Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor. Артур Конан Дойл

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Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor - Артур Конан Дойл


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il vaut mieux descendre, dit Sir Gervas en sautant à bas et attachant son cheval à côté des autres. Mes gars, restez près des chevaux, et si nous appelons, venez à notre aide. Sergent Holloway, vous pouvez nous accompagner. Prenez vos pistolets.

      IV – L'escrimeur à la jaquette brune

      Le sergent, qui était un grand gaillard osseux des campagnes de l'ouest, poussa la grille, et nous suivions le sentier tortueux, quand un flot de lumière jaune jaillit par une porte ouverte tout à coup.

      Nous vîmes alors une silhouette noire et trapue qui s'élança par là à l'intérieur.

      Au même moment s'entendit un bruit assourdissant, confus, suivi de deux détonations de pistolet, et d'un vacarme de cris, d'haleines entrecoupées, d'un froissement d'épées, d'un orage de jurons.

      Ce tapage subit nous fit hâter le pas vers la maison.

      Nous jetâmes un coup d'œil par la porte ouverte et nous vîmes une scène, telle que je ne l'oublierai jamais, tant que ma vieille mémoire sera capable d'évoquer un tableau du passé.

      La chambre était vaste et haute.

      Aux solives brunies par la fumée étaient suspendues, comme c'est la coutume dans le comté de Somerset, de longues rangées de jambons et de viandes salées.

      Une haute et noire horloge faisait tic-tac dans un angle.

      Une table grossière, chargée de plats et d'assiettes comme pour un repas, occupait le milieu.

      Juste en face de la porte brûlait un grand feu de fagots, et devant ce feu, chose horrible à voir, un homme était suspendu, la tête en bas, par une corde qui entourait ses chevilles, et qui, après avoir été passée dans un crochet d'une des solives du plafond, était maintenue par un anneau du plancher.

      Ce malheureux, en se débattant, avait imprimé à la corde un mouvement de rotation, en sorte qu'il tournait devant le brasier comme un quartier de viande mise à rôtir.

      En travers du seuil gisait une femme, celle dont les cris nous avaient attirés, mais sa figure rigide et son corps contracté montraient que notre aide était venu trop tard pour la soustraire au traitement qu'elle voyait prêt à fondre sur elle.

      Tout près d'elle, gisaient l'un sur l'autre deux dragons au teint basané, vêtus de l'uniforme d'un rouge criard que portait l'armée royale, et jusque dans la mort, ils avaient gardé l'air sombre et plein de menace.

      Au centre de la pièce deux autres dragons s'escrimaient d'estoc et de taille, avec leurs sabres contre un homme gros, court, aux larges épaules, vêtu d'une étoffe à côtes d'un tissu grossier, de couleur brune.

      Il bondissait parmi les chaises, autour de la table tenant en main une longue rapière à coquille pleine, parant ou esquivant les coups avec une adresse merveilleuse, et de temps à autre mettant un coup de pointe au bon endroit.

      Quoique serré de fort près, sa figure contractée, sa bouche ferme, l'éclat de ses yeux bien ouverts révélaient un caractère hardi.

      En même temps, le sang qui coulait de la manche d'un de ses adversaires prouvait que la lutte n'était pas aussi inégale qu'elle le paraissait.

      Au moment même où nous regardions, il fit un bond en arrière pour éviter une attaque à fond des soldats furieux, et d'un coup sec, rapide, lancé obliquement, il trancha la corde par laquelle la victime était suspendue.

      Le corps tomba avec un bruit lourd, sur le sol de briques, pendant que le petit escrimeur ne tardait pas à recommencer sa danse dans un autre endroit de la chambre, sans cesser de parer ou d'esquiver, avec autant d'aisance et d'adresse, la grêle de coups qui tombaient sur lui.

      Cette étrange scène nous tint quelques secondes dans une sorte d'immobilité magique, mais ce n'était pas le moment de s'attarder.

      Une glissade, un faux pas, et le vaillant inconnu succombait fatalement.

      Nous nous élançâmes dans la chambre, sabre en main, et fondîmes sur les dragons.

      Devenus alors inférieurs en nombre, ils s'adossèrent dans un coin et frappèrent avec fureur.

      Ils savaient qu'ils n'avaient pas de quartier à attendre après la besogne diabolique qu'ils avaient commencée.

      Holloway, notre sergent de cavalerie, se portant furieusement en avant, s'exposa à un coup de pointe qui l'étendit mort sur le sol.

      Avant que le dragon ait eut le temps de ramener son arme, Sir Gervas l'abattit.

      En même temps l'inconnu passa sous la garde de son antagoniste et le blessa mortellement à la gorge.

      Pas un des quatre habits rouges ne s'échappa vivant, mais les corps de notre pauvre sergent et des vieux époux qui avaient été les premières victimes ajoutaient à l'horreur de la scène.

      – Le pauvre Holloway est mort, dis-je en posant la main sur son cœur. Vit-on jamais pareille boucherie? Je me sens écœuré, malade.

      – Voici de l'eau de vie, si je ne me trompe, cria l'inconnu en montant sur une chaise et prenant une bouteille sur une étagère. Et même elle est bonne, à en juger par le bouquet. Prenez une gorgée, vous êtes aussi blanc qu'un drap qu'on vient de laver.

      – La guerre loyale, je puis m'y faire, mais des scènes comme celle-ci me glacent le sang, répondis-je en avalant une lampée du flacon.

      J'étais alors un fort jeune soldat, mes chers enfants, mais j'avoue que jusqu'à la fin de mes campagnes, toutes les formes de la cruauté ont produit le même effet sur moi.

      Je vous en donne ma parole, quand j'allai à Londres, l'automne dernier, la vue d'un cheval qui tire une charrette, succombant sous l'effort, dont les os sont à nu, et qu'on cingle pour n'avoir pas fait ce qu'il était hors d'état de faire, m'a plus profondément écœuré que le champ de bataille de Sedgemoor, ou la journée plus importante encore de Landen, ou dix mille jeunes gens, la fleur de la France, gisaient devant les retranchements.

      – La femme est morte, Sir Gervas, et le mari n'en reviendra pas, je le crains. Il n'est pas brûlé, mais, autant que je puis en juger, le pauvre diable mourra des suites de l'afflux du sang à la tête.

      – Si ce n'est que cela, remarqua l'étranger, on peut le guérir.

      Et tirant de sa poche un petit couteau, il releva une des manches du vieillard et ouvrit une veine.

      D'abord quelques gouttes de sang parurent avec lenteur par l'ouverture, mais peu à peu le sang coula plus librement, et le malade manifesta des indices du retour de la sensibilité.

      – Il vivra, dit le petit escrimeur en remettant sa lancette dans sa poche, et maintenant qui donc êtes-vous, vous à qui je dois cette intervention qui a hâté le dénouement, sans y changer grand chose peut-être, dans le cas où vous nous auriez laissés nous arranger entre nous?

      – Nous faisons partie de l'armée de Monmouth, répondis-je. Il fait halte à Bridgewater et nous battons le pays à la recherche de vivres.

      – Et vous, qui êtes-vous? demanda Sir Gervas, et comment vous êtes-vous mêlé à cette échauffourée? Par ma foi, vous êtes un fameux petit coq pour avoir livré bataille à quatre coqs de cette taille.

      – Je me nomme Hector Marot, dit l'homme, en nettoyant ses pistolets et les rechargeant avec grand soin. Quant à ce que je suis, cela importe peu. Je me bornerai à dire que j'ai contribué à diminuer de quatre coquins la cavalerie de Kirke. Jetez un coup d'œil sur ces figures. La mort ne leur a point fait perdre la couleur brune qu'elles doivent à un ardent soleil. Ces hommes-là ont appris la guerre en combattant contre les païens d'Afrique, et maintenant ils mettent en pratique sur de pauvres Anglais inoffensifs les tours diaboliques qu'ils ont connus parmi les sauvages. Que le Seigneur ait pitié des partisans de Monmouth en cas de défaite. Cette racaille est plus à craindre que la corde du gibet ou la hache du bourreau.

      – Mais comment vous êtes-vous trouvé là juste à l'instant opportun? demandai-je.

      – Ah! voilà! Je me promenais sur ma jument,


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