Le mystère de la chambre jaune. Гастон Леру

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Le mystère de la chambre jaune - Гастон Леру


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des théâtres… Et comme je dois faire, ce soir, un petit compte rendu de la revue de la Scala…

      – Montez, monsieur, je vous en prie…», fit le greffier seffaçant.

      Rouletabille était déjà dans le compartiment. Je ly suivis. Je massis à ses côtés; le greffier monta et ferma la portière.

      M. de Marquet regardait son greffier.

      – Oh! Monsieur, débuta Rouletabille, nen veuillez pas «à ce brave homme»si jai forcé la consigne; ce nest pas à M. de Marquet que je veux avoir lhonneur de parler: cest à M. «Castigat Ridendo»! … Permettez-moi de vous féliciter, en tant que courriériste théâtral à lÈpoque…»

      Et Rouletabille, mayant présenté dabord, se présenta ensuite.

      M. de Marquet, dun geste inquiet, caressait sa barbe en pointe. Il exprima en quelques mots à Rouletabille quil était trop modeste auteur pour désirer que le voile de son pseudonyme fût publiquement levé, et il espérait bien que lenthousiasme du journaliste pour loeuvre du dramaturge nirait point jusquà apprendre aux populations que M. «Castigat Ridendo» nétait autre que le juge dinstruction de Corbeil.

      «Loeuvre de lauteur dramatique pourrait nuire, ajouta-t-il, après une légère hésitation, à loeuvre du magistrat… surtout en province où lon est resté un peu routinier…

      – Oh! Comptez sur ma discrétion!» sécria Rouletabille en levant des mains qui attestaient le Ciel.

      Le train sébranlait alors…

      «Nous partons! fit le juge dinstruction, surpris de nous voir faire le voyage avec lui.

      – Oui, monsieur, la vérité se met en marche… dit en souriant aimablement le reporter… en marche vers le château du Glandier… Belle affaire, monsieur De Marquet, belle affaire! …

      – Obscure affaire! Incroyable, insondable, inexplicable affaire… et je ne crains quune chose, monsieur Rouletabille… cest que les journalistes se mêlent de la vouloir expliquer…»

      Mon ami sentit le coup droit.

      «Oui, fit-il simplement, il faut le craindre… Ils se mêlent de tout… Quant à moi, je ne vous parle que parce que le hasard, monsieur le juge dinstruction, le pur hasard, ma mis sur votre chemin et presque dans votre compartiment.

      – Où allez-vous donc, demanda M. de Marquet.

      – Au château du Glandier», fit sans broncher Rouletabille.

      M. de Marquet sursauta.

      «Vous ny entrerez pas, monsieur Rouletabille! …

      – Vous vous y opposerez? fit mon ami, déjà prêt à la bataille.

      – Que non pas! Jaime trop la presse et les journalistes pour leur être désagréable en quoi que ce soit, mais M. Stangerson a consigné sa porte à tout le monde. Et elle est bien gardée. Pas un journaliste, hier, na pu franchir la grille du Glandier.

      – Tant mieux, répliqua Rouletabille, jarrive bien.»

      M. de Marquet se pinça les lèvres et parut prêt à conserver un obstiné silence. Il ne se détendit un peu que lorsque Rouletabille ne lui eut pas laissé ignorer plus longtemps que nous nous rendions au Glandier pour y serrer la main «dun vieil ami intime», déclara-t-il, en parlant de M. Robert Darzac, quil avait peut-être vu une fois dans sa vie.

      «Ce pauvre Robert! continua le jeune reporter… Ce pauvre Robert! il est capable den mourir… Il aimait tant Mlle Stangerson…

      – La douleur de M. Robert Darzac fait, il est vrai, peine à voir … laissa échapper comme à regret M. de Marquet…

      – Mais il faut espérer que Mlle Stangerson sera sauvée…

      – Espérons-le… son père me disait hier que, si elle devait succomber, il ne tarderait point, quant à lui, à laller rejoindre dans la tombe… Quelle perte incalculable pour la science!

      – La blessure à la tempe est grave, nest-ce pas? …

      – Evidemment! Mais cest une chance inouïe quelle nait pas été mortelle… Le coup a été donné avec une force! …

      – Ce nest donc pas le revolver qui a blessé Mlle Stangerson», fit Rouletabille… en me jetant un regard de triomphe…

      M. de Marquet parut fort embarrassé.

      «Je nai rien dit, je ne veux rien dire, et je ne dirai rien!»

      Et il se tourna vers son greffier, comme sil ne nous connaissait plus…

      Mais on ne se débarrassait pas ainsi de Rouletabille. Celui-ci sapprocha du juge dinstruction, et, montrant le Matin, quil tira de sa poche, il lui dit:

      «Il y a une chose, monsieur le juge dinstruction, que je puis vous demander sans commettre dindiscrétion. Vous avez lu le récit du Matin? Il est absurde, nest-ce pas?

      – Pas le moins du monde, monsieur…

      – Eh quoi! La «Chambre Jaune» na quune fenêtre grillée «dont les barreaux nont pas été descellés, et une porte que lon défonce…» et lon ny trouve pas lassassin!

      – Cest ainsi, monsieur! Cest ainsi! … Cest ainsi que la question se pose! …»

      Rouletabille ne dit plus rien et partit pour des pensers inconnus… Un quart dheure ainsi sécoula.

      Quant il revint à nous, il dit, sadressant encore au juge dinstruction:

      – Comment était, ce soir-là, la coiffure de Mlle Stangerson?

      – Je ne saisis pas, fit M. de Marquet.

      – Ceci est de la dernière importance, répliqua Rouletabille. Les cheveux en bandeaux, nest-ce pas? Je suis sûr quelle portait ce soir-là, le soir du drame, les cheveux en bandeaux!

      – Eh bien, monsieur Rouletabille, vous êtes dans lerreur, répondit le juge dinstruction; Mlle Stangerson était coiffée, ce soir-là, les cheveux relevés entièrement en torsade sur la tête… Ce doit être sa coiffure habituelle… Le front entièrement découvert…, je puis vous laffirmer, car nous avons examiné longuement la blessure. Il ny avait pas de sang aux cheveux… et lon navait pas touché à la coiffure depuis lattentat.

      – Vous êtes sûr! Vous êtes sûr que Mlle Stangerson, la nuit de lattentat, navait pas «la coiffure en bandeaux»? …

      – Tout à fait certain, continua le juge en souriant… car, justement, jentends encore le docteur me dire pendant que jexaminais la blessure: «Cest grand dommage que Mlle Stangerson ait lhabitude de se coiffer les cheveux relevés sur le front. Si elle avait porté la coiffure en bandeaux, le coup quelle a reçu à la tempe aurait été amorti.» Maintenant, je vous dirai quil est étrange que vous attachiez de limportance…

      – Oh! Si elle navait pas les cheveux en bandeaux! gémit Rouletabille, où allons-nous? où allons-nous? Il faudra que je me renseigne.

      Et il eut un geste désolé.

      «Et la blessure à la tempe est terrible? demanda-t-il encore.

      – Terrible.

      – Enfin, par quelle arme a-t-elle été faite?

      – Ceci, monsieur, est le secret de linstruction.

      – Avez-vous retrouvé cette arme?»

      Le juge dinstruction ne répondit pas.

      «Et la blessure à la gorge?»

      Ici, le juge dinstruction voulut bien nous confier que la blessure à la gorge était telle que lon pouvait affirmer, de lavis même des médecins, que, «si lassassin avait serré cette gorge quelques secondes de plus, Mlle Stangerson mourait étranglée».

      «Laffaire, telle que la rapporte Le Matin, reprit Rouletabille, acharné, me paraît de plus en plus inexplicable. Pouvez-vous me dire, monsieur le juge, quelles sont les ouvertures du pavillon, portes et fenêtres?

      – Il


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