Jim Harrison, boxeur. Артур Конан Дойл

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Jim Harrison, boxeur - Артур Конан Дойл


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pas.

      D'un mouvement rapide, elle lui arracha la bouteille de la main et la leva de telle sorte qu'il me vint l'idée qu'elle allait la vider d'un trait. Mais elle la lança au dehors par la fenêtre ouverte et nous entendîmes le bruit que fit la bouteille en se cassant sur l'allée.

      – Voyons, Jim, dit-elle, cela vous satisfait? Voilà longtemps que personne ne s'inquiète si je bois ou non.

      – Vous êtes trop bonne, trop généreuse pour boire, dit-il.

      – Très bien! s'écria-t-elle, je suis enchantée que vous ayez cette opinion de moi. Et cela vous rendrait-il plus heureux, Jim, que je m'abstienne de brandy? Eh bien! je vais vous faire une promesse, si vous m'en faites une de votre côté.

      – De quoi s'agit-il, Miss?

      – Pas une goutte ne touchera mes lèvres, Jim, si vous me promettez de venir ici deux fois par semaine, quelque temps qu'il fasse, qu'il pleuve ou qu'il y ait du soleil, qu'il vente ou qu'il neige, que je puisse vous voir et causer avec vous, car vraiment il y a des moments où je me trouve bien seule.

      La promesse fut donc faite et Jim s'y conforma très fidèlement, car bien des fois, quand j'aurais voulu l'avoir pour compagnon à la pêche ou pour tendre des pièges aux lapins, il se rappelait que c'était le jour réservé et se mettait en route pour Anstey-Cross.

      Dans les commencements, je crois qu'elle trouva son engagement difficile à tenir et j'ai vu Jim revenir la figure sombre comme si la chose avait marché de travers.

      Mais au bout d'un certain temps, la victoire était gagnée. L'on finit toujours par vaincre. Il suffit de combattre pour cela assez longtemps, et dans l'année qui précéda le retour de mon père, Miss Hinton était devenue une toute autre femme.

      Ce n'étaient pas seulement ses habitudes qui étaient changées, elle avait changé elle-même, elle n'était plus la personne que j'ai décrite.

      Au bout de douze mois, c'était une dame d'aussi belle apparence qu'on pût en voir dans le pays.

      Jim fut plus fier de cette oeuvre que d'aucune des entreprises de sa vie, mais j'étais le seul à qui il en parlât.

      Il éprouvait à son égard cette affection que l'on ressent envers les gens à qui on a rendu service et elle lui fut fort utile de son côté, car, en l'entretenant, en lui décrivant ce qu'elle avait vu, elle lui fit perdre sa tournure de paysan du Sussex et le prépara à l'existence plus large qui l'attendait.

      Telles étaient leurs relations à l'époque où la paix fut conclue et où mon père revint de la mer.

      IV – LA PAIX DAMIENS

      Bien des femmes se mirent à genoux, bien des âmes de femme s'exhalèrent en sentiments de joie et de reconnaissance, quand, à la chute des feuilles, en 1801, arriva la nouvelle de la conclusion des préliminaires de la paix.

      Toute l'Angleterre témoigna sa joie le jour par des pavoisements, la nuit par des illuminations.

      Même dans notre hameau de Friar's Oak, nous déployâmes avec enthousiasme nos drapeaux, nous mimes une chandelle à chacune de nos fenêtres et une lanterne transparente, ornée d'un Grand G.R. (Georges Roi), laissa tomber sa cire au-dessus de la porte de l'auberge.

      On était las de la guerre, car depuis huit ans, nous avions eu affaire à l'Espagne, à la France, à la Hollande, tour à tour ou réunis.

      Tout ce que nous avions appris pendant ce temps-là, c'était que notre petite armée n'était pas de taille à lutter sur terre avec les Français, mais que notre forte marine était plus que suffisante pour les vaincre sur mer.

      Nous avions acquis un peu de considération, dont nous avions grand besoin après la guerre avec l'Amérique, et, en outre, quelques colonies qui furent les bienvenues pour le même motif, mais notre dette avait continué à s'enfler, nos consolidés à baisser et Pitt lui-même ne savait où donner de la tête.

      Toutefois, si nous avions su que la paix était impossible entre Napoléon et nous, que celle-ci n'était qu'un entracte entre le premier engagement et le suivant, nous aurions agi plus sensément en allant jusqu'au bout sans interruption.

      Quoi qu'il en soit, les Français virent rentrer vingt mille bons marins que nous avions faits prisonniers et ils nous donnèrent une belle danse avec leur flottille de Boulogne et leurs flottes de débarquement avant que nous puissions les reloger sur nos pontons.

      Mon père, tel que je me le rappelle, était un petit homme plein d'endurance et de vigueur, pas très large, mais quand même bien solide et bien charpenté.

      Il avait la figure si hâlée qu'elle avait une teinte tirant sur le rouge des pots de fleurs, et en dépit de son âge (car il ne dépassait pas quarante ans, à l'époque dont je parle) elle était toute sillonnée de rides, plus profondes pour peu qu'il fût ému, de sorte que je l'ai vu prendre la figure d'un homme assez jeune, puis un air vieillot.

      Il y avait surtout autour de ses yeux un réseau de rides fines, toutes naturelles chez un homme qui avait passé sa vie à les tenir demi-clos, pour résister à la fureur du vent et du mauvais temps.

      Ces yeux-là étaient peut-être ce qu'il y avait de plus remarquable dans sa physionomie. Ils avaient une très belle couleur bleu clair qui rendait plus brillante encore cette monture de couleur de rouille.

      La nature avait du lui donner un teint très blanc, car quand il rejetait en arrière sa casquette, le haut de son front était aussi blanc que le mien, et sa chevelure coupée très ras avait la couleur du tan.

      Ainsi qu'il le disait avec fierté, il avait servi sur le dernier de nos vaisseaux qui fut chassé de la Méditerranée en 1797 et sur le premier qui y fut rentré en 1798.

      Il était sous les ordres de Miller, comme troisième lieutenant du Thésée, lorsque notre flotte, pareille à une meute dardents foxhounds lancés sous bois, volait de la Sicile à la Syrie, puis de là revenait à Naples, dans ses efforts pour retrouver la piste perdue.

      Il avait servi avec ce même brave marin sur le Nil, où les hommes qu'il commandait ne cessèrent d'écouvillonner, de charger et d'allumer jusqu'à ce que le dernier pavillon tricolore fût tombé. Alors ils levèrent l'ancre maîtresse et tombèrent endormis, les uns sur les autres, sous les barres du cabestan.

      Puis, devenu second lieutenant, il passa à bord d'un de ces farouches trois-ponts à la coque noircie par la poudre, aux oeils- de-pont barbouillés d'écarlate, mais dont les câbles de réserve, passés par-dessous la quille et réunis par-dessus les bastingages, servaient à maintenir les membrures et qui étaient employés à porter les nouvelles dans la baie de Naples.

      De là, pour récompenser ses services, on le fit passer comme premier lieutenant sur la frégate l_Aurore_ qui était chargée de couper les vivres à la ville de Gênes et il y resta jusqu'à la paix qui ne fut conclue que longtemps après.

      Comme j'ai bien gardé le souvenir de son retour à la maison!

      Bien qu'il y ait de cela quarante-huit ans aujourd'hui, je le vois plus distinctement que les incidents de la semaine dernière, car la mémoire du vieillard est comme des lunettes, où l'on voit nettement les objets éloignés et confusément ceux qui sont tout près.

      Ma mère avait été prise de tremblements dès qu'arriva à nos oreilles le bruit des préliminaires, car elle savait qu'il pouvait venir aussi vite que sa lettre.

      Elle parla peu, mais elle me rendit la vie bien triste par ses continuelles exhortations à me tenir bien propre, bien mis. Et au moindre bruit de roues, ses regards se tournaient vers la porte, et ses mains allaient lisser sa jolie chevelure noire.

      Elle avait brodé un «Soyez le bienvenu» en lettres blanches sur fond bleu, entre deux ancres rouges; elle le destinait à le suspendre entre les deux massifs de lauriers qui flanquaient la porte du cottage.

      Il n'était pas encore sorti de la Méditerranée que ce travail était achevé. Tous les matins, elle allait voir s'il était monté et prêt à être accroché.

      Mais il s'écoula un délai pénible


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