Si elle entendait. Блейк Пирс
Читать онлайн книгу.– et encore plus rare que la grossesse aille jusqu’à son terme.
Et pourtant… elle avait perdu les eaux huit heures plus tôt, son col était dilaté de huit centimètres et son médecin venait de lui annoncer que le moment était venu.
La première journaliste qui l’avait appelée travaillait pour le magazine Maman et Bébé. Kate avait uniquement répondu à son appel pour ne pas être impolie. Elles s’étaient parlé à deux reprises par téléphone. La deuxième conversation avait été plus centrée sur la faculté de Kate à maintenir une seconde carrière au sein du FBI. La journaliste s’était adressée à Kate comme si elle était une sorte de superwoman. Kate ne savait pas pourquoi, mais il y avait eu quelque chose dans cette interview qui l’avait chipotée tout au long de sa grossesse.
Parce que personne ne devrait me considérer comme un exemple, pensa Kate, alors qu’une contraction douloureuse lui traversait le corps. C’est une véritable torture.
Elle ne se rappelait pas qu’avec Mélissa, ça ait été aussi difficile. Bien sûr, ça remontait à presque trente ans. Ça avait été une grossesse prévue et aucun journaliste ne l’avait appelée. Sa grossesse n’était pas passée au journal du soir et on ne lui avait donné aucun surnom, comme celui de Mère miracle.
« Kate ? » dit le médecin. Sa voix interrompit le cheminement de ses pensées et elle se concentra sur la douleur de la prochaine contraction. « Tu es toujours là ? »
« Oui, oui. »
C’était vrai, bien que tout autour d’elle lui semblait flou. Sa grossesse avait été à risque. Quelques préoccupations avaient surgi dès le quatrième mois. Il y avait un risque que le bébé ait un faible poids à la naissance et il y eut également un moment où les battements de son cœur avaient considérablement ralenti. Mais finalement, il était bien là. Il arrivait trois semaines à l’avance et avec un poids de seulement cinq cents grammes en-dessous du poids considéré comme normal.
« Il arrive, Kate. Il va falloir que tu pousses, OK ? Pousse une dernière fois et ton petit garçon sera… »
Kate poussa et la pièce se mit à tourner autour d’elle. Elle était vaguement consciente de la présence d’Allen à ses côtés. Il lui tenait la main et son visage était juste à côté du sien. Il l’encourageait du mieux qu’il pouvait. Kate laissa échapper un gémissement, en faisant tout son possible pour ne pas hurler. Sa vue se brouilla, juste au moment où elle entendit le premier hurlement de son fils.
Elle sentit le médecin poser le bébé sur sa poitrine. Elle le prit dans ses bras et se mit à pleurer. Elle n’aimait pas du tout le mot miracle, car il avait été utilisé à tort et à travers ces derniers mois. Mais en sentant son bébé contre son corps de près de soixante ans, elle supposait qu’il n’y avait pas vraiment d’autre mot… c’était bien un miracle.
Ce fut sur cette pensée agréable qu’elle sentit l’épuisement l’envahir et sa vision se troubler peu à peu, avant de sombrer dans un sommeil profond.
Au cours des semaines qui avaient suivi, Kate avait plongé dans une profonde dépression. Maintenant que son fils était là – ils l’avaient appelé Michael, comme son mari décédé – elle commençait à se rendre compte des nombreux inconvénients liés au fait d’être mère à cinquante-sept ans. Tout d’abord, il fallait qu’elle accepte le fait qu’elle était devenue mère et grand-mère au cours des dix-huit mois qui venaient de s’écouler. Il y avait aussi le fait qu’elle aurait près de quatre-vingts ans lorsque son fils commencerait à faire ses études. Et en pensant à l’université, elle se rendit compte que ça impliquerait des frais. Elle avait suffisamment d’argent épargné, mais elle avait fait d’autres projets – elle avait plutôt pensé qu’elle l’utiliserait pour voyager. Mais maintenant, ces projets allaient devoir changer.
Elle se demandait également comment Allen allait gérer tout ça. Jusqu’à présent, il avait été génial. Il l’avait vraiment soutenue tout au long de la grossesse et il avait eu l’air vraiment heureux de devenir père. Mais maintenant, leur fils était là et il changeait leurs vies… surtout celle d’Allen. Après sa naissance, Michael avait dû rester trois semaines à l’hôpital au service de néonat, jusqu’à ce qu’il ait pris un peu de poids. Kate n’avait pas pu le voir souvent, car il lui avait fallu plus de temps que prévu pour se remettre de l’accouchement. Son nerf fémoral avait été touché et elle perdait parfois toute sensation dans ses jambes. Mais elle avait fini par pouvoir sortir de l’hôpital après onze jours.
Vingt jours après sa naissance, Michael put également rentrer à la maison. Il pesait deux kilos quatre cents cinquante quand Kate le coucha pour la première fois dans son berceau. Pendant les deux jours qui suivirent, Kate se comporta comme une mère obsessive. Quand il dormait, elle allait vérifier toutes les demi-heures s’il respirait toujours. Elle gardait Allen à l’œil quand il tenait leur fils dans ses bras et elle n’avait même pas laissé Mélissa s’approcher de lui.
Ces deux jours l’avaient complètement épuisée et c’était sûrement pour ça qu’elle avait fini par sombrer dans une dépression. Elle resta couchée dans son lit pendant huit jours, en ne se levant que pour aller à la toilette ou pour prendre une douche. Pendant ce temps-là, Allen s’était retrouvé seul avec Michael et une nuit, Kate l’avait entendu sangloter.
Le huitième jour, ce fut Mélissa qui parvint à la convaincre à se lever de son lit. Ce jour-là, Kate entendit frapper à la porte de sa chambre et elle répondit d’une voix endormie, en supposant que c’était Allen : « Oui, entre. »
Quand elle vit que c’était Mélissa, elle eut envie de pleurer, mais sans vraiment savoir pourquoi. Elle se redressa sur son coude, mais elle sentit une vive douleur en le faisant. Rester couchée au lit l’avait complètement endolorie.
« Lissa, » dit-elle. « Quelle bonne surprise. »
Mélissa s’assit au bord du lit et prit la main de sa mère. « Comment tu vas, maman ? »
« Je ne sais pas, » répondit-elle. « Fatiguée. Épuisée. Déprimée. »
« Tu as encore des problèmes avec tes jambes ? »
« Non. On dirait que ça va mieux depuis que je suis rentrée à la maison. »
« Tant mieux. Ce sera plus facile pour moi de te dire ce que je suis venue te dire, en sachant que tes jambes ne te posent plus de problèmes. »
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Kate.
« Je t’aime, maman. Mais il est temps que tu sortes de ce lit. »
« J’aimerais bien… vraiment. Mais je… »
« Non, maman. Allen n’a pas arrêté toute la semaine. J’ai essayé de l’aider du mieux que j’ai pu, mais il ne me laisse pas faire grand-chose car il a un peu peur de ta réaction. Écoute… je sais que ça t’effraie, mais il faut que tu affrontes la situation. Tu as cinquante-sept ans et tu viens d’avoir un bébé. Et tu as survécu. Maintenant, c’est le moment d’être une mère. Et je peux te dire que tu es plutôt bonne dans ce rôle-là, et je sais de quoi je parle. »
Kate s’assit et regarda sa fille d’un air préoccupé. « Allen… est-ce qu’il va bien ? »
« Non. Il est épuisé et il a peur que tu t’enfonces de plus en plus dans la dépression. Mais je lui ai dit qu’il s’enlève tout de suite cette idée de la tête. Que tu étais une vraie rock star. Il m’a raconté comment tu avais traversé ces mois de grossesse. Et j’ai vu l’énergie dont tu étais capable au moment de reprendre ta carrière au FBI là où tu l’avais laissée. Tu y es parvenue… alors tu arriveras également à faire face à ce nouveau défi dans ta vie. Tu étais excitée à l’idée de reprendre du service en tant qu’agent à l’âge de cinquante-cinq ans. Alors il est maintenant temps d’être enthousiaste à l’idée d’être mère à cinquante-sept. »
Kate