Chevalier, Héritier, Prince . Морган Райс
Читать онлайн книгу.savait, où elle espérait, que sa mère serait en train de l'attendre.
Elle atteignit les pentes inférieures de la colline et commença l'ascension. Autour d'elle, l'île était pleine de vie. Des abeilles bourdonnaient dans l'herbe basse. Une créature ressemblant à un cerf mais avec des dents de cristal à la place des bois regarda longtemps Ceres avant de s'enfuir d'un bond.
Pourtant, malgré les bâtiments qui parsemaient le paysage autour d'elle, elle ne voyait personne sur cette île. Les bâtiments les plus proches de Ceres lui semblaient vides et immaculés, comme une pièce que l'on n'avait quittée que quelques instants auparavant. Ceres continua de monter vers le sommet de la colline, vers l'endroit où les tours formaient un cercle autour d'une large zone herbeuse et lui offraient une vue sur tout le reste de l'île si elle regardait entre elles.
Pourtant, elle ne regarda pas dans cette direction. Au lieu de ça, Ceres se mit à regarder au centre du cercle, où une silhouette solitaire se tenait, vêtue d'une robe blanc pur. Contrairement à sa vision, la silhouette n'était ni trouble ni floue. Elle était là, aussi nette et réelle que Ceres elle-même. Ceres s'avança presque assez près pour la toucher. Ce ne pouvait être qu'une seule personne.
“Mère ?”
“Ceres.”
La silhouette en robe se lança en avant au même moment que Ceres et, quand elles se rencontrèrent, elles se serrèrent l'une contre l'autre avec une violence qui semblait exprimer toutes les choses que Ceres ne savait pas comment dire : l'impatience avec laquelle elle avait attendu ce moment, à quel point elle l'aimait, à quel point elle était étonnée de rencontrer en chair et en os la femme qu'elle n'avait rencontrée que dans une vision.
“Je savais que tu viendrais”, dit la femme, sa mère, en reculant, “mais, même en le sachant, c'est tellement différent de te voir en chair et en os.”
Alors, elle retroussa la capuche de sa robe et il sembla presque impossible que cette femme puisse être sa mère. Sa sœur, peut-être, parce qu'elle avait les mêmes cheveux et les mêmes traits. Pour Ceres, c'était presque comme si elle se regardait dans un miroir. Cette femme avait l'air trop jeune pour être sa mère.
“Je ne comprends pas”, dit Ceres. “Tu es bien ma mère ?”
“Je le suis.” Elle tendit les bras et serra Ceres contre elle une fois de plus. “Je sais que ça doit avoir l'air étrange, mais c'est vrai. Mon espèce peut vivre longtemps. Je m'appelle Lycine.”
Un nom. Ceres avait finalement un nom pour sa mère. D'une façon ou d'une autre, cela comptait plus que tout le reste. Ça suffisait à donner sens à son voyage. Elle aurait voulu rester là à contempler sa mère pour toujours. Cela dit, elle avait quand même des questions à lui poser. Elle en avait tellement qu'elles sortirent à toute vitesse.
“Quel est cet endroit ?” demanda-t-elle. “Pourquoi es-tu toute seule ici ? Attends, que veux-tu dire par ‘mon espèce’ ?”
Lycine sourit et s'assit dans l'herbe. Ceres la rejoignit et, quand elle s'assit, elle se rendit compte que ce n'était pas que de l'herbe. Sous l'herbe, elle vit des fragments de pierre qui formaient une mosaïque depuis longtemps recouverte par la prairie qui les entourait.
“Il est difficile de répondre à toutes tes questions”, dit Lycine, “surtout si on tient compte du fait que j'ai moi aussi des quantités de questions à te poser sur toi, sur ta vie. Sur tout, Ceres. Cela dit, je vais essayer. Et si on le faisait à l'ancienne ? Une question chacune à tour de rôle ?”
Ceres ne savait pas quoi répondre à cela, mais il semblait que sa mère n'en ait pas encore fini.
“Est-ce qu'on raconte encore les histoires des Anciens dans ton monde ?”
“Oui”, dit Ceres. Elle avait toujours accordé plus d'attention aux histoires des seigneurs de guerre et de leurs exploits au Stade, mais elle en connaissait quelques-unes qui portaient sur les Anciens : ceux qui étaient arrivés avant l'humanité, qui ressemblaient parfois aux hommes et semblaient parfois être bien plus, qui avaient bâti tant de choses puis les avaient perdues. “Attends, veux-tu dire que tu fais —”
“Partie des Anciens, oui”, répondit Lycine. “C'était un de nos lieux d'habitation, avant que … bon, il y a des choses dont il vaut mieux ne pas encore parler. De plus, tu me dois une réponse. Donc, dis-moi comment a été ta vie. Je ne pouvais pas être à tes côtés, mais j'ai passé beaucoup de temps à essayer d'imaginer comment tu vivais.”
Ceres fit de son mieux, même si elle ne savait pas où commencer. Elle dit à Lycine qu'elle avait grandi à la forge de son père, lui parla de ses frères. Elle lui parla de la rébellion et du Stade. Les noms de Rexus et de Thanos sortirent étouffés et fracturés mais elle arriva quand même à lui parler d'eux.
“Oh, ma chérie”, dit sa mère en posant une main sur la sienne. “J'aurais voulu pouvoir t'épargner un peu de cette douleur. J'aurais voulu pouvoir être là pour toi.”
“Pourquoi ne le pouvais-tu pas ?” demanda Ceres. “Es-tu restée ici tout ce temps ?”
“Oui”, dit Lycine. “Autrefois, cet endroit était un des lieux d'habitation de mon peuple. Les autres l'ont abandonné. Je l'ai moi aussi abandonné pendant un certain temps mais, ces dernières années, il est devenu une espèce de sanctuaire. Et un lieu d'attente, évidemment.”
“D'attente ?” demanda Ceres. “Tu veux dire que tu m'y as attendue ?”
Elle vit sa mère hocher la tête.
“On dit que voir l'avenir est un don”, dit Lycine, “mais c'est aussi une sorte de prison. Si tu comprends ce qui va se passer, tu perds les choix que tu as quand tu ne le sais pas et tes souhaits les plus profonds ne pèsent plus bien lourd …” Sa mère secoua la tête et Ceres vit sa tristesse. “Ce n'est pas le moment de regretter le passé. J'ai ma fille à mes côtés et tu as un temps limité pour apprendre ce que tu es venue apprendre.”
Elle sourit et prit la main à Ceres.
“Marche avec moi.”
***
Ceres eut l'impression de parcourir l'île magique avec sa mère pendant des jours. Ces vues, la présence de sa mère, c'était à couper le souffle. Tout cela ressemblait à un rêve.
Alors qu'elles marchaient, elles parlaient surtout de pouvoirs. Sa mère essaya de les expliquer à Ceres et cette dernière essaya de comprendre. Il arriva une chose des plus étranges : alors que sa mère parlait, Ceres avait l'impression que ses mots lui conféraient réellement ces pouvoirs.
Même maintenant, alors qu'elles marchaient, Ceres sentait ces pouvoirs monter en elle, tourbillonner comme de la fumée quand sa mère lui touchait l'épaule. Il fallait qu'elle apprenne à contrôler ces pouvoirs et c'était pour cette raison qu'elle était venue ici mais cela lui semblait moins important que la rencontre de sa mère.
“Notre sang t'a donné des pouvoirs”, dit Lycine. “Les insulaires ont essayé de t'aider à les libérer, n'est-ce pas ?”
Ceres pensa à Eoin et à tous les exercices étranges qu'il l'avait forcée à exécuter. “Oui.”
“Pour des gens qui ne sont pas de notre sang, ils comprennent bien le monde”, dit sa mère. “Cependant, il y a des choses que même eux ne peuvent pas te montrer. As-tu déjà transformé quelque chose en pierre ? Comme c'est un de mes talents, j'imagine que ce sera un des tiens.”
“Transformer des choses en pierre ?” demanda Ceres. Elle ne comprenait pas. “Jusqu'à présent, j'ai déplacé des choses. J'ai été plus rapide et plus forte. Ensuite —”
Elle voulait en dire plus. Elle ne voulait pas que sa mère ait une mauvaise opinion d'elle.
“Et tes pouvoirs ont-ils tué des choses qui ont essayé de te nuire ?” dit Lycine.
Ceres hocha la tête.
“Tu