Condamné à fuir. Блейк Пирс

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Condamné à fuir - Блейк Пирс


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son bureau.

      Le directeur se renfrogna encore plus.

      – Je pose les questions, vous fournissez les réponses, décocha-t-il. (Il regarda les trois agents à tour de rôle et il tendit la main pour tapoter le côté de son ordinateur). Nous avons besoin de plus d’informations, et vous n’avez pas beaucoup de temps pour nous les fournir.

      Adèle remarqua la facilité avec laquelle le « nous » était devenu un « vous ». Elle marqua une pause, puis répondit sur un ton tranquille :

      – J’ai pensé aux victimes. Toutes deux sont des expatriées, n’est-ce pas ? En grandissant, j’ai côtoyé cette communauté – pas énormément, car ma mère était française. Mais j’avais quelques amis américains à l’école dont les parents avaient déménagé pour des raisons professionnelles. (Elle resta pensive). Il s’agit d’une communauté vulnérable. Souvent isolée – à cause des barrières de la langue et de la culture. Le tueur utilise peut-être cette fragilité pour se rapprocher d’eux. En exploitant la solitude ou la pression de plaire dans le pays d’accueil.

      Foucault hocha la tête avant de hausser les épaules.

      – Explorez toutes les possibilités, leur ordonna-t-il. Juste… (Une pause). N’en faites pas une affaire personnelle. (Il se détourna d’Adèle). Agent Henry, vous allez rester ici, je suppose ?

      Le directeur le fixait maintenant.

      Robert se tritura la moustache.

      – Je vais laisser le travail de terrain aux jeunes.

      Foucault s’intéressa à nouveau à Adèle.

      – La deuxième scène de crime ? Elle est toujours sous notre supervision.

      – Je suis prête à y aller si elle n’est pas trop fatiguée, déclara Paige, s’exprimant pour la première fois depuis qu’ils étaient entrés dans le bureau.

      Le commentaire semblait assez innocent, mais l’intonation souleva les foudres d’Adèle.

      Maintenant que l’attention était à nouveau concentrée sur elle, Adèle soupira doucement.

      Des Américains en France, des expatriés – elle se sentait proche d’eux, solidaire. Adèle savait ce que signifiait passer d’un pays à l’autre, retrouver des racines, reconstruire sa vie.

      Mais ces vies s’étaient construites jusqu’à ce que le sang éclabousse le sol de leurs appartements. Aucune preuve matérielle. Aucun signe de lutte. Aucun signe d’effraction.

      Ce n’était pas le moment de se reposer.

      – Je suis prête, lança Adèle avec défi, se tournant déjà vers la porte.

      CHAPITRE SEPT

      Frustrée, Adèle serra les dents, tapotant impatiemment le cadre de la porte qui menait à l’appartement du bout des doigts. Elle jeta un coup d’œil à sa montre pour la dixième fois en trente minutes et fronça encore davantage les sourcils. Son visage s’assombrit, elle sentit qu’elle commençait à bouillir intérieurement.

      – Seigneur, marmonna Adèle.

      Elle plissa les yeux en direction de la rue, suivant le flux des véhicules. Elle essayait de repérer une voiture de fonction, mais son attention n’était attirée que par le véhicule qu’elle avait garé le long du trottoir, près de l’horodateur. C’était encore l’après-midi, le soleil était haut dans le ciel, illuminant l’horizon.

      Adèle et Sophie avaient pris des véhicules séparés, car Adèle se rendrait directement chez Robert depuis la scène du crime.

      Elle s’appuya contre la balustrade menant aux marches en béton et se tourna vers la porte d’entrée de l’appartement. Pendant un instant, elle envisagea la possibilité d’entrer seule. Mais en général, le protocole imposait que deux agents soient présents sur une scène de crime, en tandem. Adèle préférait ne pas transgresser les règles dès son premier jour de travail en France. Pourtant, l’agent Paige lui rendait la tâche difficile. Elle avait déjà près de trente minutes de retard.

      Adèle laissa échapper un grognement grave. Elle s’était arrangée avec Robert pour qu’il fasse emporter ses bagages chez lui, puis elle s’était rendue directement sur la scène du crime. Le trajet avait duré vingt minutes. Paris était l’une des rares villes où il n’y avait pratiquement pas de panneaux stop. La rumeur disait qu’il y en avait un, quelque part ; l’agent Paige a dû le trouver et n’avait pas su comment réagir.

      Elle ne voyait pas ce qui pouvait expliquer pourquoi elle attendait Paige depuis une demi-heure.

      Elle examina la rue, l’espace entre les immeubles. Elle déglutit, en observant l’ouverture de l’autre côté de la rue, avec des touches de vert qui en émergeaient. Ce qu’elle aimait à Paris, c’étaient les petits passages et les jardins cachés prêts à être explorés comme un labyrinthe entre les édifices. Les Français avaient un mot spécial pour ceux qui marchaient sans but, arpentant les chemins de traverses et les jardins : la flânerie. Adèle ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait été suffisamment détendue pour marcher sans but. Et ce n’était certainement pas le cas actuellement.

      Après un dernier soupir de frustration, Adèle se tourna vers la porte et s’apprêta à appuyer sur le bouton du bas marqué propriétaire. Il avait reçu l’ordre de la laisser entrer. Avec ou sans Paige, Adèle était déterminée à voir la scène de crime de la seconde victime.

      Mais avant qu’elle n’ait le temps d’appuyer sur la sonnette, elle entendit un léger crissement de pneus. Adèle regarda par-dessus son épaule et repéra un second SUV aux vitres teintées noires qui se garait derrière son propre véhicule. Les cheveux argentés de l’agent Paige apparurent par-dessus la portière lorsqu’elle sortit du côté conducteur, en prenant son temps. L’agent d’âge mûr s’arrêta sur le trottoir, puis claqua des doigts comme si elle réalisait quelque chose, retourna dans sa voiture, ouvrit la porte et commença à fouiller à l’intérieur.

      Adèle la fixait ; il fallut près d’une minute à Paige pour trouver ce qu’elle cherchait, puis une fois de plus, à une allure d’escargot, elle commença à se diriger vers les escaliers menant à l’immeuble. Elle grogna en s’approchant d’Adèle.

      Adèle réprima sa mauvaise humeur. Elle devrait travailler avec Paige pendant toute la durée de l’affaire, et commencer du mauvais pied ne l’aiderait en rien. Mais il lui semblait presque que sa partenaire attitrée traînait intentionnellement les pieds pour la faire enrager.

      – Je pensais que nous nous étions mis d’accord pour venir directement ici, fit remarquer Adèle, en essayant de garder un ton neutre.

      Paige adressa à Adèle un long regard en coin.

      – Ah oui ? En général, je n’aime pas perdre mon temps. Les analystes de la scène de crime ont déjà fait leur rapport. Je ne sais pas ce que nous faisons là.

      Adèle pivota alors complètement sur ses talons, dos à la porte de l’immeuble et aux sonnettes pour faire face à sa partenaire.

      – Nous sommes là, explicita-t-elle entre ses dents serrées, parce que je veux examiner moi-même la scène du crime. Est-ce que cela vous convient ?

      Paige contemplait maintenant ses ongles, puis elle donna une pichenette en direction du trottoir.

      – Vous ne découvrirez rien de nouveau.

      – Peut-être que non, ou peut-être que si.

      Adèle distinguait le parfum de l’agent Paige, bien que l’appeler parfum était sans doute une exagération. Son partenaire sentait le savon ; pas un savon parfumé, mais plutôt une sorte d’odeur de propreté ordinaire qui donnait une impression d’hygiène et de simplicité. L’agent Paige ne portait ni boucles d’oreilles, ni bijoux d’aucune sorte. Elle avait un profil prononcé avec un nez romain et des pommettes acérées. Adèle se souvenait de sa première


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