Les aventures complètes d'Arsène Lupin. Морис Леблан

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Les aventures complètes d'Arsène Lupin - Морис Леблан


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tressautai.

      – Ici ?

      – Oui, et je l’avais toujours soupçonné. Louis Lacombe, très ingénieux, passionné de mécanique, s’amusait, à ses heures perdues, à confectionner des coffres et des serrures. Les frères Varin ont dû surprendre et, par la suite, utiliser une de ces cachettes pour dissimuler les lettres… et d’autres choses aussi sans doute.

      – Mais ils n’habitaient pas ici, m’écriai-je.

      – Jusqu’à votre arrivée, il y a quatre mois, ce pavillon est resté inoccupé. Il est donc probable qu’ils y revenaient, et ils ont pensé en outre que votre présence ne les gênerait pas le jour où ils auraient besoin de retirer tous leurs papiers. Mais ils comptaient sans mon mari qui, dans la nuit du 22 au 23 juin, a forcé le coffre, a pris… ce qu’il cherchait, et a laissé sa carte pour bien montrer aux deux frères qu’il n’avait plus à les redouter et que les rôles changeaient. Deux jours plus tard, averti par l’article du Gil Blas, Étienne Varin se présentait chez vous en toute hâte, restait seul dans ce salon, trouvait le coffre vide, et se tuait.

      Après un instant, Daspry demanda :

      – C’est une simple supposition, n’est-ce pas ? M. Andermatt ne vous a rien dit ?

      – Non.

      – Son attitude vis-à-vis de vous ne s’est pas modifiée ? Il ne vous a pas paru plus sombre, plus soucieux ?

      – Non.

      – Et vous croyez qu’il en serait ainsi s’il avait trouvé les lettres ! Pour moi, il ne les a pas. Pour moi, ce n’est pas lui qui est entré ici.

      – Mais qui alors ?

      – Le personnage mystérieux qui conduit cette affaire, qui en tient tous les fils, et qui la dirige vers un but que nous ne faisons qu’entrevoir à travers tant de complications, le personnage mystérieux dont on sent l’action visible et toute-puissante depuis la première heure. C’est lui et ses amis qui sont entrés dans cet hôtel le 22 juin, c’est lui qui a découvert la cachette, c’est lui qui a laissé la carte de M. Andermatt, c’est lui qui détient la correspondance et les preuves de la trahison des frères Varin.

      – Qui, lui ? interrompis-je, non sans impatience.

      – Le correspondant de l’Écho de France, parbleu, ce Salvator ! N’est-ce pas d’une évidence aveuglante ? Ne donne-t-il pas dans son article des détails que, seul, peut connaître l’homme qui a pénétré les secrets des deux frères ?

      – En ce cas, balbutia Mme Andermatt, avec effroi, il a mes lettres également, et c’est lui à son tour qui menace mon mari ! Que faire, mon Dieu !

      – Lui écrire, déclara nettement Daspry, se confier à lui sans détours, lui raconter tout ce que vous savez et tout ce que vous pouvez apprendre.

      – Que dites-vous !

      Votre intérêt est le même que le sien. Il est hors de doute qu’il agit contre le survivant des deux frères. Ce n’est pas contre M. Andermatt qu’il cherche les armes, mais contre Alfred Varin. Aidez-le.

      – Comment ?

      – Votre mari a-t-il ce document qui complète et qui permet d’utiliser les plans de Louis Lacombe ?

      – Oui.

      – Prévenez-en Salvator. Au besoin, tâchez de lui procurer ce document. Bref, entrez en correspondance avec lui. Que risquez-vous ?

      Le conseil était hardi, dangereux même à première vue ; mais Mme Andermatt n’avait guère le choix. Aussi bien, comme disait Daspry, que risquait-elle ? Si l’inconnu était un ennemi, cette démarche n’aggravait pas la situation. Si c’était un étranger qui poursuivait un but particulier, il devait n’attacher à ces lettres qu’une importance secondaire.

      Quoi qu’il en soit, il y avait là une idée, et Mme Andermatt, dans son désarroi, fut trop heureuse de s’y rallier. Elle nous remercia avec effusion, et promit de nous tenir au courant.

      Le surlendemain, en effet, elle nous envoyait ce mot qu’elle avait reçu en réponse :

      « Les lettres ne s’y trouvaient pas. Mais je les aurai, soyez tranquille. Je veille à tout. S. »

      Je pris le papier. C’était l’écriture du billet que l’on avait introduit dans mon livre de chevet, le soir du 22 juin.

      Daspry avait donc raison, Salvator était bien le grand organisateur de cette affaire.

      En vérité, nous commencions à discerner quelques lueurs parmi les ténèbres qui nous environnaient et certains points s’éclairaient d’une lumière inattendue. Mais que d’autres restaient obscurs, comme la découverte des deux sept de cœur ! Pour ma part, j’en revenais toujours là, plus intrigué peut-être qu’il n’eût fallu par ces deux cartes dont les sept petites figures transpercées avaient frappé mes yeux en de si troublantes circonstances. Quel rôle jouaient-elles dans le drame ? Quelle importance devait-on leur attribuer ? Quelle conclusion devait-on tirer de ce fait que le sous-marin construit sur les plans de Louis Lacombe portait le nom de Sept-de-cœur ?

      Daspry, lui, s’occupait peu des deux cartes, tout entier à l’étude d’un autre problème dont la solution lui semblait plus urgente : il cherchait inlassablement la fameuse cachette.

      – Et qui sait, disait-il, si je n’y trouverais point les lettres que Salvator n’y a point trouvées… par inadvertance peut-être. Il est si peu croyable que les frères Varin aient enlevé d’un endroit qu’ils supposaient inaccessible l’arme dont ils savaient la valeur inappréciable.

      Et il cherchait. La grande salle n’ayant bientôt plus de secrets pour lui, il étendait ses investigations à toutes les autres pièces du pavillon : il scruta l’intérieur et l’extérieur, il examina les pierres et les briques des murailles, il souleva les ardoises du toit.

      Un jour, il arriva avec une pioche et une pelle, me donna la pelle, garda la pioche et, désignant le terrain vague :

      – Allons-y.

      Je le suivis sans enthousiasme. Il divisa le terrain en plusieurs sections qu’il inspecta successivement. Mais, dans un coin, à l’angle que formaient les murs des deux propriétés voisines, un amoncellement de moellons et de cailloux recouverts de ronces et d’herbes attira son attention. Il l’attaqua.

      Je dus l’aider. Durant une heure, en plein soleil, nous peinâmes inutilement. Mais lorsque, sous les pierres écartées, nous parvînmes au sol lui-même et que nous l’eûmes éventré, la pioche de Daspry mit à nu des ossements, un reste de squelette autour duquel s’effiloquaient encore des bribes de vêtements.

      Et soudain je me sentis pâlir. J’apercevais fichée en terre une petite plaque de fer, découpée en forme de rectangle et où il me semblait distinguer des taches rouges. Je me baissai. C’était bien cela : la plaque avait les dimensions d’une carte à jouer, et les taches rouges, d’un rouge de minium rongé par places, étaient au nombre de sept, disposées comme les sept points d’un sept de cœur, et percées d’un trou à chacune des sept extrémités.

      – Écoutez, Daspry, j’en ai assez de toutes ces histoires. Tant mieux pour vous si elles vous intéressent. Moi, je vous fausse compagnie.

      Était-ce l’émotion ? Était-ce la fatigue d’un travail exécuté sous un soleil trop rude, toujours est-il que je chancelai en m’en allant, et que je dus me mettre au lit, où je restai quarante-huit heures, fiévreux et brûlant, obsédé par des squelettes qui dansaient autour de moi et se jetaient à la tête leurs cœurs sanguinolents.

      Daspry me fut fidèle. Chaque jour, il m’accorda trois ou quatre heures, qu’il passa, il est vrai, dans la grande salle, à fureter, cogner, et tapoter.

      – Les lettres sont là, dans cette pièce, venait-il me dire de temps à autre, elles sont là. J’en mettrais


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