Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition. Anonyme

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Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition - Anonyme


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tant que nous n’aurons pas fait tout notre possible pour mettre de l’ordre dans notre passé. Nous sommes là pour réparer les dégâts dont nous sommes responsables, conscients que nous ne pourrons rien faire de valable tant que le passé n’aura pas été nettoyé. Nous évitons de lui dire ce qu’elle devrait faire. Seuls nos torts à nous sont mentionnés, jamais les siens. Si nous parlons avec calme, franchise et sans rien cacher, les résultats seront satisfaisants.

      Neuf fois sur dix, l’inattendu se produit. Notre interlocuteur avoue parfois ses propres fautes et l’inimitié vieille de plusieurs années s’efface en une heure. Nous réussissons presque toujours à marquer des progrès. Il arrive que nos ennemis d’hier nous félicitent pour notre démarche et nous souhaitent bonne chance. Parfois, certains nous offrent leur aide. Il ne faut cependant pas nous en faire si quelqu’un nous chasse de son bureau. Nous aurons démontré notre bonne volonté, nous aurons fait ce qu’il fallait. C’est fini.

      La plupart des alcooliques doivent de l’argent. Nous ne cherchons pas à échapper à nos créanciers. Nous leur expliquons notre objectif sans faire de manières au sujet de notre alcoolisme. En général, ils sont déjà au courant, que nous nous en doutions ou non. Nous ne craignons pas non plus de révéler notre problème d’alcool sous prétexte que notre franchise pourrait nous causer des ennuis financiers. Abordé sans détours, le plus dur des créanciers peut parfois nous surprendre. Tout en discutant du meilleur arrangement possible, nous laissons savoir à ces gens que nous regrettons notre conduite passée. Notre alcoolisme a fait de nous de mauvais payeurs. Nous ne devons pas craindre nos créanciers, aussi loin que cela doive nous mener, car l’angoisse d’avoir à leur faire face risque de nous faire boire.

      Il se peut que nous ayons commis un acte criminel pour lequel nous pourrions être mis en prison s’il était connu des autorités. Peut-être le manque d’argent nous empêche de nous racheter. Nous avons déjà avoué ces circonstances à une autre personne, confidentiellement. Cependant, si ces gestes étaient révélés, nous serions certainement incarcérés ou nous perdrions notre emploi. Dans d’autres cas, il peut s’agir seulement d’un délit mineur, comme d’avoir gonflé nos notes de frais. La plupart d’entre nous avons fait des choses de ce genre. Divorcés et remariés, peut-être avons-nous cessé de verser la pension à notre première femme. Furieuse, elle a fait délivrer un mandat d’arrestation contre nous. C’est là une forme d’ennuis également répandue.

      Bien que nous puissions réparer ces torts d’innombrables façons, certains principes généraux peuvent nous guider. En nous rappelant que nous avons décidé d’aller aussi loin qu’il le faudrait pour vivre une expérience spirituelle, nous demandons que nous soient données la force et la lumière nécessaires pour faire ce qu’il faut, quelles que soient les conséquences pour nous. Cela peut signifier la perte de notre emploi ou de notre réputation, ou même l’incarcération, mais nous sommes prêts à tout. Il le faut. Nous ne devons reculer devant rien.

      En général, d’autres personnes sont mêlées à nos histoires. Nous prendrons garde de ne pas jouer le rôle du martyr qui, dans un geste aussi précipité qu’inconsidéré, sacrifierait inutilement les autres pour échapper au piège de l’alcoolisme. Nous connaissons un homme qui s’était remarié. À cause de l’alcool et par ressentiment, il ne payait pas de pension alimentaire à sa première femme. Elle en était furieuse. Elle s’est présentée à la cour et l’a fait incriminer. Il avait commencé à vivre selon nos principes, il possédait un bon emploi et commençait à sortir la tête de l’eau. Il aurait fait preuve d’un héroïsme impressionnant s’il s’était présenté devant le juge en disant : « Me voici. »

      Nous étions d’avis qu’il devait se montrer disposé à le faire si nécessaire. Seulement, une fois emprisonné, il ne pourrait plus pourvoir aux besoins d’aucune de ses deux familles. Nous lui avons suggéré d’envoyer à sa première femme une lettre dans laquelle il admettait ses fautes et demandait pardon. Il a envoyé la lettre en y ajoutant une petite somme d’argent. Il lui disait aussi ce qu’il s’efforcerait de faire à l’avenir. Il a ajouté qu’il serait prêt à aller en prison si elle y tenait. Bien sûr elle a renoncé à ses poursuites, et la situation est depuis longtemps rentrée dans l’ordre.

      Avant de prendre des mesures radicales qui pourraient engager d’autres personnes, nous nous assurons du consentement de celles-ci. Après que la permission nous a été accordée, que nous avons pris conseil auprès d’autres personnes et que nous avons demandé l’aide de Dieu, si la mesure catégorique s’impose, alors nous ne devons pas reculer.

      Cela nous fait penser à l’expérience de l’un de nos amis. Du temps où il prenait un verre, il avait accepté, sans donner de reçu, une somme d’argent d’un homme d’affaires et rival qu’il détestait. Par la suite, il a nié avoir reçu l’argent et s’est servi de cet incident pour discréditer son ennemi. Il utilisait donc ses propres méfaits pour détruire la réputation d’un autre homme. Et, effectivement, son rival fut ruiné.

      Il avait le sentiment d’avoir causé un tort qu’il serait incapable de redresser. S’il ramenait cette affaire sur le tapis, il risquait de détruire la réputation de son associé, d’exposer sa famille à la disgrâce et d’être privé de son gagne-pain. Avait-il le droit de mêler à son histoire toutes les personnes qui dépendaient de lui ? Comment pouvait-il s’y prendre pour blanchir publiquement son rival ?

      Après avoir consulté sa femme et son associé, il en vint à la conclusion qu’il valait mieux prendre tous ces risques que de se tenir pour coupable de cette diffamation devant son Créateur. Il a constaté qu’il devait s’en remettre à Dieu quant à l’issue de cette affaire sinon, il recommencerait à boire et tout serait perdu de toute façon. Il s’est rendu à l’église pour la première fois depuis des années. Après le sermon, il s’est levé tranquillement et a exposé la situation à l’assistance. Il s’est ainsi attiré l’approbation générale ; aujourd’hui, c’est un des citoyens les plus respectés de sa ville. Tout cela s’est passé il y a longtemps.

      Il est probable que nous ayons des problèmes de ménage. Peut-être entretenons-nous avec les femmes des relations dont nous préférons que la nature ne soit pas connue. Sur ce point, nous doutons que les alcooliques soient fondamentalement bien pires que les autres. Quoi qu’il en soit, il est certain que boire complique les relations sexuelles avec le conjoint. Après quelques années aux côtés d’un alcoolique, une femme s’use, devient amère et incapable de communiquer. Comment pourrait-il en être autrement ? Le mari commence à se sentir seul et à s’apitoyer sur son sort. Il se met à chercher quelque chose d’autre que l’alcool dans les boîtes de nuit ou autres endroits du même genre. Peut-être vit-il une aventure secrète passionnée avec une « femme qui comprend » ? En toute honnêteté, nous devons dire qu’elle peut très bien comprendre. Mais que faire devant une situation comme celle-ci ? Souvent, celui dont c’est le cas éprouve de gros remords, surtout s’il est marié à une femme loyale et courageuse qui a vécu et vit littéralement l’enfer à cause de lui.

      Quelle que soit la situation, nous devons généralement faire quelque chose pour la corriger. Si nous sommes certains que notre femme ne sait rien, devons-nous lui dire ce qui se passe ? Pas nécessairement. Si, dans l’ensemble, elle sait que nous avons fait bien des folies, devons-nous lui en raconter les détails ? Certes, nous devons avouer nos fautes. Elle peut cependant insister pour avoir tous les détails. Elle voudra savoir qui est l’autre femme et où elle habite. Nous considérons qu’il vaut mieux répondre que nous n’avons pas le droit de mêler une autre personne à nos problèmes de couple, que nous regrettons ce que nous avons fait et que, si Dieu le veut, cette situation ne se représentera pas. Nous ne pouvons pas faire plus ; nous n’avons pas le droit d’aller plus loin. Même s’il y a parfois des exceptions légitimes et bien que nous ne voulions pas tracer de règle à suivre, nous avons souvent trouvé que c’était là la meilleure façon de procéder.

      Notre mode de vie n’est pas à sens unique. Il est aussi bon pour la femme que pour le mari. Si les hommes sont capables d’oublier, les femmes le peuvent aussi. Toutefois, il vaut mieux ne pas révéler inutilement


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