Le Cabinet des Fées. Anonyme

Читать онлайн книгу.

Le Cabinet des Fées - Anonyme


Скачать книгу
en est tant que le loup mange.

      Je dis le loup, car tous les loups

      Ne sont pas de la même sorte.

      Il en est d'une humeur accorte,

      Sans bruit, sans fiel et sans courroux,

      Qui, privés, complaisants et doux,

      Suivent les jeunes demoiselles

      Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles.

      Mais, hélas! qui ne sait que ces loups doucereux

      De tous les loups sont les plus dangereux?

       Table des matières

      L'aîné eut le moulin.

      Le second eut l'âne.

      Et le plus jeune n'eut que le chat.

      Il mit du son et des lacerons dans son sac; et, s'étendant comme s'il eût été mort, il attendit que quelque jeune lapin, peu instruit encore des ruses de ce monde, vînt se fourrer dans son sac pour manger ce qu'il y avait mis.

      A peine fut-il couché, qu'il eut contentement: un jeune étourdi de lapin entra dans son sac; et le maître Chat, tirant aussitôt ses cordons, le prit et le tua sans miséricorde.

      Tout glorieux de sa proie, il s'en alla chez le roi et demanda à lui parler.

      On le fit monter à l'appartement de Sa Majesté, où, étant entré, il fit une grande révérence au roi, et lui dit:

      --Dis à ton maître, répondit le roi, que je le remercie et qu'il me fait plaisir.

      Une autre fois, il alla se cacher dans un blé, tenant toujours son sac ouvert; et lorsque deux perdrix y furent entrées, il tira les cordons et les prit toutes deux.

      Il alla ensuite les présenter au roi, comme il avait fait du lapin de garenne. Le roi reçut encore avec plaisir les deux perdrix, et lui fit donner pour boire.

      Le Chat continua ainsi, pendant deux ou trois mois, à porter de temps en temps au roi du gibier de la chasse de son maître. Un jour qu'il sut que le roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière avec sa fille, la plus belle princesse du monde, il dit à son maître:

      --Si vous voulez suivre mon conseil, votre fortune est faite; vous n'avez qu'à vous baigner dans la rivière, à l'endroit que je vous montrerai, et ensuite me laisser faire.

      Le marquis de Carabas fit ce que son Chat lui conseillait, sans savoir à quoi cela serait bon.

      Dans le temps qu'il se baignait, le roi vint à passer; et le Chat se mit à crier de toute sa force:

      --Au secours! au secours! voilà M. le marquis de Carabas qui se noie!

      A ce cri, le roi mit la tête à la portière; et, reconnaissant le Chat qui lui avait apporté tant de fois du gibier, il ordonna à ses gardes qu'on allât vite au secours de M. le marquis de Carabas.


Скачать книгу