon, gronda Saxon, en étendant un long bras musculeux et saisissant par le revers de son habit le bavard secrétaire, et le secouant de façon à faire sonner encore une fois son grand sabre.

      – Quoi! Colonel! Comment? s'écria Mr Tetheridge, dont l'habit parut prendre une teinte plus foncée par le contraste avec la pâleur soudaine de ses joues. Porteriez-vous une main irritée sur le représentant du Maire? Moi aussi, je porte l'épée au côté, comme vous pouvez le voir. En outre, je suis assez vif, assez prompt à me fâcher, et je vous avertis en conséquence de ne rien faire que je puisse par hasard regarder comme une offense personnelle. Quant à mon message, c'était pour vous dire que son Excellence Mr le Maire désirait avoir un entretien avec vous et vos capitaines à l'Hôtel de Ville.

      – Nous allons nous y rendre, dit Saxon.

      Puis, s'adressant au régiment, il se mit à expliquer quelques-uns des mouvements et exercices les plus simples, en instruisant ses officiers tout comme ses hommes, car si Sir Gervas connaissait un peu l'exercice, Lockarby et moi, nous n'avions guère que de la bonne volonté à offrir dans l'occasion.

      Lorsque l'ordre de rompre fut enfin donné, nos compagnies retournèrent à leur casernement dans le magasin à laines, pendant que nous remettions nos chevaux aux valets d'écurie du Blanc-Cerf et que nous nous mettions en route pour présenter nos respects au Maire.

      III – Maître Stephen Timewell, Maire de Taunton

      Tout était en mouvement, en agitation, dans l'Hôtel de Ville.

      Sur un des côtés, à une table basse couverte de serge verte, étaient assis deux écrivains, ayant devant eux de grands rouleaux de papier.

      Une longue procession de citadins défilaient devant eux.

      Chacun déposait un rouleau ou un sac de pièces de monnaies qui était dûment enregistré par les receveurs.

      Une caisse carrée, renforcée de fer, se trouvait à côté d'eux.

      On y jetait l'argent et nous remarquâmes au passage qu'elle était à moitié pleine de pièces d'or.

      Nous ne pûmes éviter de constater que parmi les donateurs, il y en avait beaucoup dont les doublets râpés et les figures amaigries montraient que les sommes si volontiers données par eux étaient le fruit de privations qu'ils s'étaient imposés jusque dans leur nourriture.

      Beaucoup, parmi eux, accompagnaient leur offrande d'une courte prière, ou de la citation d'un texte bien choisi, où il est parlé du trésor qui ne se corrompt point, ou du prêt fait au Seigneur.

      Le secrétaire de la ville, debout près de la table, délivrait les reçus pour chaque somme, et le mouvement incessant de sa langue emplissait la salle, lorsqu'il lisait les noms et les sommes, en y intercalant ses remarques:

      – Abraham Willis, criait-il à notre entrée, inscrivez-le pour vingt-six livres dix shillings. Vous recevrez dix pour cent sur cette terre, Maître Willis, et je vous garantis qu'ensuite vous ne serez point oublié… John Standish, deux livres, William Simons, deux guinées… Tiens-bon Bealing, quarante-cinq livres. Voilà un fameux coup dans le flanc du Prélatisme, brave Maître Hoaling… Salomon Warren, cinq guinées; James White, cinq shillings, l'obole de la veuve, James!.. Thomas Bakewell, cinq livres. Non, Maître Bakewell, avec trois fermes sur les bords de la Tone et des pâturages dans l'endroit le plus fertile d'Athelney, vous pouvez vous montrer plus libéral pour la bonne cause. Nous vous reverrons sans doute. L'Alderman Smithson, quatre-vingt-dix livres! Aha! voilà un soufflet sur la figure de la femme vêtue d'écarlate. Encore quelques autres comme celui-là, et son trône se changera en chaise à plongeon. Nous la démolirons, digne Maître Smithson, ainsi que Jéhu, le fils de Nimshi, démolit la demeure de Baal.

      Et il bavardait, bavardait, faisant succéder éloges, conseils, reproches, bien que les graves et solennels bourgeois ne prêtassent guère attention à son vain jacassement.

      À l'autre côté de la salle, il y avait plusieurs longues auges de bois, employées à loger les piques et les faux.

      Des messagers spéciaux, des appariteurs avaient été expédiés pour battre le pays et réunir des armes.

      Ceux-ci, à leur retour, avaient déposé là leur butin sous la surveillance de l'armurier en chef.

      Outre les armes ordinaires des paysans, on voyait un tonneau à moitié plein de pistolets et de pétrinaux, sans compter un bon nombre de mousquets, de fusils à écrou, des fusils hollandais, canardières, carabines, ainsi qu'une douzaine de tromblons à canon de bronze, à gueule évasée, quelques armes de rempart d'antique façon, telles que sacres, couleuvrines, provenant des manoirs du comté.

      On avait pris sur les remparts, tiré des greniers de ces vieilles demeures bien d'autres armes, que sans doute nos aïeux regardaient comme des objets


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