Le Visage du Meurtre. Блейк Пирс

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Le Visage du Meurtre - Блейк Пирс


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remarqua que Mme Henderson posait vraiment la question – elle cherchait à être rassurée. Malheureusement, Shelley savait qu’elle ne pouvait pas le faire. Les gens tuaient pour toutes sortes de raisons. Il n’y avait pas toujours de logique derrière. Parfois, ce n’était que la goutte d’eau qui les faisait craquer, en plus du reste.

      C’était peut-être une idée qui méritait d’être explorée. Un jeune riche gâté, à qui on a tout donné dans la vie, qui commence soudainement à échouer pour la première fois ? Qui pète les plombs, guidé par le sentiment d’impunité ? Ou un étudiant sans le sou n’ayant plus de raison de vivre – parents récemment décédés, largué par sa copine, licencié de son boulot à mi-temps et puis une mauvaise note pour couronner le tout ? C’était quelque chose à considérer en tout cas.

      « Espérons que non, » s’aventura-t-elle avec un léger sourire qui avait pour but d’exprimer sa compassion. « Vous rappelez-vous autre chose d’inhabituel qui aurait pu se passer au cours des derniers jours ou semaines – voire ces derniers mois ? »

      Mme Henderson secoua la tête, tamponnant de nouveau ses yeux. « J’y ai pensé, encore et encore. Tout était tout simplement… normal. C’est pour cela que ça a été si choquant. Totalement à l’improviste. Je ne sais absolument pas pourquoi quelqu’un aurait voulu faire du mal à mon Ralph. »

      La femme devenait de plus en plus bouleversée. Il était peut-être plus prudent de terminer l’interrogatoire et la laisser tranquille. « Y a-t-il quelque chose d’autre que vous pourriez nous dire – vraiment rien d’autre ? Cela peut ne pas vous paraître important, mais la moindre information est une autre pièce du puzzle. »

      Mme Henderson secoua sa tête, d’un air impuissant.

      « D’accord, une dernière question. Vous souvenez-vous avoir entendu votre mari parler d’un étudiant qui s’appelle Cole Davidson ?

      – Pas avant que son nom soit dans les journaux, » dit Mme Henderson. « Le pauvre garçon. Vous pensez… vous pensez qu’ils soient liés ? Ils doivent l’être, n’est-ce pas ? Deux meurtres en si peu de temps ?

      – Ce n’est pas utile pour nous d’émettre des hypothèses à ce stade. » Shelley but une dernière gorgée de son café, regrettant de devoir abandonner la moitié de ce que fut une bonne tasse de café. « Mais nous resterons en contact, si nous pouvons vous en dire davantage. »

      Shelley se leva, puis hésita tandis que Zoe la rejoignit. « Mme Henderson, avez-vous quelqu’un pour vous tenir compagnie aujourd’hui ? »

      Elle acquiesça doucement d’un signe de tête, tout en se levant pour les accompagner à la porte. « Ma fille a pris un vol. Elle devrait être à la maison ce soir. »

      Cela réconforta Shelley. Laisser une femme seule avec son deuil la perturbait toujours, peu importe le nombre de familles qu’elle avait déjà interrogées. « Alors nous restons en contact, Mme Henderson. En attendant, essayez de vous reposer un peu. »

      Une fois de retour dans la voiture, Zoe sortit tout de suite son calepin et commença à griffonner de nouveau. Shelley se demanda si elle avait écouté un seul mot de l’interrogatoire ou si elle l’avait immédiatement ignoré, le considérant inutile, et avait passé tout ce temps à penser aux chiffres.

      Quoi qu’il en fût, Shelley ne pouvait pas se fâcher. À présent, les équations étaient la seule vraie piste qu’elles avaient. Sur le chemin de retour, Shelley ne put s’empêcher de s’inquiéter du fait qu’elles ne trouveraient plus rien d’important qui pourrait résoudre l’affaire. Avec Zoe tellement préoccupée par les chiffres, c’était à Shelley de trouver quelque chose d’autre qui ferait une différence.

      Le problème était de savoir où chercher.

      CHAPITRE SIX

      Zoe détesta chaque seconde du temps perdu à traverser le bâtiment, du parking jusqu’à la salle qu’elles avaient réservé pour leur enquête. Une distance d’environ cinq cents pas qui aurait pu être passée à travailler. Aussi agréable que cela pouvait l’être de travailler sur quelque chose qui s’était passé dans leur propre jardin, comme l’avait dit Shelley, Zoe commençait déjà à être irritée. Les équations refusaient de lui révéler leurs secrets, restant fermées et opaques.

      Dès qu’elles atteignirent la table, Zoe s’assit et reprit ses notes, essayant de reprendre chaque élément de l’équation du professeur, étape par étape. Après tout, la sienne était celle qu’elles avaient vue en vrai, celle dont elles pouvaient être sûres qu’elle était complète.

      « Je vais vérifier son compte email de l’Université, » annonça Shelley, tout en jetant son sac sur une chaise et en en sortant son portable.

      « Est-ce nécessaire ? » demanda Zoe en plissant son nez. Il n’y avait pas de raison à se précipiter vers de ce genre de piste. La réponse était dans les équations et non pas dans la vie personnelle du professeur. C’était forcément ainsi. Il n’y avait aucun lien entre Cole Davidson et ce professeur d’anglais, si ce n’est les équations.

      « Je ne suis pas douée en maths, donc je ne peux pas t’aider à déchiffrer les équations cette fois-ci », souligna Shelley. « Quelque chose que Mme Henderson a dit me fait réfléchir. Il peut toujours s’agir d’un étudiant. Quelqu’un qui s’est senti offensé en quelque sorte. Il est possible que beaucoup de personnes du campus aient aussi bien connu Cole que le Professeur Henderson.

      Zoe hésita, retenant ses objections sur le bout de sa langue. Elle trouvait que c’était une perte de temps de se mettre à fouiller dans les emails d’un homme mort. Mais qu’importe ? Shelley avait raison – elle ne pouvait pas l’aider avec les équations. Et c’était peut-être le moment que Zoe lui fasse confiance pour analyser les choses à sa manière.

      Il serait peut-être bien aussi pour Zoe que l’affaire soit résolue grâce à un email mécontent plutôt que par les chiffres. Après que Shelley ait fait remarquer à leur supérieurs hiérarchiques le talent de Zoe pour les mathématiques, Zoe ne se donnait plus vraiment de mal à le prouver. D’ailleurs, ce serait mieux si cela pouvait passer cela pour de la confiance déplacée de la part de sa partenaire.

      Mais, bien sûr, pas si cela compromettait l’affaire. Arrêter le criminel était toujours la chose la plus importante.

      Zoe reporta son attention sur les équations tandis que Shelley appela l’Université pour obtenir l’accès dont elle avait besoin. Le problème était qu’elle était allée aussi loin qu’elle le pouvait – avec les deux. Certes, il y avait toujours la possibilité que l’on ait oublié quelque chose sur le corps de l’étudiant, mais elles avaient vérifié le professeur elles-mêmes.

      Alors, qu’est-ce qui lui échappait ?

      Il y avait encore une possibilité, bien sûr : qu’elle n’était tout simplement pas suffisamment douée pour la résoudre. Il y avait une différence entre être capable de voir les chiffres – distances, dimensions, angles – et être capable de résoudre des problèmes de mathématiques quantiques. Cela nécessitait d’autres aptitudes que certaines personnes développaient durant toute une vie. Zoe avait un don, mais elle l’avait mis au profit de la traque des criminels, pas à l’étude des mathématiques.

      Ce qui fit germer une nouvelle idée dans sa tête.

      Elle se leva, quittant Shelley encore au téléphone avec un réceptionniste, et porta une liasse de photographie au bout du couloir, en direction de l’ascenseur. Deux étages plus haut, un couloir identique à celui qu’elle venait de quitter – exception faite que les pièces à cet étage transpiraient davantage le pouvoir.

      Zoe prit sa respiration avant de frapper à la porte de son chef. Combien de fois fut-elle convoquée ici pour se faire réprimander d’avoir encore perdu un partenaire ou d’avoir déchargé son arme ?

      Mais ce n’était pas l’un de ces moments


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