Il Suffira D'Un Duc. Bianca Blythe

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Il Suffira D'Un Duc - Bianca Blythe


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le résultat d’une saison de festins.

      La deuxième règle pour faire tapisserie était de n’interagir avec personne. Margaret n’avait pas besoin de voir l’expression des invités changer quand ils s’inquiétaient de devoir lui faire la conversation. Bien que l’échelon supérieur de la bonne société ne soit pas enclin à la timidité, peu désiraient être vu en conversation avec elle.

      Les mamans entremetteuses et les fiers papas ne s’interrogeaient plus sur le bien-fondé de trainer leurs deuxièmes et troisièmes fils pour faire sa connaissance, et Margaret ne se sentait plus embarrassée de tenter de converser avec la haute société : après tout, les résultats demeuraient identiques. Les premières notes chantantes de son accent écossais rencontraient la désapprobation de la crème de la crème, et quand ils établissaient l’identité de son père, ils s’excusaient avec empressement. Même ceux possédant des dettes considérables jugeaient préférable de supporter des rencontres embarrassantes avec leur tailleur et de sabrer dans le nombre de leurs domestiques que de mettre en danger leur respectabilité.

      La haute société jugeait suspecte la présence de Margaret aux occasionnelles festivités, voyant en elle un indésirable nivellement par le bas de la société, évoquant des idéaux probablement partagés par les paysans armés de fourches qui avaient un jour peuplé l’autre côté de la Manche. Le père de Margaret avait beau être plus fortuné que beaucoup d’entre eux réunis, elle-même avait beau avoir fréquenté les mêmes finishing schools que les autres filles de la haute société, cela ne signifiait pas qu’elle en faisait partie.

      Margaret se trouverait tout simplement un bon siège, puis discuterait avec ses chères amies. Même Maman ne s’attendrait pas à ce qu’elle trouve un mari au dernier bal de la saison. Margaret sourit, alors que lors de sa première participation à un bal, ses joues avaient été douloureuses à force de feindre le ravissement. À présent, elle appréciait presque de se rendre à ces soirées mondaines.

      La foule s’épaissit, et Margaret posa une main sur son turban pour entraver tout instinct que les plumes qui le décoraient pourraient avoir de prendre leur envol. La seule chose pire que de porter une monstruosité emplumée serait de porter une monstruosité déplumée.

      Aucune importance.

      C’était la dernière réception de la saison : c’était presque terminé.

      Margaret n’avait peut-être pas trouvé de mari, mais elle ne serait pas la première femme à ne pas être fiancée après une seule saison. En outre, Papa n’était pas exactement appauvri. Maman conviendrait peut-être qu’elle n’avait nul besoin d’une seconde saison, et qu’elle pourrait tout simplement se trouver un cottage dans le Dorset et vivre heureuse, confortablement installée avec ses volumes scientifiques préférés.

      Les violons murmuraient plaisamment. Le corps de Margaret s’allégea, et elle accéléra le pas.

      Soudain, quelque chose de mouillé ruissela le long de sa robe, et une immanquable odeur d’alcool envahit ses narines. Elle fronça les sourcils, mais elle n’avait pas rêvé – un liquide glacé lui coulait bien le long du dos.

      Sapristi !

      Une flûte de champagne se brisa sous son pied sur le parquet en pin ciré du duc de Jevington, gâchant le dessin élaboré à la craie, et Margaret réprima un cri. Qu’avait-elle fait ? De toute évidence, la récente expérience de Margaret en matière de bals ne l’avait pas préparée à éviter de renverser des verres. Du liquide s’écoula à travers la robe de Margaret.

      Double sapristi.

      Elle tâtonna dans son dos avec hésitation et baissa les yeux sur les éclats de verre brisé, décorés avec un motif doré complexe.

      Eh bien, le motif était à présent moins élaboré.

      Quelques dames plus âgées lancèrent à Margaret des regards horrifiés, ouvrant la bouche et fronçant les sourcils avec un mépris inhabituel pour l’éventuelle formation de rides.

      Un valet de pied se précipita, un mouchoir blanc serré dans la main. Il plongea au sol pour rassembler les éclats de verre.

      Certaines débutantes tournèrent le buste vers toute cette agitation et sourirent d’un air suffisant. Leurs manches bouffantes demeuraient sans la moindre tâche due au contact inopiné avec un liquide, et leur tissu recouvert de broderies dégageait un parfum de perfection non-alcoolisée.

      Le ventre de Margaret se tordit. Ce bal était supposé être agréable. Et elle venait de tout gâcher.

      Quelqu’un agrippa le coude de Margaret, et lorsqu’elle se retourna, elle vit sa propre mère.

      — J’ai vu ce qui s’est passé, dit Maman d’un ton brusque. Comme c’était maladroit de votre part. Je suis accourue aussitôt.

      — Je-Je suis désolée, bégaya Margaret, prise de court par l’apparition impromptue de sa mère. Je ne sais pas comment…

      Maman agita la main d’une manière désinvolte peu habituelle chez elle.

      — Cela n’a aucune importance, ma chère.

      Margaret en resta bouche bée. La plupart des choses étaient d’une importance capitale pour Maman. Faire une bonne impression au duc de Jevington se classait probablement en tête des désirs de Maman. C’était le bal du duc, et il ne s’éprendrait très probablement pas d’une femme qui avait transformé son parquet ciré et étincelant en zone dangereuse.

      Le duc ne se serait évidemment pas épris d’elle, même si Margaret n’avait pas accidentellement renversé un verre de champagne. Même d’autres jeunes femmes faisant tapisserie jugeaient Margaret sans intérêt. Aucun duc ne désirait avoir une duchesse qui bafouillait quand elle parlait et dont les joues rougissaient à intervalles réguliers. La capacité de Margaret à énoncer des faits scientifiques avec le même enthousiasme que d’autres mettaient à vanter leurs vagues relations avec la noblesse, était une piètre consolation.

      — Il faut vous sécher.

      Maman passa le bras de Margaret sous le sien, comme si elle craignait que Margaret ne décide de gambader vers les autres danseurs pour entamer un quadrille dans sa tenue dégoulinante.

      Elles progressèrent lentement vers la sortie, comme un plus grand nombre de gens affluaient vers la salle. Certaines personnes regardèrent Margaret avec curiosité, se demandant peut-être pourquoi elle avait décidé qu’une musique agréable, la danse et la nourriture étaient des expériences à délaisser, plutôt qu’à savourer. D’autres étaient occupés à lever la tête vers les merveilles peintes au plafond, comprenant des chérubins et des cieux céruléens, même si on ne voyait fréquemment ni les uns ni les autres au-dessus de Grosvenore Square.

      Enfin, Margaret et sa mère purent franchir les solides portes en bois sculpté et se retrouvèrent sur l’étincelant carrelage noir et blanc du vestibule du duc. Margaret se dirigea vers le vestiaire. Partir en avance était embarrassant, mais au moins elles n’avaient pas aperçu le duc : cela devait être considéré comme une victoire. Le moment manquait de gloire, mais Margaret releva tout de même le menton. De l’alcool lui dégoulina le long du dos, et elle frissonna.

      Maman tira sur la manche de Margaret.

      — Allons à l’étage.

      — À l’étage ? dit Margaret d’une voix tremblante. M-Mais.

      Margaret s’arrêta. Les invités ne s’aventuraient pas dans les étages. Elle se sentit ridicule de devoir rappeler les règles de l’étiquette à sa mère. Après tout, c’était sa mère qui les lui avait enseignées.

      Maman laissa échapper un petit gloussement, et Maman ne gloussait jamais.

      Margaret la regarda d’un air soupçonneux. Sa mère agissait de façon très étrange. Margaret avait souvent souhaité que sa mère


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