David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

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David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс


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de s'ennuyer avec un vieux bonhomme comme lui. D'ailleurs, disait-il, il comptait sur elle pour lui chanter tous les airs de la nouvelle cantatrice, et comment s'en tirerait-elle si elle n'allait pas l'entendre? Le docteur persista donc à arranger la soirée pour elle. M. Jack Maldon devait revenir dîner à Highgate. Ceci conclu, il retourna à sa sinécure, je suppose, mais en tout cas il s'en alla à cheval, sans se presser.

      J'étais curieux, le lendemain matin, de savoir si elle était allée à l'Opéra. Elle n'y avait pas été, elle avait envoyé à Londres pour se dégager auprès de son cousin, et, dans la journée, elle avait fait visite à Agnès. Elle avait persuadé au docteur de l'accompagner, et ils étaient revenus à pied à travers champs, à ce qu'il me raconta lui-même, par une soirée magnifique. Je me dis à part moi qu'elle n'aurait peut-être pas manqué le spectacle, si Agnès n'avait pas été à Londres; Agnès était bien capable d'exercer aussi sur elle une heureuse influence!

      On ne pouvait pas dire qu'elle eût l'air très-enchanté, mais enfin elle paraissait satisfaite, ou sa physionomie était donc bien trompeuse. Je la regardais souvent, car elle était assise près de la fenêtre pendant que nous étions à l'ouvrage, et elle préparait notre déjeuner que nous mangions tous en travaillant. Quand je partis à neuf heures, elle était à genoux aux pieds du docteur, pour lui mettre ses souliers et ses guêtres. Les feuilles de quelques plantes grimpantes qui croissaient près de la fenêtre jetaient de l'ombre sur son visage, et je pensai tout le long du chemin, en me rendant à la Cour, à cette soirée où je l'avais vue regarder son mari pendant qu'il lisait.

      J'avais donc maintenant fort affaire: j'étais sur pied à cinq heures du matin, et je ne rentrais qu'à neuf ou dix heures du soir. Mais j'avais un plaisir infini à me trouver à la tête de tant de besogne, et je ne marchais jamais lentement; il me semblait que plus je me fatiguais, plus je faisais d'efforts pour mériter Dora. Elle ne m'avait pas encore vu dans cette nouvelle phase de mon caractère, parce qu'elle devait venir chez miss Mills prochainement; j'avais retardé jusqu'à ce moment tout ce que j'avais à lui apprendre, me bornant à lui dire dans mes lettres, qui passaient toutes secrètement par les mains de miss Mills, que j'avais beaucoup de choses à lui conter. En attendant, j'avais fort réduit ma consommation de graisse d'ours; j'avais absolument renoncé au savon parfumé et à l'eau de lavande, et j'avais vendu avec une perte énorme, trois gilets que je regardais comme trop élégants pour une vie aussi austère que la mienne.

      Je n'étais pas encore satisfait: je brûlais de faire plus encore, et j'allai voir Traddles qui demeurait pour le moment sur le derrière d'une maison de Castle-Street-Holborn. J'emmenai avec moi M. Dick, qui m'avait déjà accompagné deux fois à Highgate et qui avait repris ses habitudes d'intimité avec le docteur.

      J'emmenai M. Dick parce qu'il était si sensible aux revers de fortune de ma tante, et si profondément convaincu qu'il n'y avait pas d'esclave ou de forçat à la chaîne qui travaillât autant que moi, qu'il en perdait à la fois l'appétit et sa belle humeur, dans son désespoir de ne pouvoir rien y faire. Bien entendu qu'il se sentait plus incapable que jamais d'achever son mémoire, et plus il y travaillait, plus cette malheureuse tête du roi Charles venait l'importuner de ses fréquentes incursions. Craignant successivement que son état ne vint à s'aggraver si nous ne réussissions pas, par quelque tromperie innocente, à lui faire accroire qu'il nous était très-utile, ou si nous ne trouvions pas, ce qui aurait encore mieux valu, un moyen de l'occuper véritablement, je pris le parti de demander à Traddles s'il ne pourrait pas nous y aider. Avant d'aller le voir je lui avais écrit un long récit de tout ce qui était arrivé, et j'avais reçu de lui en réponse une excellente lettre où il m'exprimait toute sa sympathie et toute son amitié pour moi.

      Nous le trouvâmes plongé dans son travail, avec son encrier et ses papiers, devant le petit guéridon et le pot à fleurs qui étaient dans un coin de sa chambrette pour rafraîchir ses yeux et son courage. Il nous fit l'accueil le plus cordial, et, en moins de rien, Dick et lui furent une paire d'amis. M. Dick déclara même qu'il était sûr de l'avoir déjà vu, et nous répondîmes tous les deux que c'était bien possible.

      La première question que j'avais posée à Traddles était celle-ci: j'avais entendu dire que plusieurs hommes, distingués plus tard dans diverses carrières, avaient commencé par rendre compte des débats du parlement. Traddles m'avait parlé des journaux comme de l'une de ses espérances; partant de ces deux données, j'avais témoigné à Traddles dans ma lettre que je désirais savoir comment je pourrais arriver à rendre compte des discussions des chambres. Traddles me répondit alors, que, d'après ses informations, la condition mécanique, nécessaire pour cette occupation, excepté peut-être dans des cas fort rares, pour garantir l'exactitude du compte rendu, c'est-à-dire la connaissance complète de l'art mystérieux de la sténographie, offrait à elle seule, à peu près les mêmes difficultés que s'il s'agissait d'apprendre six langues, et qu'avec beaucoup de persévérance, on ne pouvait pas espérer d'y réussir en moins de plusieurs années. Traddles pensait naturellement que cela tranchait la question, mais je ne voyais là que quelques grands arbres de plus à abattre pour arriver jusqu'à Dora, et je pris à l'instant le parti de m'ouvrir un chemin à travers ce fourré, la hache à la main.

      «Je vous remercie beaucoup, mon cher Traddles, lui dis-je, je vais commencer demain.»

      Traddles me regarda d'un air étonné, ce qui était naturel, car il ne savait pas encore à quel degré d'enthousiasme j'étais arrivé.

      «J'achèterai un livre qui traite à fond de cet art, lui dis-je, j'y travaillerai à la Cour, où je n'ai pas moitié assez d'ouvrage et je sténographierai les plaidoyers pour m'exercer. Traddles, mon ami, j'en viendrai à bout.

      – Maintenant, dit Traddles en ouvrant les yeux de toute sa force, je n'avais pas l'idée que vous fussiez doué de tant de décision, Copperfield!»

      Je ne sais comment il eût pu en avoir l'idée, car c'était encore un problème pour moi. Je changeai la conversation et je mis M. Dick sur le tapis.

      «Voyez-vous, dit M. Dick d'un air convaincu, je voudrais pouvoir être bon à quelque chose, monsieur Traddles: à battre du tambour, par exemple, ou à souffler dans quelque chose!»

      Pauvre homme! au fond du coeur, je crois bien qu'il eût préféré en effet une occupation de ce genre. Mais Traddles, qui n'eût pas souri pour tout au monde, répliqua gravement:

      «Mais vous avez une belle main, monsieur; c'est vous qui me l'avez dit, Copperfield.

      – Très-belle,» répliquai-je. Et le fait est que la netteté de son écriture était admirable.

      «Ne pensez-vous pas, dit Traddles, que vous pourriez copier des actes, monsieur, si je vous en procurais?»

      M. Dick me regarda d'un air de doute. «Qu'en dites-vous, Trotwood?»

      Je secouai la tête. M. Dick secoua la sienne et soupira.

      «Expliquez-lui ce qui se passe pour le mémoire,» dit M. Dick.

      J'expliquai à Traddles qu'il était très-difficile d'empêcher le roi Charles Ier de faire des excursions dans les manuscrits de M. Dick, qui, pendant ce temps-là, suçait son pouce en regardant Traddles de l'air le plus respectueux et le plus sérieux.

      «Mais vous savez que les actes dont je parle sont rédigés et terminés, dit Traddles après un moment de réflexion. M. Dick n'aurait rien à y faire. Cela ne serait-il pas différent, Copperfield? En tout cas, il me semble qu'on pourrait en essayer.»

      Nous conçûmes là-dessus de nouvelles espérances, après un moment de conférence secrète entre Traddles et moi pendant lequel M. Dick nous regardait avec inquiétude de son siège. Bref, nous digérâmes un plan en vertu duquel il se mit à l'ouvrage le lendemain avec le plus grand succès.

      Nous plaçâmes sur une table près de la fenêtre, à Buckingham- Street, l'ouvrage que Traddles s'était procuré; il fallait faire je ne sais plus combien de copies d'un document quelconque relatif à un droit de passage. Sur une autre table on étendit le dernier projet en train du grand mémoire. Nous donnâmes pour instructions à M. Dick de copier exactement ce qu'il avait devant lui sans se détourner le moins du monde de l'original, et, s'il éprouvait le besoin de faire la plus


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