AntiAmerica. T. K. Falco

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AntiAmerica - T. K. Falco


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retrouvé sur votre ordinateur portable après la réception du mandat de perquisition pour votre appartement ?

      Les données concernant ses attaques de fishing... la plus lucrative de toutes ses arnaques. Elle envoyait des lots d'emails semblant provenir d'Instagram, de Facebook ou de toute autre source généralement considérée comme fiable. Quelques cibles trop peu méfiantes les ouvraient, cliquaient sur les liens contenus dans le message avant d'entrer leurs informations personnelles sur les fausses pages web qu'elle créait. Elle baissa le menton avant de répliquer ;

      — Minecraft ?

      Les yeux bleus de l'agent McBride se plissèrent.

      — Des informations identifiables personnellement. Usurpation d'identité. Resistance à une arrestation.Entrée par effraction. Vous êtes sur le point de faire d'un chanceux procureur général un individu très heureux.

      Le pouls d'Alanna s'emballa. Le gros des données était crypté sur son serveur privé. Sauf les emails qu'elle avait envoyé le matin même. Elle aurait pu se montrer plus prudente mais elle n'avait pas compté sur une ambuscade précoce des fédéraux en début d'après-midi. Si ils ne bluffaient pas, elle était foutue. Mais elle n'allait pas se trahir en affichant un quelconque signe de panique. Le jeu de l'agent Mc Bride consistait à lancer des piques à sa psyche. Alanna avait enduré ce type de procédé si souvent que cela ne lui faisait plus grand chose. Elle porta son attention vers l'agent Palmer. Le gars devait avoir la quarantaine. Des rides commençaient à être visibles sur son visage.

      — Je veux un avocat.

      — Avez-vous un avocat choisi que vous pouvez appeler? Sinon, il vous faudra attendre des heures avant que la court ne vous en assigne un.

      Elle fronça légèrement les sourcils devant cette petite manoeuvre d'intimidation.

      — J'attendrais. Vous ne tirerez rien de moi d'ici là.

      Il coupa la parole à l'agent McBride avant qu'elle n'aie le temps de rétorquer :

      — Très bien. Ne parlez pas. Allez vous d'abord écouter ce que nous avons à dire ?

      — Si ça vous amuse...

      Il ouvrit le dossier puis plaqua une feuille de papier sous son nez.

      — Ce groupe vous est-il familier ?

      Elle reconnut instantanément la capture d'écran. En haut se trouvait le drapeau anarchiste rouge et noir avec une étoile en son milieu. Dessous, une image en noir et blanc de Che Guevara ; la même qu'on voyait sur les T-shirts. Javier n'était pas vraiment enchanté de voir son visage lorsque Brayden était venu parader avec ce site piraté. Sa famille avait fui Cuba alors tout ce qui concernait le Che de près ou de loin, il n'était fan.

      À côté de l'image, il y avait une citation :

      "Le temps est venu de rejeter le joug, de forcer la renégociation des dettes étrangères oppressantes et de forcer les impérialistes à abandonner leurs bases d'agressions."

      Elle fit rouler sa tête sur son épaule gauche.

      — Oui, j'ai entendu parler d'AntiAmerica. On en parle aux nouvelles chaque putain de jour.

      Ce n'était pas tant un choix de sa part de suivre l'évolution du groupe. Elle avait été exposée involontairement à des rappels et commentaires grâce à Brayden ; hacktiviste de longue date et supporter des causes sociales sur le net et source de tirades anticapitalistes. Une fois, il s'était emballé sur la façon dont "le système était biaisé pour que les riches exploitent les masses." nul n'avait pu le faire taire.

      L'agent Palmer s'en saisit et agita la capture d'écran alors que son équipière faisait les cent pas dans le coin.

      — Ceci était le site de la banque Nexus après la première attaque d'AntiAmerica le 1er Mai; le jour de la fête du travail; en commémoration des attaques de 1919 de la terreur rouge, c'était il y a un siècle. Elles avaient été suivies d'attaques à l'encontre du Dominion et de la Première Régence. Les trois plus grosses banques du pays ont été piratées au cours des deux derniers mois.

      Les agents se conduisaient comme si leur speech signifiait quelque chose pour elle.

      — C'est à cause de ça que vous êtes là à me parler, tous les deux ?

      L'agent Palmer hocha la tête.

      — L'agent McBride et moi faisons partie d'un groupe de travail inter-agences dont la mission est d'enquêter sur eux.

      — Tant mieux pour vous.

      — Qu'elle est votre opinion concernant AntiAmerica ?

      Les oreilles d'Alanna étaient saturées du son de l'agent McBride en train de faire claquer son chewing gum dans l'angle de la pièce.

      — Je n'en ai pas. Je n'en ai rien à cirer. Et la votre ?

      — Ce ne sont pas des hacktivistes qui luttent pour des causes comme LulzSec ou les NullCrew. Ce sont des anarchistes. Leur but ultime est de mettre ce pays à genoux. Et plus ils sont suivis, plus ils deviennent dangereux.

      Depuis que le manifeste avait été publié en ligne par AntiAmerica après la première attaque, ils avaient rameuté chaque anarchiste non déclaré qu'ils avaient pu trouver via les tableaux à messages, les salons de discussion et Twitter. Elle n'avait pas d'idée concernant le nombre exact. Mais à chaque fois qu'elle avait allumé la TV, les nouvelles histoires concernant l'éruption de nouvelles manifs fleurissant dans les villes majeures du monde entier abondaient.

      — OK, oublions deux secondes le mélodrame... qu'est-ce que tout cela a à voir avec moi ?

      Il se pencha en arrière avant de se tenir les mains ensemble.

      — Connaissez-vous un hackeur du nom de Paul Haynes ?

      Alanna repose la nuque contre le dossier de la chaise. Le fait que les fédéraux mentionnent le nom de Paul signifiait qu'ils étaient au courant du fait qu'il était un black hat. Il lui faudrait faire très attention. Sans savoir ce qu'ils avaient comme preuves la reliant à Paul, elle ne pouvait nier trop ouvertement tout rapport avec lui. Il inclina la tête.

      — Vous pouvez répondre à une simple question par oui ou par non. Le connaissez vous ou pas ?

      Le silence ne ferait que renforcer l'impression de culpabilité qu'elle leur donnait déjà. Peut-être que si elle répondait, il finirait enfin par lui dire où il voulait en venir.

      — Je le connais. Mais pas très bien. Nous avons discuté quelques fois.

      — Combien de temps s'est-il écoulé depuis la dernière fois ou vous lui avez parlé ?

      — Quelques mois. Pourquoi ?

      C'était mieux qu'elle le fasse passer pour une simple connaissance. Elle courrait déjà assez de risques en l'état actuel des choses avec ses propres activités criminelles sur le tapis sans en rajouter en tissant des liens avec les siennes à lui.

      — Son co-locataire a été retrouvé assassiné.

      Alanna eut un pincement à l'estomac et se sentit nauséeuse alors qu'elle gigotait sur son siège. Les deux agents étaient en train d'étudier sa réaction avec intérêt... Il lui fallait contrôler ses émotions. Mais elle ne pouvait s'empêcher d'être désolée pour Paul. Peu importe ce qu'elle pensait de lui, il lui était insupportable d'imaginer la terrible perte que cela avait dû être.

      — Nous avions l'intention de le faire venir il y a environs deux semaines afin de discuter d'une faille qu'il a créée qui a été utilisée lors de la première attaque d'AntiAmerica. Les agents qui avaient été envoyés à son appartement de South Beach on trouvé le cadavre de son colocataire. Il avait été attaché, battu et étranglé.

      Elle se mordilla la lèvre inférieure.

      — Wow. Je n'ai jamais rencontré son


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