Le roman d'un jeune homme pauvre. Feuillet Octave
Читать онлайн книгу.ection>
Octave Feuillet
Le roman d'un jeune homme pauvre
Publié par Good Press, 2020
EAN 4064066083595
Table des matières
CALMANN LEVY, EDITEUR
PAR
CENT TRENTE-CINQUIEME EDITION
ETAT DES PERSONNES QUI HABITENT LEDIT CHATEAU
LE ROMAN
D'UN
JEUNE HOMME PAUVRE
CALMANN LEVY, EDITEUR
OEUVRES COMPLETES
D'OCTAVE FEUILLET
DE L'ACADEMIE FRANCAISE
Grand format in-18
LES AMOURS DE PHILIPPE 1 vol.
BELLAH 1 vol.
LE DIVORCE DE JULIETTE 1 vol.
HISTOIRE DE SIBYLLE 1 vol.
HISTOIRE D'UNE PARISIENNE 1 vol.
HONNEUR D'ARTISTE 1 vol.
LE JOURNAL D'UNE FEMME 1 vol.
JULIA DE TRECOEUR 1 vol.
UN MARIAGE DANS LE MONDE 1 vol.
MONSIEUR DE CAMORS 1 vol.
LA PETITE COMTESSE, LE PARC, ONESTA 1 vol.
LE ROMAN D'UN JEUNE HOMME PAUVRE 1 vol.
SCENES ET COMEDIES 1 vol.
SCENES ET PROVERBES 1 vol.
LA VEUVE 1 vol.
LA MORTE 1 vol.
LE ROMAN
D'UN JEUNE HOMME PAUVRE
PAR
OCTAVE FEUILLET
DE L'ACADEMIE FRANCAISE
CENT TRENTE-CINQUIEME EDITION
PARIS
CALMANN LEVY, EDITEUR
ANCIENNE MAISON MICHEL LEVY FRERES
3, RUE AUBER, 3
1891
Droits de reproduction et de traduction réservés.
LE ROMAN
D'UN
JEUNE HOMME PAUVRE
Sursum corda!
Paris, 20 avril 185..
Voici la seconde soirée que je passe dans cette misérable chambre à regarder d'un oeil morne mon foyer vide, écoutant stupidement les murmures et les roulements monotones de la rue, et me sentant, au milieu de cette grande ville, plus seul, plus abandonné et plus voisin du désespoir que le naufragé qui grelotte en plein Océan sur sa planche brisée. — C'est assez de lâcheté! Je veux regarder mon destin en face pour lui ôter son air de spectre: je veux aussi ouvrir mon coeur, où le chagrin déborde, au seul confident dont la pitié ne puisse m'offenser, à ce pâle et dernier ami qui me regarde dans ma glace. — Je veux donc écrire mes pensées et ma vie, non pas avec une exactitude quotidienne et puérile, mais sans omission sérieuse, et surtout sans mensonge. J'aimerai ce journal: il sera comme un écho fraternel qui trompera ma solitude, il me sera en même temps comme une seconde conscience, m'avertissant de ne laisser passer dans ma vie aucun trait que ma propre main ne puisse écrire avec fermeté.
Je cherche maintenant dans le passé avec une triste avidité tous les faits, tous les incidents qui dès longtemps auraient dû m'éclairer, si le respect filial, l'habitude et l'indifférence d'un oisif heureux n'avaient fermé mes yeux à toute lumière. Cette mélancolie constante et profonde de ma mère m'est expliquée; je m'explique encore son dégoût du monde, et ce costume simple et uniforme, objet tantôt de railleries, tantôt du courroux de mon père: "Vous avez l'air d'une servante," lui disait-il.
Je ne pouvais me dissimuler que notre vie de famille ne fût quelquefois troublée par des querelles d'un caractère plus sérieux: mais je n'en étais jamais directement témoin. Les accents irrités et impérieux de mon père, les murmures d'une voix qui paraissait supplier, des sanglots étouffés, c'était tout ce que j'en pouvais entendre. J'attribuais