Jim Harrison, boxeur. Артур Конан Дойл

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Jim Harrison, boxeur - Артур Конан Дойл


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que la mienne et qu'il arriva un temps où son nom et sa réputation furent sur les lèvres de tout le peuple anglais.

      Vous prendrez donc votre parti de m'entendre vous exposer son caractère, tel qu'il était à cette époque, et particulièrement vous raconter une aventure très singulière qui n'est pas de nature à s'effacer jamais de notre mémoire à tous deux.

      On était bien surpris en voyant Jim avec son oncle et sa tante, car il avait l'air d'appartenir à une race, à une famille bien différentes de la leur.

      Souvent, je les ai suivis des yeux quand ils longeaient les bas- côtés de l'église le dimanche, tout d'abord l'homme aux épaules carrées, aux formes trapues, puis la petite femme à la physionomie et aux regards soucieux et enfin ce bel adolescent aux traits accentués, aux boucles noires, dont le pas était si élastique et si léger qu'il ne paraissait tenir à la terre que par un lien plus mince que les villageois à la lourde allure dont il était entouré.

      Il n'avait point encore atteint ses six pieds de hauteur, mais pour peu qu'on se connût en hommes (et toutes les femmes au moins s'y entendent) il était impossible de voir ses épaules parfaites, ses hanches étroites, sa tête fière posée sur son cou, comme un aigle sur son perchoir, sans éprouver cette joie tranquille que nous donnent toutes les belles choses de la nature, cette sorte de satisfaction de soi que l'on ressent, en leur présence, comme si l'on avait contribué à leur création.

      Mais nous avons l'habitude d'associer la beauté chez un homme avec la mollesse.

      Je ne vois aucune raison à cette association d'idées; en tout cas, la mollesse n'apparut jamais chez Jim.

      De tous les hommes que j'ai connus, il n'en est aucun dont le coeur et l'esprit rappelassent davantage la dureté du fer.

      En était-il un seul parmi nous qui fût capable d'aller de son pas ou de le suivre, soit à la course, soit à la nage?

      Qui donc, dans toute la campagne des environs, aurait osé se pencher par-dessus l'escarpement de Wolstonbury et descendre jusqu'à cent pieds du bord, pendant que la femelle du faucon battait des ailes à ses oreilles, en de vains efforts, pour l'écarter de son nid.

      Il n'avait que seize ans et ses cartilages ne s'étaient pas encore ossifiés, quand il se battit victorieusement avec Lee le Gypsy, de Burgess Hill, qui s'était donné le surnom de Coq des dunes du sud.

      Ce fut après cela que le champion Harrison entreprit de lui donner des leçons régulières de boxe.

      – J'aimerais autant que vous renonciez à la boxe, petit Jim, dit- il, et madame est de mon avis, mais puisque vous tenez à mordre, ce ne sera pas ma faute si vous ne devenez pas capable de tenir tête à n'importe qui du pays du sud.

      Et il ne mit pas longtemps à tenir sa promesse.

      J'ai déjà dit que le petit Jim n'aimait guère ses livres, mais par là j'entendais des livres d'école, car dès qu'il s'agissait de romans de n'importe quel sujet qui touchait de près ou de loin aux aventures, à la galanterie, il était impossible de l'en arracher, avant qu'il eût fini.

      Lorsqu'un livre de cette sorte lui tombait entre les mains, Friar's Oak et la forge n'étaient plus pour lui qu'un rêve et sa vie se passait à parcourir l'Océan, à errer sur les vastes continents, en compagnie des héros du romancier.

      Et il m'entraînait à partager ses enthousiasmes, si bien que je fus heureux de me faire le Vendredi de ce Crusoé, quand il décida que le petit bois de Clayton était une île déserte et que nous y étions jetés pour une semaine.

      Mais lorsque je m'aperçus qu'il s'agissait de coucher en plein air, sans abri, toutes les nuits, et qu'il proposa de nous nourrir de moutons des dunes, (de chèvres sauvages, ainsi qu'il les dénommait) en les faisant cuire sur du feu que l'on obtiendrait par le frottement de deux bâtons, le coeur me manqua et je retournai auprès de ma mère.

      Quant à Jim, il tint bon pendant toute une longue et maussade semaine, et au bout de ce temps, il revint l'air plus sauvage et plus sale que son héros, tel qu'on le voit dans les livres à images.

      Heureusement, il n'avait parlé que de tenir une semaine, car s'il s'était agi d'un mois, il serait mort de froid et de faim, avant que son orgueil lui permît de retourner à la maison.

      L'orgueil! C'était là le fond de la nature de Jim. À mes yeux, c'était un attribut mixte, moitié vertu, moitié vice. Une vertu, en ce qu'il maintient un homme au-dessus de la fange, un vice, en ce qu'il lui rend le relèvement difficile quand il est une fois déchu.

      Jim était orgueilleux jusque dans la moelle des os.

      Vous vous rappelez la guinée que le jeune Lord lui avait jetée du haut de son siège. Deux jours après, quelqu'un la ramassa dans la boue au bord de la route.

      Jim seul avait vu à quel endroit elle était tombée et il n'avait même pas daigné la montrer du doigt à un mendiant.

      Il ne s'abaissait pas davantage à donner une explication en semblable circonstance. Il répondait à toutes les remontrances par une moue des lèvres et un éclair dans ses yeux noirs.

      Même à l'école, il était tout pareil. Il se montrait si convaincu de sa dignité, qu'il imposait aux autres sa conviction.

      Il pouvait dire, par exemple, et il le dit, qu'un angle droit était un angle qui avait le caractère droit, ou bien mettre Panama en Sicile. Mais le vieux Joshua Allen n'aurait pas plus songé à lever sa canne contre lui qu'à la laisser tomber sur moi si j'avais dit quelque chose de ce genre.

      C'était ainsi. Bien que Jim ne fût le fils de personne, et que je fusse le fils d'un officier du roi, il me parut toujours qu'il avait montré de la condescendance en me prenant pour ami.

      Ce fut cet orgueil du petit Jim qui nous engagea dans une aventure à laquelle je ne puis songer sans un frisson.

      La chose arriva en août 1799, ou peut-être bien dans les premiers jours de septembre, mais je me rappelle que nous entendions le coucou dans le bois de Patcham et que, d'après Jim, c'était sans doute pour la dernière fois.

      C'était ma demi-journée de congé du samedi et nous la passâmes sur les dunes, comme nous faisions souvent.

      Notre retraite favorite était au-delà de Wolstonbury, où nous pouvions nous vautrer sur l'herbe élastique, moelleuse, des calcaires, parmi les petits moutons de la race Southdown, tout en causant avec les bergers appuyés sur leurs bizarres houlettes à la forme antique de crochet, datant de l'époque où le Sussex avait plus de fer que tous les autres comtés de l'Angleterre.

      C'était là que nous étions venus nous allonger dans cette superbe soirée.

      S'il nous plaisait de nous rouler sur le côté gauche, nous avions devant nous tout le Weald, avec les dunes du Nord se dressant en courbes verdâtres et montrant çà et là une fente blanche comme la neige, indiquant une carrière de pierre à chaux.

      Si nous nous retournions de l'autre côté, notre vue s'étendait sur la vaste surface bleue du Canal.

      Un convoi, je m'en souviens bien, arrivait ce jour même.

      En tête, venait la troupe craintive des navires marchands. Les frégates, pareilles à des chiens bien dressés, gardaient les flancs et deux vaisseaux de haut bord, aux formes massives, roulaient à l'arrière.

      Mon imagination planait sur les eaux, à la recherche de mon père, quand un mot de Jim la ramena sur l'herbe, comme une mouette qui a l'aile brisée.

      – Roddy, dit-il, vous avez entendu dire que la Falaise royale est hantée!

      Si je l'avais entendu dire? Mais oui, naturellement. Y avait-il dans tout le pays des Dunes un seul homme qui n'eût pas entendu parler du promeneur de la Falaise royale?

      – Est-ce que vous en connaissez l'histoire, Roddy?

      – Mais certainement, dis-je, non sans fierté. Je dois bien la savoir puisque le père de ma mère, sir Charles Tregellis, était l'ami intime de Lord Avon et qu'il assistait à cette partie de cartes, quand la chose arriva. J'ai entendu le curé et ma mère en causer la semaine dernière et


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