Plus fort que Sherlock Holmès. Марк Твен

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Plus fort que Sherlock Holmès - Марк Твен


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lorsqu'il l'aurait réduit à l'état de cadavre; mieux valait prendre son temps, il trouverait bien une occasion d'assouvir sa vengeance. Ce moyen existait et il le découvrirait, dût-il pour cela subir toutes les hontes et toutes les misères.

      Oui! il trouverait sûrement un procédé qui ne laisserait aucune trace de son crime, pas le plus petit indice; rien ne pressait: mais quand il l'aurait trouvé, oh! alors, quelle joie de vivre pour lui !

      En attendant, il était prudent de conserver religieusement intacte sa réputation de douceur, et il s'efforçait plus que jamais de ne pas laisser entendre le moindre mot de son ressentiment ou de sa colère contre son oppresseur.

      Deux jours avant la matinée d'octobre à laquelle nous venons de faire allusion, Flint avait acheté différents objets qu'il rapportait à sa cabane, aidé par Fetlock: une caisse de bougies, qu'ils placèrent dans un coin, une boîte de poudre explosible qu'ils logèrent au-dessus des bougies, un petit baril de poudre qu'ils déposèrent sous la couchette de Flint et un énorme chapelet de fusées qu'ils accrochèrent à un clou.

      Fetlock en conclut que le travail du pic allait bientôt faire place à celui de la poudre et que Flint voulait commencer à faire sauter les blocs. Il avait déjà assisté à ce genre d'explosions, mais n'en connaissait pas la préparation. Sa supposition était exacte; le temps de faire sauter la mine était venu.

      Le lendemain matin, ils portèrent au puits les fusées, les forets, et la boîte à poudre. Le trou avait à peu près huit pieds de profondeur, et pour arriver au fond comme pour en sortir, il fallait se servir d'une petite échelle. Ils descendirent donc; au commandement, Fetlock tint le foret (sans savoir comment s'en servir) et Flint se mit à cogner. Au premier coup de marteau, le foret échappa des mains de Fetlock et fut projeté de côté.

      – Maudit fils de nègre, vociféra Flint, en voilà une manière de tenir un foret! Ramasse-le et tâche de tenir ton outil! Je t'apprendrai ton métier, attends! Maintenant charge.

      Le jeune homme commença à verser la poudre.

      – Idiot, grommela Flint, en lui appliquant sur la mâchoire un grand coup de crosse, qui lui fit perdre l'équilibre. Lève-toi! Tu ne vas pas rester par terre, je pense. Allons, mets d'abord la mèche, maintenant la poudre; assez; assez! Veux-tu remplir tout le trou? Espèce de poule mouillée! Mets de la terre, du gravier et tasse le tout. Tiens! grand imbécile, sors de là.

      Il lui arracha l'instrument et se mit à damer la charge lui-même en jurant et blasphémant comme un forcené. Puis il alluma la mèche, sortit du puits et courut à cinquante mètres de là, suivi de Fetlock. Ils attendirent quelques instants: une épaisse fumée se produisit et des quartiers de roche volèrent en l'air avec un fracas d'explosion; une pluie de pierres retomba et tout rentra dans le calme.

      – Quel malheur que tu ne te sois pas trouvé là-dedans, s'écria le patron.

      Ils redescendirent dans le puits, le nettoyèrent, préparèrent un nouveau trou et recommencèrent la même opération :

      – Regarde donc ce que tu fais au lieu de tout gaspiller: Tu ne sais donc pas régler une charge ?

      – Non, maître !

      – Tu ne sais pas? Ma foi! je n'ai jamais rien vu d'aussi bête que toi.

      Il sortit du puits et cria à Fetlock qui restait en bas :

      – Eh bien! idiot! Vas-tu rester là toute la journée! Coupe la mèche et allume-la !

      Le pauvre garçon répondit tout tremblant :

      – Maître, je ferai comme il vous plaira.

      – Comment? tu oses me répondre, à moi? Coupe, allume, te dis-je !

      Le jeune garçon fit ce qui lui était commandé.

      – Sacrebleu, hurla Flint; tu coupes une mèche aussi courte… je voudrais que tu sautes avec…

      Dans sa colère, il retira l'échelle et s'enfuit.

      Fetlock resta terrorisé.

      – Oh! mon Dieu! mon Dieu! au secours! Je suis perdu, criait-il. Que faire? que faire ?

      Il s'adossa au mur et s'y cramponna comme il put: le pétillement de la poudre qui s'allumait l'empêchait d'articuler un son; sa respiration s'arrêta, il était là sans force et inerte; encore deux ou trois secondes, et il volerait en l'air avec les blocs de pierre. Une inspiration subite lui vint. Il allongea le bras, saisit la mèche et coupa l'extrémité qui dépassait d'un pouce au-dessus du sol; il était sauvé! Il tomba à moitié évanoui et mort de peur, murmurant avec un sourire sur les lèvres :

      – Il m'a montré! Je savais bien qu'avec de la patience, j'y arriverais !

      Cinq minutes après, Buckner se glissa furtivement au puits, l'air gêné et inquiet, et en examina le fond. Il comprit la situation et vit ce qui était arrivé; il descendit l'échelle. Fetlock put remonter malgré son grand affaiblissement et son émotion. Il était livide; sa mine effrayante parut impressionner Buckner qui essaya de lui témoigner un regret et un semblant de sympathie; mais ces deux sentiments lui étaient trop inconnus pour qu'il sût les exprimer.

      – C'est un accident, lui dit-il. N'en parle à personne, n'est-ce pas? J'étais énervé et ne savais plus très bien ce que je faisais. Tu me parais fatigué, tu as trop travaillé aujourd'hui. Va à ma cabane et mange tout ce que tu voudras; ensuite, repose-toi bien.

      N'oublie pas que cet accident est dû à mon seul énervement.

      – Vous m'avez bien effrayé, lui dit Fetlock en s'en allant, mais j'ai au moins appris quelque chose, je ne le regrette pas.

      – Pas difficile à contenter, marmotta Buckner en l'observant du coin de l'œil. Je me demande s'il en parlera; l'osera-t-il? Quelle guigne qu'il n'ait pas été tué !

      Fetlock ne pensa pas à se reposer pendant le congé qui lui avait été accordé; il l'employa à travailler avec ardeur et à préparer, fiévreusement, son plan de vengeance. Des broussailles épaisses couvraient la montagne du côté de la demeure de Flint. Fetlock s'y cacha et adopta cette retraite pour machiner son complot. Ses derniers préparatifs devaient se faire dans le bouge qui lui servait de hutte.

      – S'il a le moindre soupçon à mon endroit, pensa-t-il, il a bien tort de croire que je raconterai ce qui s'est passé; d'ailleurs, il ne le croira pas longtemps; bientôt il sera fixé. Demain je ne me départirai pas de ma douceur et de ma timidité habituelles qu'il croit inaltérables. Mais après-demain, au milieu de la nuit, sa dernière heure aura sonné sans que personne au monde puisse soupçonner l'auteur de sa mort et la manière dont elle sera survenue. Le piquant de la chose est que lui-même m'en ait suggéré l'idée.

      V

      Le jour suivant s'écoula sans aucun incident. Minuit va sonner et, dans peu d'instants, une nouvelle journée commencera. La scène se passe au bar, dans la salle de billard. Des hommes d'aspect commun, aux vêtements grossiers, coiffés de chapeaux à larges bords, portent leurs pantalons serrés dans de grosses bottes, ils sont tous en veston et se tiennent groupés autour d'un poêle de fonte qui, bourré de charbon, leur distribue une généreuse chaleur; les billes de billard roulent avec un son fêlé; à l'intérieur de la salle, on n'entend pas d'autre bruit; mais, au dehors, la tempête mugit. Tous paraissent ennuyés et dans l'attente.

      Un mineur, aux épaules carrées, entre deux âges, avec des favoris grisonnants, l'œil dur et la physionomie maussade, se lève sans mot dire, il passe son bras dans un rouleau de mèche, ramasse quelques objets lui appartenant et sort sans prendre congé de ses compagnons. C'est Flint Buckner. A peine la porte est-elle refermée sur lui que la conversation, gênée par sa présence, reprend avec entrain.

      – Quel homme réglé! il vaut une pendule, dit Jack Parker, le forgeron, sans tirer sa montre; on sait qu'il est minuit quand il se lève pour sortir.

      – Sa régularité est bien la seule qualité qu'il possède, répliqua le mineur Peter Hawes, je ne lui en connais pas d'autre; vous non plus, que je sache ?

      – Il fait tache parmi


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