LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан


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jamais du même bord. Vous êtes d’un côté du fossé, moi de l’autre. On peut se saluer, se tendre la main, converser un moment, mais le fossé est toujours là. Toujours vous serez Herlock Sholmès, détective, et moi Arsène Lupin, cambrioleur. Et toujours Herlock Sholmès obéira, plus ou moins spontanément, avec plus ou moins d’à-propos, à son instinct de détective, qui est de s’acharner après le cambrioleur et de le « fourrer dedans » si possible. Et toujours Arsène Lupin sera conséquent avec son âme de cambrioleur en évitant la poigne du détective, et en se moquant de lui si faire se peut. Et cette fois, faire se peut ! Ah ! ah ! ah !

      Il éclata de rire, un rire narquois, cruel et détestable…

      Puis, soudain grave, il se pencha vers la jeune fille.

      – Soyez sûre, Mademoiselle, que, même réduit à la dernière extrémité, je ne vous eusse pas trahie. Arsène Lupin ne trahit jamais, surtout ceux qu’il aime et qu’il admire. Et vous me permettrez de vous dire que j’aime et que j’admire la vaillante et chère créature que vous êtes.

      Il tira de son portefeuille une carte de visite, la déchira en deux, en tendit une moitié à la jeune fille, et, d’une même voix émue et respectueuse :

      – Si M. Sholmès ne réussit pas dans ses démarches, Mademoiselle, présentez-vous chez lady Strongborough (vous trouverez facilement son domicile actuel) et remettez-lui cette moitié de carte, en lui adressant ces deux mots « souvenir fidèle ». Lady Strongborough vous sera dévouée comme une sœur.

      – Merci, dit la jeune fille, j’irai demain chez cette dame.

      – Et maintenant, maître, s’écria Lupin du ton satisfait d’un Monsieur qui a rempli son devoir, je vous souhaite une bonne nuit. Nous avons une heure encore de traversée. J’en profite.

      Il s’étendit tout de son long, et croisa ses mains derrière sa tête.

      Le ciel s’était ouvert devant la lune. Autour des étoiles et au ras de la mer, sa clarté radieuse s’épanouissait. Elle flottait dans l’eau, et l’immensité, où se dissolvaient les derniers nuages, semblait lui appartenir.

      La ligne des côtes se détacha de l’horizon obscur. Des passagers remontèrent. Le pont se couvrit de monde. M. Austin Gilett passa en compagnie de deux individus que Sholmès reconnut pour des agents de la police anglaise.

      Sur son banc, Lupin dormait…

       L'Aiguille creuse

      Table des matières

       1 Le coup de feu

       2 Isidore Beautrelet, élève de rhétorique

       3 Le cadavre

       4 Face à face

       5 Sur la piste

       6 Un secret historique

       7 Le Traité de l’Aiguille

       8 De César à Lupin

       9 Sésame, ouvre-toi !

       10 Le trésor des rois de France

      1

       Le coup de feu

      Table des matières

      Raymonde prêta l’oreille. De nouveau et par deux fois le bruit se fit entendre, assez net pour qu’on pût le détacher de tous les bruits confus qui formaient le grand silence nocturne, mais si faible qu’elle n’aurait su dire s’il était proche ou lointain, s’il se produisait entre les murs du vaste château, ou dehors, parmi les retraites ténébreuses du parc.

      Doucement elle se leva. Sa fenêtre était entrouverte, elle en écarta les battants. La clarté de la lune reposait sur un calme paysage de pelouses et de bosquets où les ruines éparses de l’ancienne abbaye se découpaient en silhouettes tragiques, colonnes tronquées, ogives incomplètes, ébauches de portiques et lambeaux d’arcs-boutants. Un peu d’air flottait à la surface des choses, glissant à travers les rameaux nus et immobiles des arbres, mais agitant les petites feuilles naissantes des massifs.

      Et soudain, le même bruit… C’était vers sa gauche et au-dessous de l’étage qu’elle habitait, par conséquent dans les salons qui occupaient l’aile occidentale du château.

      Bien que vaillante et forte, la jeune fille sentit l’angoisse de la peur. Elle passa ses vêtements de nuit et prit les allumettes.

      – Raymonde… Raymonde…

      Une voix faible comme un souffle l’appelait de la chambre voisine dont la porte n’avait pas été fermée. Elle s’y rendait à tâtons, lorsque Suzanne, sa cousine, sortit de cette chambre et s’effondra dans ses bras.

      – Raymonde… c’est toi ?… tu as entendu ?…

      – Oui… tu ne dors donc pas ?

      – Je suppose que c’est le chien qui m’a réveillée… il y a longtemps… Mais il n’aboie plus. Quelle heure peut-il être ?

      – Quatre heures environ.

      – Écoute… On marche dans le salon.

      – Il n’y a pas de danger, ton père est là, Suzanne.

      – Mais il y a du danger pour lui. Il couche à côté du petit salon.

      – M. Daval est là aussi…

      – À l’autre bout du château… Comment veux-tu qu’il entende ?

      Elles hésitaient, ne sachant à quoi se résoudre. Appeler ? Crier au secours ? Elles n’osaient, tellement le bruit même de leur voix leur semblait redoutable. Mais Suzanne qui s’était approchée de la fenêtre étouffa un cri.

      – Regarde… un homme près du bassin.

      Un homme en effet s’éloignait d’un pas rapide. Il portait sous le bras un objet d’assez grandes dimensions dont elles ne purent discerner la nature, et qui, en ballottant contre sa jambe, contrariait sa marche. Elles le virent qui passait près de l’ancienne chapelle et qui se dirigeait vers une petite porte dont le mur était percé. Cette porte devait être ouverte, car l’homme disparut subitement, et elles n’entendirent point le grincement habituel des gonds.

      – Il venait du salon, murmura Suzanne.

      – Non, l’escalier et le vestibule l’auraient conduit bien plus à gauche… À moins que…

      Une même idée les secoua. Elles se penchèrent. Au-dessous d’elles, une échelle était dressée contre la façade et s’appuyait au premier étage. Une lueur éclairait le balcon de pierre. Et un autre homme qui portait aussi quelque chose enjamba ce balcon, se laissa glisser le long de l’échelle et s’enfuit par le même chemin.

      Suzanne, épouvantée,


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