Presque Morte. Блейк Пирс

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Presque Morte - Блейк Пирс


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déchirés et déchiffrer le tracé complexe des rues aux noms inconnus, désormais illisibles pour la plupart.

      Elle était allée trop loin. Elle aurait dû tourner voilà quatre pâtés de maison. Désorientée dans ce lieu étrange, elle ne s'était pas arrêtée pour se repérer. Elle retourna le plan les mains tremblantes, essayant de retrouver son chemin. Tourner à gauche, trois pâtés en arrière – non, cinq – encore à gauche, jusqu'à un dédale de rues sinueuses. C'était là.

      Cassie replia le plan en lambeaux et le rangea dans sa poche, la carte ne survivrait pas au prochain dépliage. Elle devait se concentrer, réprimer sa panique avant qu'il ne soit trop tard, que l'endroit où elle doive se rendre ne ferme, voire, que son voyage se termine par une immense déception.

      C'était sa seule chance de retrouver sa sœur, Jacqui. La seule piste en sa possession.

      Elle courait presque, fit un effort pour retenir le parcours, laissa le quartier de la mode derrière elle, les trottoirs se firent plus étroits et les vitrines moins imposantes. Les magasins d'articles à bas prix et contrefaçons se succédaient, les prix en euro baissaient à chaque coin de rue, les vitrines délabrées affichaient Soldes, on était au mois de janvier.

      Elle aperçut son reflet dans une vitrine sombre. Visage pâle aux joues rougies par le froid.  Ses cheveux auburn aux épaules étaient dissimulés sous un bonnet vert citron bien chaud, bien pratique pour dompter sa chevelure ondulée. Blottie dans sa veste bleue à la fermeture éclair cassée, elle faisait tache dans la capitale de la mode. Elle avait l'air d'une marginale comparée aux Milanaises avec leurs tenues et brushings impeccables, leurs bottes hors de prix, leur classe naturelle.

      Lorsqu'elle et Jacqui étaient petites, elles avaient bien souvent dû porter des vêtements usés, déchirés ou défraîchis pour aller à l'école, leur père veuf répétait avec agacement n'avoir pas suffisamment d'argent pour en acheter des neufs. Cassie acceptait mieux son sort que Jacqui, qui détestait être habillée comme une misérable.

      Sa sœur avait été logiquement attirée par l'une des capitales de la mode, le moindre article était à la mode, beau et neuf.

      Cassie reprit son souffle, le nom de la rue ne lui était pas inconnu.

      Elle était au bon endroit. Il ne lui restait plus qu'à trouver la boutique nommée Cartoleria, elle ignorait s'il s'agissait du nom ou d'une description.

      La barrière de la langue ne facilitait pas les choses. Cassie avait réussi à obtenir le nom de la rue que la femme impatiente avait répété à plusieurs reprises – son anglais se bornant à "We are closing" – avant de lâcher un "Addio" et raccrocher.

      Cassie avait décrété que le meilleur moyen de le découvrir consistait à se rendre directement au magasin. Elle avait mis une semaine à tout organiser, elle avait fait la route depuis Édimbourg, où elle habitait, jusqu'à Milan. Elle comptait arriver beaucoup plus tôt mais s'était retrouvée bloquée dans les embouteillages et s'était trompée de route à plusieurs reprises, avant de trouver un parking abordable. Son GPS plantait et elle n'avait presque plus de batterie. Heureusement qu'elle avait pensé à imprimer la carte routière. À quelle heure fermaient les magasins ici ? Dix-huit heures ? Plus tard ?

      L'angoisse s'empara d'elle en constatant que le magasin fermait, le commerçant avait retourné la pancarte “ouvert“ sur “fermé“ et éteint les lumières.

      “Excusez-moi. Cartoleria. Vous savez où ça se trouve ?” demanda-t-elle, tendue, chaque seconde comptait.

      Il la regarda d'un drôle d'air, lui indiqua la rue et dit quelque chose en italien qu'elle ne comprit pas. Il lui avait heureusement indiqué la bonne direction, elle serait partie dans l'autre sens.

      “Merci.”

      “Signorina !” cria-t-il, mais Cassie fonça sans se retourner.

      Elle était excitée au possible. Il y avait une petite chance que Jacqui travaille toujours dans ce magasin. Cassie se voyait entrer et se retrouver nez à nez avec sa sœur. Elle se demandait quelle serait la réaction de Jacqui. Se connaissant, elle pousserait un cri de joie et la serrerait étroitement dans ses bras. Elles pourraient enfin discuter, découvrir ce qui s'était passé, pourquoi Jacqui avait disparu si longtemps sans donner de nouvelles.

      C'était très peu probable mais Cassie ne pouvait s'empêcher de rêver.

      Elle y était, elle se mit à courir en voyant l'enseigne Cartoleria. Ils devaient encore être ouverts – obligatoirement. C'était sa dernière chance, la seule possibilité de renouer avec la seule famille qui lui restait.

      Elle courut sur les pavés détrempés par la pluie, slalomant parmi les piétons qui avançaient, abrités sous d'encombrants parapluies.

      Elle s'arrêta net et contempla la devanture, incrédule.

      Cartoleria était fermé.

      Pas pour la journée, définitivement.

      Les fenêtres étaient condamnées, elle apercevait à travers un interstice le magasin vide. L'enseigne au-dessus de la porte pendait, en piteux état, seul indice que ce magasin fut jadis ouvert.

      En contemplant la boutique sombre et vide, Cassie compris après coup qu'elle avait mal interprété l'employée impatiente de la boutique lorsqu'elle avait appelé voilà une semaine. La femme avait essayé de lui faire comprendre qu'ils fermaient boutique définitivement. Si elle s'en s'était rendu compte, elle aurait rappelé sur le champ, posé des questions, se serait montrée plus persuasive.

      Elle avait conduit des centaines de kilomètres pour tomber dans une sacrée impasse.

      Sa piste, ses rêves et ses espoirs s'achevaient ici. Sa seule et unique chance de retrouver sa sœur s'évanouissait.

      CHAPITRE DEUX

      Cassie était écrasée par la déception, seule devant ce magasin vide. Elle ne pouvait se résoudre à tourner les talons et faire le chemin en sens inverse jusqu'à sa voiture, par cette froide soirée pluvieuse.

      Vu sous cet angle, partir maintenant équivaudrait à baisser les bras, ses pieds étaient littéralement rivés au sol. Elle était persuadée qu'un indice, aussi infime soit-il, le mènerait jusqu'à Jacqui.

      Elle regarda alentour, un des magasins voisins était encore ouvert, une trattoria. Ils sauraient peut-être qui était le propriétaire de Cartoleria, où il – ou elle – était parti.

      Cassie entra au bistrot, soulagée de s'abriter de la pluie battante. Ça sentait délicieusement bon le café et le pain, elle n'avait rien mangé de la journée. Un énorme percolateur chromé trônait sur le comptoir en bois.

      L'intérieur ne comptait que quatre tables, toutes occupées. Elle s'installa au bar, sur l'unique tabouret vacant.

      Un serveur débordé se précipita vers elle.

      “Cosa prendi ?

      Il venait certainement prendre sa commande.

      “Désolée, je ne parle pas italien,” s'excusa-t-elle, en espérant qu'il ait compris. “Vous connaissez les propriétaires du magasin d'à côté ?”

      Le jeune homme haussa les épaules, visiblement perplexe.

      “Je vous sers à manger ?” demanda-t-il dans un anglais très approximatif.

      La barrière de la langue ne lui ayant pas permis d'obtenir la réponse à sa question, Cassie lut rapidement le menu griffonné à la craie sur l'ardoise.

      “Un café et un panini, s'il vous plait.”

      Elle extirpa des billets du fin fond de son portefeuille. Les tarifs à Milan étaient plus élevés que prévu mais il était tard et elle mourrait de faim.

      “Vous êtes Americana ?” demanda l'homme assis à côté.

      Cassie acquiesça, impressionnée.

      “Oui.”

      “Je m'appelle Vadim.”

      Il


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