David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

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David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс


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tante, qui avait toujours gardé pour elle ses affaires d'argent, je ne parle pas de votre soeur, Trot, mais de moi, avait une certaine fortune. Peu importe ce qu'elle avait, c'était assez pour vivre: un peu plus même, car elle avait fait quelques économies, qu'elle ajoutait au capital. Betsy plaça sa fortune en rentes pendant quelque temps, puis, sur l'avis de son homme d'affaires, elle le plaça sur hypothèque. Cela allait très- bien, le revenu était considérable, mais on purgea les hypothèques et on remboursa Betsy. Ne trouvez-vous pas, quand je parle de Betsy, qu'on croirait entendre raconter l'histoire d'un vaisseau de guerre? Si bien donc que Betsy, obligée de chercher un autre placement, se figura qu'elle était plus habile cette fois que son homme d'affaires, qui n'était plus si avisé que par le passé… Je parle de votre père, Agnès, et elle se mit dans la tête de gérer sa petite fortune toute seule. Elle mena donc, comme on dit, ses cochons bien loin au marché, dit ma tante, et elle n'en fut pas la bonne marchande. D'abord elle fit des pertes dans les mines, puis dans des pêcheries particulières où il s'agissait d'aller chercher dans la mer les trésors perdus ou quelque autre folie de ce genre, continua-t-elle, par manière d'explication, en se frottant le nez, puis elle perdit encore dans les mines, et, à la fin des fins, elle perdit dans une banque. Je ne sais ce que valaient les actions de cette banque, pendant un temps, dit ma tante, cent pour cent au moins, je crois; mais la banque était à l'autre bout du monde, et s'est évanouie dans l'espace, à ce que je crois; en tout cas, elle a fait faillite et ne payera jamais un sou; or tous les sous de Betsy étaient là, et les voilà finis. Ce qu'il y a de mieux à faire, c'est de n'en plus parler!»

      Ma tante termina ce récit sommaire et philosophique en regardant avec un certain air de triomphe Agnès, qui reprenait peu à peu ses couleurs.

      «Est-ce là toute l'histoire, chère miss Trotwood? dit Agnès.

      – J'espère que c'est bien suffisant, ma chère, dit ma tante. S'il y avait eu plus d'argent à perdre, ce ne serait pas tout peut- être. Betsy aurait trouvé moyen d'envoyer cet argent-là rejoindre le reste, et de faire un nouveau chapitre à cette histoire, je n'en doute pas. Mais il n'y avait plus d'argent, et l'histoire finit là.»

      Agnès avait écouté d'abord sans respirer. Elle pâlissait et rougissait encore, mais elle avait le coeur plus léger. Je croyais savoir pourquoi. Elle avait craint, sans doute, que son malheureux père ne fût pour quelque chose dans ce revers de fortune. Ma tante prit sa main entre les siennes et se mit à rire.

      «Est-ce tout? répéta ma tante; mais oui, vraiment, c'est tout, à moins qu'on n'ajoute comme à la fin d'un conte: «Et depuis ce temps-là, elle vécut toujours heureuse.» Peut-être dira-t-on cela de Betsy un de ces jours. Maintenant, Agnès, vous avez une bonne tête: vous aussi, sous quelques rapports, Trot, quoique je ne puisse pas vous faire toujours ce compliment.» Là-dessus ma tante secoua la tête avec l'énergie qui lui était propre. «Que faut-il faire? Ma maison pourra rapporter l'un dans l'autre soixante-dix livres sterling par an. Je crois que nous pouvons compter là- dessus d'une manière positive. Eh bien! c'est tout ce que nous avons, a dit ma tante, qui était, révérence gardée, comme certains chevaux qu'on voit s'arrêter tout court, au moment où ils ont l'air de prendre le mors aux dents.

      «De plus, dit-elle, après un moment de silence, il y a Dick. Il a mille livres sterling par an, mais il va sans dire qu'il faut que ce soit réservé pour sa dépense personnelle. J'aimerais mieux le renvoyer, quoique je sache bien que je suis la seule personne qui l'apprécie, plutôt que de le garder, à la condition de ne pas dépenser son argent pour lui jusqu'au dernier sou. Comment ferons- nous, Trot et moi, pour nous tirer d'affaire avec nos ressources? Qu'en dites-vous, Agnès?

      – Je dis, ma tante, devançant la réponse d'Agnès, qu'il faut que je fasse quelque chose.

      – Vous enrôler comme soldat, n'est-ce pas? repartit ma tante alarmée, ou entrer dans la marine? Je ne veux pas entendre parler de cela. Vous serez procureur. Je ne veux pas de tête cassée dans la famille, avec votre permission, monsieur.»

      J'allais expliquer que je ne tenais pas à introduire le premier dans la famille ce procédé simplifié de se tirer d'affaire, quand Agnès me demanda si j'avais un long bail pour mon appartement.

      «Vous touchez au coeur de la question, ma chère, dit ma tante; nous avons l'appartement sur les bras pour six mois, à moins qu'on ne pût le sous-louer, ce que je ne crois pas. Le dernier occupant est mort ici, et il mourrait bien cinq locataires sur six, rien que de demeurer sous le même toit que cette femme en nankin, avec son jupon de flanelle. J'ai un peu d'argent comptant, et je crois, comme vous, que ce qu'il y a de mieux à faire est de finir le terme ici, en louant tout près une chambre à coucher pour Dick.»

      Je crus de mon devoir de dire un mot des ennuis que ma tante aurait à souffrir, en vivant dans un état constant de guerre et d'embuscades avec mistress Crupp; mais elle répondit à cette objection d'une manière sommaire et péremptoire, en déclarant qu'au premier signal d'hostilité elle était prête à faire à mistress Crupp une peur dont elle garderait un tremblement jusqu'à la fin de ses jours.

      «Je pensais, Trotwood, dit Agnès en hésitant, que si vous aviez du temps…

      – J'ai beaucoup de temps à moi, Agnès. Je suis toujours libre après quatre ou cinq heures, et j'ai du loisir le matin de bonne heure. De manière ou d'autre, dis-je, en sentant que je rougissais un peu au souvenir des heures que j'avais passées à flâner dans la ville ou sur la route de Norwood, j'ai du temps plus qu'il ne m'en faut.

      – Je pense que vous n'auriez pas de goût, dit Agnès en s'approchant de moi, et en me parlant à voix basse, d'un accent si doux et si consolant que je l'entends encore, pour un emploi de secrétaire?

      – Pas de goût, ma chère Agnès, et pourquoi?

      – C'est que, reprit Agnès, le docteur Strong a mis à exécution son projet de se retirer; il est venu s'établir à Londres, et je sais qu'il a demandé à papa s'il ne pourrait pas lui recommander un secrétaire. Ne pensez-vous pas qu'il lui serait plus agréable d'avoir auprès de lui son élève favori plutôt que tout autre?

      – Ma chère Agnès, m'écriai-je, que serais-je sans vous? Vous êtes toujours mon bon ange. Je vous l'ai déjà dit. Je ne pense jamais à vous que comme à mon bon ange.»

      Agnès me répondit en riant gaiement qu'un bon ange (elle voulait parler de Dora) me suffisait bien, que je n'avais pas besoin d'en avoir davantage; et elle me rappela que le docteur avait coutume de travailler dans son cabinet de grand matin et pendant la soirée, et que probablement les heures dont je pouvais disposer lui conviendraient à merveille. Si j'étais heureux de penser que j'allais gagner moi-même mon pain, je ne l'étais pas moins de l'idée que je travaillerais avec mon ancien maître; et, suivant à l'instant l'avis d'Agnès, je m'assis pour écrire au docteur une lettre où je lui exprimais mon désir, en lui demandant la permission de me présenter chez lui le lendemain, à dix heures du matin. J'adressai mon épître à Highgate, car il demeurait dans ce lieu si plein de souvenirs pour moi, et j'allai la mettre moi-même à la poste sans perdre une minute.

      Partout où passait Agnès, on trouvait derrière elle quelque trace précieuse du bien qu'elle faisait sans bruit en passant. Quand je revins, la cage des oiseaux de ma tante était suspendue exactement comme elle l'avait été si longtemps à la fenêtre de son salon; mon fauteuil, placé comme l'était le fauteuil infiniment meilleur de ma tante, près de la croisée ouverte; et l'écran vert qu'elle avait apporté était déjà attaché au haut de la fenêtre. Je n'avais pas besoin de demander qui est-ce qui avait fait tout cela. Rien qu'à voir comme les choses avaient l'air de s'être faites toutes seules, il n'y avait qu'Agnès qui pût avoir pris ce soin. Quelle autre qu'elle aurait songé à prendre mes livres mal arrangés sur ma table, pour les disposer dans l'ordre où je les plaçais autrefois, du temps de mes études? Quand j'aurais cru Agnès à cent lieues, je l'aurais reconnue tout de suite: je n'avais pas besoin de la voir occupée à tout remettre en place, souriant du désordre qui s'était introduit chez moi.

      Ma tante mit beaucoup de bonne grâce à parler favorablement de la Tamise, qui faisait véritablement un bel effet aux rayons du soleil, quoique cela ne valût pas la mer qu'elle voyait à Douvres; mais elle gardait une rancune inexorable à la fumée


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