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Читать онлайн книгу.par derrière, tandis que Mack leur présenterait la bataille de front.
La position de Championnet, perdu avec ses deux mille soldats au milieu de trente mille soldats révoltés, et ayant affaire à la fois à Mack, qui tenait Capoue avec 15,000 hommes, à Naselli, qui en avait 8,000, à Damas, à qui il en restait 5,000, et à Rocca-Romana et à Maliterno, chacun avec son régiment de volontaires, était assurément fort grave.
Le corps d'armée de Macdonald avait voulu prendre Capoue par surprise. En conséquence, il s'était avancé nuitamment, et il enveloppait déjà le fort avancé de Saint-Joseph, lorsqu'un artilleur, entendant du bruit et voyant des hommes se glisser dans l'obscurité, avait mis le feu à sa pièce et tiré au hasard, mais, en tirant au hasard, avait donné l'alarme.
D'un autre côté, les Français avaient tenté de passer le Volturne au gué de Caïazzo; mais ils avaient été repoussés par Rocca-Romana et ses volontaires. Rocca-Romana avait fait des merveilles dans cette occasion.
Championnet avait aussitôt donné l'ordre à son armée de se concentrer autour de Capoue, qu'il voulait prendre, avant de marcher sur Naples. L'armée accomplit son mouvement. Ce fut alors qu'il vit son isolement et comprit dans toute son étendue le danger de la situation. Il en était à chercher, dans quelqu'un de ces actes d'énergie qu'inspire le désespoir, le moyen de sortir de cette position, en intimidant l'ennemi par quelque coup d'éclat, lorsque, tout à coup et au moment où il s'y attendait le moins, il vit s'ouvrir les portes de Capoue et s'avancer au-devant de lui, précédés de la bannière parlementaire, quelques officiers supérieurs chargés de proposer l'armistice.
Ces officiers supérieurs, qui ne connaissaient pas Championnet, étaient, comme nous l'avons dit, le prince de Migliano et le duc de Geno.
L'armistice, était-il dit dans les préliminaires, avait pour objet d'arriver à la conclusion d'une paix solide et durable.
Les conditions que les deux plénipotentiaires napolitains étaient autorisés à proposer étaient la reddition de Capoue et le tracé d'une ligne militaire, de chaque côté de laquelle les deux armées napolitaine et française attendraient chacune la décision de leur gouvernement.
Dans la situation où était Championnet, de telles conditions étaient non-seulement acceptables, mais avantageuses. Cependant Championnet les repoussa, disant que les seules conditions qu'il pût écouter étaient celles qui auraient pour résultat la soumission des provinces et la reddition de Naples.
Les plénipotentiaires n'étaient point autorisés à aller jusque-là; ils se retirèrent.
Le lendemain, ils revinrent avec les mêmes propositions, qui, comme la veille, furent repoussées.
Enfin, deux jours après, deux jours pendant lesquels la situation de l'armée française, enveloppée de tous côtés, n'avait fait qu'empirer, le prince de Migliano et le duc de Geno revinrent pour la troisième fois et déclarèrent qu'ils étaient autorisés à accorder toute condition qui ne serait point la reddition de Naples.
Cette nouvelle concession des plénipotentiaires napolitains était si étrange dans la situation où se trouvait l'armée française, que Championnet crut à quelque embûche, tant elle était avantageuse. Il réunit ses généraux, prit leur avis: l'avis unanime fut d'accorder l'armistice.
L'armistice fut donc accordé, pour trois mois, et aux conditions suivantes:
Les Napolitains rendraient la citadelle de Capoue avec tout ce qu'elle contenait;
Une contribution de deux millions et demi de ducats serait levée pour couvrir les dépenses de la guerre à laquelle l'agression du roi de Naples avait forcé la France;
Cette somme serait payable en deux fois: moitié le 15 janvier, moitié le 25 du même mois;
Une ligne était tracée de chaque côté de laquelle se tenaient les deux armées.
Cette trêve fut un objet d'étonnement pour tout le monde, même pour les Français, qui ignoraient quels motifs l'avaient fait conclure. Elle prit le nom de Sparanisi, du nom du village où elle fut conclue, et signée le 10 du mois de décembre.
Nous qui connaissons les motifs qui la firent conclure et qui furent révélés depuis, disons-les.
LXXX
LES TROIS PARTIS DE NAPLES AU COMMENCEMENT DE L'ANNÉE 1789
Notre livre-on a dû depuis longtemps s'en apercevoir-est un récit historique dans lequel se trouve, comme par accident, mêlé l'élément dramatique; mais cet élément romanesque, au lieu de diriger les événements et de les faire plier sous lui, se soumet entièrement à l'exigence des faits et ne transparaît en quelque sorte que pour relier les faits entre eux.
Ces faits sont si curieux, les personnages qui les accomplissent si étranges, que, pour la première fois depuis que nous tenons une plume, nous nous sommes plaint de la richesse de l'histoire, qui l'emportait sur notre imagination. Nous ne craignons donc pas, lorsque la nécessité l'exige, d'abandonner pour quelques instants, nous ne disons pas le récit fictif, – tout est vrai dans ce livre, – mais le récit pittoresque, et de souder Tacite à Walter Scott. Notre seul regret, et l'on en comprendra l'étendue, est de ne pas posséder à la fois la plume de l'historien romain et celle du romancier écossais; car, avec les éléments qui nous étaient donnés, nous eussions écrit un chef d'oeuvre.
Nous avons à faire connaître à la France une révolution qui lui est encore à peu près inconnue, parce qu'elle s'est accomplie dans un temps où sa propre révolution absorbait son attention tout entière, et ensuite parce qu'une partie des événements que nous racontons, par les soins du gouvernement qui les opprimait, était inconnue aux Napolitains eux-mêmes.
Ceci posé, nous reprenons notre narration et nous allons consacrer quelques lignes à l'explication de cette trêve de Sparanisi, qui, le 10 décembre, jour où elle fut connue, faisait l'étonnement de Naples.
Nous avons dit comment la ville avait nommé des représentants, comment elle avait été elle-même trouver le vicaire général, comment elle lui avait envoyé des députés.
Le résultat de ces allées et venues avait été d'établir que le prince Pignatelli représentait le pouvoir absolu du roi, pouvoir vieilli, mais encore dans toute sa puissance, et la ville, le pouvoir populaire, naissant, mais ayant déjà la conscience de droits qui ne devaient être reconnus que soixante ans plus tard. Ces deux pouvoirs, naturellement antipathiques et agressifs, avaient compris qu'ils ne pouvaient marcher ensemble. Cependant, le pouvoir populaire avait remporté une victoire sur le pouvoir royal: c'était la création de la garde nationale.
Mais, à côté de ces deux partis, représentant, l'un l'absolutisme royal, l'autre la souveraineté populaire, il en existait un troisième qui était, si nous pouvons nous exprimer ainsi, le parti de l'intelligence.
C'était le parti français, dont nous avons, dans un des premiers chapitres de ce livre, présenté les principaux chefs à nos lecteurs.
Celui-là, connaissant l'ignorance des basses classes à Naples, la corruption de la noblesse, le peu de fraternité de la bourgeoisie, à peine née et n'ayant jamais été appelée au maniement des affaires, – celui-là croyait les Napolitains incapables de rien faire par eux-mêmes et voulait à toute force l'invasion française, sans laquelle, à son avis, on se consumerait en dissensions civiles et en querelles intestines.
Il fallait donc, pour fonder un gouvernement durable à Naples, – et ce gouvernement, selon les hommes de ce parti, devait être une république, – il fallait donc, pour fonder une république, la main ferme et surtout loyale de Championnet.
Ce parti-là seul savait fermement et clairement ce qu'il voulait.
Quant au parti royaliste et au parti national, que les utopistes nourrissaient l'espoir de réunir en un seul, tout était trouble chez eux, et le roi ne savait pas plus les concessions qu'il devait faire que le peuple les droits qu'il devait exiger.
Le programme des républicains était simple et clair: Le gouvernement du peuple par le peuple, c'est-à-dire par ses élus.
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