Il Suffira D'Un Duc. Bianca Blythe

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Il Suffira D'Un Duc - Bianca Blythe


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à l’intérieur.

      Elle ferma très fort les yeux.

      Sa mère avait réussi à ruiner sa réputation après tout, et tout ce que Margaret avait accompli, c’était de s’assurer que le duc de Jevington ne soit impliqué dans aucun scandale.

      Elle fronça les sourcils.

      Elle était à Grosvenor Square.

      Daisy vivait à proximité.

      Margaret pouvait lui rendre visite, puisque Daisy ne serait pas au bal.

      — Vous devriez vraiment rentrer à l’intérieur, dit gentiment le majordome.

      — Je devrais l’embarquer pour voir si c’est pas une criminelle, dit le cocher. C’est pas bon signe quand une femme cambriole une maison dans un beau quartier comme ça.

      — Je n’allais pas cambrioler, protesta Margaret.

      — Alors qu’est-ce que vous alliez faire ? demanda le cocher. Ça m’a tout l’air d’être ce que vous alliez faire, même si vous aviez une invitation.

      Margaret le fixa du regard.

      Le majordome et le cocher la dévisagèrent en retour.

      D’accord.

      Margaret remua les jambes.

      — Ça doit être une professionnelle, en plus, songea le cocher. Parce que je ne l’ai même pas remarquée en train de grimper.

      Ce n’était plus le moment de réfléchir davantage, peu importe combien le processus de la réflexion était précieux en temps normal. Margaret partit en courant.

      Elle souleva ses jupes pour éviter de marcher sur leur ourlet et se précipita dans la rue. Elle évita de regarder les calèches, comme si ne pas croiser les yeux des cochers signifiait qu’ils ne remarqueraient pas une bourrasque jaune canari avec des boucles brunes.

      Elle s’enfuit de Grosvenore Square, puis tourna dans une rue adjacente, puis une autre. Trop tard, elle prit conscience qu’elle n’avait même pas un réticule et n’avait d’argent pour un fiacre.

      Elle serra les dents.

      Elle ne cherchait pas un fiacre – pas encore.

      Elle cherchait Daisy.

      Enfin, elle arriva à la résidence de son amie.

      Elle envisagea d’escalader jusqu’à la fenêtre de son amie. Mais contrairement aux héroïnes des romans de Loretta Van Lochen, elle ne sentait pas en mesure d’escalader l’immeuble. Même le balcon du duc s’était révélé dangereux.

      En outre, Daisy était sensée et n’aurait probablement pas laissé sa fenêtre ouverte. Cette partie de Mayfair était peut-être agréable, mais cela restait Londres, et de nombreuses personnes en manque d’argent était au courant de la richesse de ce quartier.

      Margaret lissa sa robe, consciente que de la boue formait des croûtes en divers endroits. Lisser sa robe n’était en rien comparable à laver sa robe, la sécher et la repasser, mais cela devrait suffire.

      Elle saisit le heurtoir, le frappa et après un certain temps, le majordome ouvrit la porte.

      S’il était indigné d’avoir été interrompu dans ses projets de repos nocturne, il ne l’exprima pas à haute voix. Par contre, il ouvrit grand les yeux et fit la moue.

      — Je suis vraiment désolée, dit vivement Margaret. Mais je désirais parler à Miss Holloway.

      Le majordome se renfrogna, et elle frissonna sous son regard dur.

      — Est-elle chez elle ? demanda Margaret d’une voix tremblante.

      — Miss Holloway n’est pas encline à batifoler en ville à des heures indues de la nuit.

      La voix du majordome retentit d’un ton autoritaire. Il excellait sans aucun doute à diriger les valets, apparaissant peut-être même dans leurs rêves après un incident particulièrement maladroit dans leur service.

      Margaret frémit, comme s’il était un capitaine de navire qui venait d’annoncer que le mât du bateau s’était abîmé dans l’océan et que leur survie était incertaine.

      — Puis-je la voir, cependant ?

      Le majordome soupira, et son comportement assuré se teinta de perplexité.

      — Ce n’est pas une heure normale pour les visites, jeune demoiselle.

      Des coups sourds résonnèrent à l’étage, et Margaret fut soudain reconnaissante pour la puissance de la voix du majordome.

      — Oh, Jameson, appela Daisy depuis la mezzanine. Vous n’avez pas besoin de prétendre être un chien de garde. Ce n’est que Miss Carberry.

      — Vous n’avez pas vu son accoutrement, murmura Jameson, et ses lèvres se tordirent de cette façon particulière si commune aux gens qui avaient trouvé la répartie parfaite, et tentaient, pour des raisons de conservation d’emploi, de ne pas émettre leurs sarcasmes à haute voix.

      Daisy agita la main à travers les barreaux de la rampe.

      — Ne vous préoccupez pas de lui. Montez.

      Margaret hocha la tête et se hâta de grimper les escaliers. Daisy resta bouche bée lorsque Margaret approcha. De toute évidence, elle venait de remarquer sa tenue.

      — Je suppose que vous vouliez bavarder.

      — Euh – oui.

      Daisy tourna sa chaise et roula en direction de sa chambre. Margaret se hâta de la suivre.

      — C’est aimable à vous de me rendre visite, dit Daisy.

      Une horloge comtoise égrenait énergiquement son tic-tac.

      — Je suis désolée pour l’heure tardive, dit Margaret.

      — Balivernes, dit Daisy avec gaieté. J’étais simplement en train de lire. Bien que j’adore Raison et Sentiments, je ne m’inquiète plus de savoir si Edmund oubliera complètement Elinor, et la lecture ne recèle plus la même urgence.

      Une porte s’ouvrit et Mrs Holloway passa la tête. Ses boucles blondes étaient recouvertes d’un bonnet de nuit, et ses sourcils blonds assortis s’élevèrent de surprise.

      — Miss Carberry ?

      La gorge de Margaret fut soudain sèche, mais elle parvint à s’abaisser en une révérence hâtive.

      — Enchantée de vous voir.

      — Bien sûr, dit Mrs Holloway dont le regard descendait vers la robe de Margaret. Il est assez tard.

      — Je sais, dit Margaret d’un air désolé. Je crains que ce ne soit urgent.

      Arriver chez une amie à une heure tardive était un manquement certain à l’étiquette, même si les tomes les plus épais dédiés à ce sujet échouaient à mettre explicitement en garde contre cette pratique. Leurs pages se consacraient à des avertissements sévèrement formulés contre les dommages irréparables qui s’ensuivraient après s’être laissé aller à un malencontreux faux-pas en prenant la mauvaise fourchette.

      Non, Margaret était certaine qu’elle avait commis un grave manquement à la politesse.

      Mrs Holloway l’examina prudemment.

      — Votre mère sait-elle que vous êtes ici ?

      Maman. Les doigts de Margaret s’agitèrent. Que faisait sa mère, en ce moment ? Continuait-elle ses recherches ? Margaret espéra qu’elle avait eu le bon sens de s’abstenir. La dernière chose dont elle avait besoin était que sa mère informe tout le monde au bal que Margaret était perdue, alors qu’elle n’avait aucune preuve et donc,


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