Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 1. Dozy Reinhart Pieter Anne

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Histoire des Musulmans d'Espagne, t. 1 - Dozy Reinhart Pieter Anne


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sa place101. Yézîd ne s'était pas encore décidé pour l'un ou pour l'autre des différents compétiteurs, lorsqu'un homme vieilli dans le métier de la guerre vint se mettre sur les rangs.

      C'était le borgne que nous avons déjà rencontré sur la grande route près de Tibérias.

      Nul, peut-être, ne représentait aussi bien le vieux temps et le principe païen, que ce borgne, Moslim, fils d'Ocba, de la tribu de Mozaina102. En lui il n'y avait pas même l'ombre de la foi mahométane; de tout ce qui était sacré aux yeux des musulmans, rien ne l'était pour lui. Moâwia connaissait ses sentiments et les appréciait: il l'avait recommandé à son fils comme l'homme le plus propre à réduire les Médinois, dans le cas où ils se révolteraient103. Cependant, s'il ne croyait pas à la mission divine de Mahomet, il n'en croyait que plus fermement aux préjugés superstitieux du paganisme, aux songes prophétiques, aux mystérieuses paroles qui sortaient des gharcad, espèces de grandes ronces épineuses qui, pendant le paganisme et dans certaines contrées de l'Arabie, passaient pour des oracles. C'est ce qu'il montra lorsque, se présentant à Yézîd, il lui dit: «Tout homme que vous enverriez contre Médine échouerait complétement. Moi seul je puis vaincre… Je vis en songe un gharcad, d'où sortait ce cri: Par la main de Moslim!.. Je m'approchai du lieu d'où venait la voix, et j'entendis dire: C'est toi qui vengeras Othmân sur les Médinois, ses meurtriers104

      Convaincu que Moslim était l'homme qu'il lui fallait, Yézîd l'accepta comme général, et lui donna ses ordres en ces termes: «Avant d'attaquer les Médinois, tu les sommeras pendant trois jours de se soumettre; attaque-les, s'ils refusent de le faire, et si tu remportes la victoire, tu livreras la ville pendant trois jours au pillage; tout ce que tes soldats y trouveront d'argent, de nourriture et d'armes, leur appartiendra105. Ensuite tu feras jurer aux Médinois d'être mes esclaves, et tu feras couper la tête à quiconque refusera de le faire106

      L'armée, dans laquelle on remarquait Ibn-Idhâh, le chef des Acharites107, dont nous avons rapporté l'entretien avec le fils de Zobair, arriva sans accident à Wâdî-'l-corâ, où se trouvaient les Omaiyades expulsés de Médine. Moslim les fit venir l'un après l'autre, afin de les consulter sur les meilleurs moyens qu'il pourrait employer pour se rendre maître de la ville. Un fils du calife Othmân ayant refusé de violer le serment que les Médinois lui avaient fait prêter: «Si tu n'étais le fils d'Othmân, lui dit le fougueux Moslim, je te couperais la tête; mais quoique je t'épargne, je n'épargnerai aucun autre Coraichite qui me refusera son appui et ses conseils.» Vint le tour de Merwân. Lui aussi éprouvait des scrupules de conscience; d'un autre côté, il craignait pour sa tête, car chez Moslim l'effet suivait de près la menace, et puis sa haine des Médinois était trop forte pour qu'il manquât l'occasion de l'assouvir. Par bonheur, il savait qu'on trouve avec le ciel des accommodements, qu'on peut violer un serment sans en avoir l'air. Il donna ses instructions à son fils Abdalmélic qui n'avait pas juré. «Entre avant moi, ajouta-t-il; peut-être Moslim ne me demandera-t-il rien quand il t'aura entendu.» Introduit auprès du général, Abdalmélic lui conseilla d'avancer avec ses troupes jusqu'aux premières plantations de palmiers: là l'armée devrait passer la nuit, et le lendemain matin elle devrait se porter à Harra, à l'est de Médine, de sorte que les Médinois, qui ne manqueraient pas d'aller à la rencontre de l'ennemi, eussent le soleil en face108. Abdalmélic fit aussi entrevoir à Moslim que son père saurait bien se mettre en relation avec certains Médinois qui, le combat engagé, trahiraient peut-être leurs concitoyens109. Fort content de ce qu'il venait d'entendre, Moslim s'écria avec un sourire moqueur: «Quel homme admirable que ton père!» et, sans forcer Merwân à en dire davantage, il suivit ponctuellement les conseils d'Abdalmélic, alla se camper à l'est de Médine, sur la grande route qui conduisait à Coufa, et fit annoncer aux Médinois qu'il leur donnait un répit de trois jours pour se raviser. Les trois jours passés, les Médinois répondirent qu'ils refusaient de se soumettre110.

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      1

      Dans la première édition de mes Recherches sur l'histoire et la littérature de l'Espagne pendant le moyen âge.

      2

      Burckhardt, Notes on the Bedouins, p. 66, 67; Burton, Pilgrimage to El Medinah and Meccah, t. II, p. 112.

      3

      Mobarrad, p. 71.

      4

      Mobarrad, ibid. Comparez aussi Ibn-Nobâta, apud Rasmussen, Addit. ad hist. Arabum, p. 18 du texte.

      5

      Burckhardt, p. 68; Caussin, t. II, p. 634.

      6

      Burckhardt, p. 41.

      7

      Caussin, t. II, p. 555, 611.

      8

      Burckhardt, p. 40.

      9

      Caussin, t. II, p. 627.

      10

      Tabarî, t. II, p. 254.

      11

      Caussin, t. II, p, 424.

      12

      Ibn-Khaldoun, Prolégomènes (XVI), p. 250; Raihân, fol. 146 r.

      13

      Mobarrad, p. 233.

      14

      Voyez Burckhardt, p. 141.

      15

      Voyez Caussin, t. II, p. 314 et suiv., 345, 509 et suiv., 513.

      16

      Voyez Burckhardt, p. 41.

      17

      Moallaca d'Amr ibn-Colthoum.

      18

      Caussin, t. II, p. 281, 391; t. III, p. 99. Comparez Abou-Ismâîl al-Baçrî, Fotouh as-Châm, p. 77, 198, 200.

      19

      Burckhardt,


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<p>101</p>

Voir note A, à la fin de ce volume.

<p>102</p>

Dans plusieurs manuscrits on lit par erreur Morrî, au lieu de Mozanî. La véritable leçon se trouve chez Fâkihî, fol. 400 r.

<p>103</p>

Ibn-Khaldoun, fol. 169 v.; Samhoudî.

<p>104</p>

Aghânî, t. I, p. 21.

<p>105</p>

Ibn-Khaldoun; Samhoudî.

<p>106</p>

Fâkihî, fol. 400 r.

<p>107</p>

Ibn-al-Athîr, man. de Paris (C. P.), t. III, fol. 78 r.

<p>108</p>

Ibn-Khaldoun.

<p>109</p>

Raihân, fol. 200 v.

<p>110</p>

Ibn-Khaldoun.