De mauvais augure . Блейк Пирс

Читать онлайн книгу.

De mauvais augure  - Блейк Пирс


Скачать книгу
pas le rétablissement de Ray qui mettait Keri mal à l’aise. C’était leur relation. En effet, au cours de l’année écoulée, des sentiments s’étaient développés entre eux, grâce à leur grande proximité. Ils le savaient aussi bien l’un que l’autre, mais aucun n’était prêt à en parler directement. Keri ressentait des pincements de jalousie à chaque fois qu’elle appelait le domicile de Ray et qu’une femme répondait. Ray était un séducteur notoire et impénitent, et il n’y avait donc pas à s’étonner. Et pourtant, la jalousie était toujours présente, malgré ses efforts pour la contrôler.

      Et Keri savait que Ray ressentait la même chose. Elle avait vu ses yeux lancer des éclairs lorsqu’ils discutaient avec un témoin et que celui-ci lui faisait du charme. Elle pouvait le sentir se raidir à côté d’elle lorsque cela se produisait.

      Bien qu’il ait frôlé la mort, ils n’avaient pu se résoudre à en parler ensemble. Pour Keri, c’était en partie parce qu’elle estimait trivial de parler de telles choses alors qu’il se remettait de blessures mortelles. Mais c’était aussi, en partie, parce qu’elle était terrifiée par ce qui pouvait se passer s’ils venaient à tout se dire.

      Ainsi, ils faisaient tous deux comme si de rien n’était. Et, puisqu’ils n’étaient pas habitués à se faire des cachotteries, c’était devenu gênant. En écoutant sonner le téléphone de Ray, elle espérait à moitié qu’il décroche, et à moitié qu’il ne réponde pas.

      Elle devait lui parler de l’appel anonyme et de ce qu’elle avait découvert à l’entrepôt, mais elle ne savait pas par où commencer.

      Finalement, elle ne fut pas confrontée à ce problème : il ne décrocha pas. Au bout de dix sonneries, Keri raccrocha. Il n’y avait pas de messagerie, ce qui signifiait que Ray était probablement sorti de sa chambre. Elle décida de ne pas tenter d’appeler son portable. Il était sans doute dans sa salle de bains ou bien à une séance de rééducation. Elle savait qu’il avait hâte de se remettre en forme, et on lui avait donné le feu vert deux jours plus tôt. Ray avait été boxeur professionnel, et Keri était sûre qu’il consacrerait chaque moment qu’on lui accordait à se remettre d’attaque.

      Puisqu’elle ne pouvait pas partager ce qu’elle venait de découvrir, elle se força à mettre de côté l’épisode de l’entrepôt et à se concentrer sur sa mission actuelle : Kendra Burlingame, portée disparue.

      Grâce à son GPS, Keri n’eut aucune peine à trouver son chemin dans les rues sinueuses de Beverly Hills, et arriva dans la partie la plus sécurisée de ce quartier dominant la ville. Plus elle s’élevait dans les collines, plus les routes devenaient sinueuses, et plus les propriétés étaient éloignées de la route.

      Elle repensa à ce qu’elle savait de ce dossier. Elle n’avait pas grand-chose : Jeremy Burlingame, malgré sa profession et l’endroit où il habitait, était plutôt discret. Les collègues de Keri avaient fait une recherche rapide et découvert que le docteur, qui avait quarante et un ans, était un chirurgien plastique renommé qui travaillait pour des célébrités, et offrait également des opérations de chirurgie faciale à titre gracieux à des enfants qui en avaient besoin.

      Kendra Burlingame, âgée de trente-huit ans, avait été une publicitaire travaillant à Hollywood. Après avoir épousé Jeremy, elle s’était consacrée à l’association caritative qu’elle avait également créée, nommée Tout sourire, qui levait des fonds pour les opérations d’enfants et s’occupait de leur suivi médical.

      Ils étaient mariés depuis sept ans. Ni Kendra, ni Jeremy n’avaient de casier judiciaire. Il n’y avait aucun antécédent de violence conjugale, ni de consommation de drogues ou d’alcool. En théorie, ils ressemblaient au couple parfait. Keri en était suspicieuse.

      Après plusieurs fausses routes, elle finit par s’arrêter près du portail de la maison au bout de Tower Road, à 13h41 – c’est à dire avec onze minutes de retard.

      En vérité, le terme « maison » n’était pas adapté à cette demeure. C’était plutôt un complexe, situé sur une propriété qui semblait faire plusieurs hectares. De son point de vue, elle voyait toute la ville de Los Angeles, étalée à ses pieds.

      Keri prit un moment pour faire quelque chose d’inhabituel pour elle : remettre du maquillage. Le fait d’enlever l’écharpe qui tenait son bras avait amélioré son allure, mais le bleu près de son œil était toujours visible. Elle le recouvrit de poudre jusqu’à ce qu’il ait presque disparu.

      Satisfaite, elle sonna à l’interphone qui se trouvait près du portail. En attendant la réponse, elle vit la Cadillac marron et blanche de Frank Brody, garée dans le rond-point.

      Une voix féminine s’éleva de l’interphone : « Agent Locke ?

      Oui, c’est moi.

      — Je suis Lupe Veracruz, la femme de ménage des Burlingame. Je vous prie d’entrer et de vous garer près de votre collègue. Je vais venir à votre rencontre et vous guider auprès de votre collègue et du Dr Burlingame. »

      Le portail s’ouvrit et Keri engagea sa voiture dans la propriété pour se garer à côté de la Cadillac rutilante de Brody. La Caddy était son bébé. Il était fier de ses couleurs un peu vieux jeu, de sa haute consommation d’essence, et de sa taille imposante. Il l’appelait un classique. Selon Keri, la voiture, tout comme son propriétaire, était un dinosaure.

      Lorsqu’elle ouvrit la portière pour sortir, une petite femme d’origine latino-américaine à l’air aimable, approchant la cinquantaine, s’avança pour l’accueillir. Keri sortit rapidement de sa voiture, afin qu’elle ne devine pas les difficultés qu’elle avait avec son épaule droite. À partir de ce moment, elle estimait qu’elle était dans une scène de crime potentielle, et en territoire ennemi. Elle ne voulait pas trahir une quelconque faiblesse devant Burlingame ni quiconque dans son entourage.

      « Par ici, madame », dit Lupe. Elle tourna les talons et précéda Keri sur une petite allée pavée, bordée de massifs de fleurs impeccables. Keri s’efforça de tenir le rythme, tout en faisant attention à chaque pas. Ses blessures à l’œil, à l’épaule, et aux côtes, la rendaient mal assurée.

      Elles passèrent devant une immense piscine, dotée de deux plongeoirs et d’un couloir de nage. À côté de la piscine, il y avait un gros trou, flanqué d’un tas de terre. Une pelleteuse Bobcat était stationnée à côté. Lupe remarqua la curiosité de Keri.

      « Les Burlingame sont en train de faire installer un jacuzzi. Mais les carrelages marocains qu’ils ont commandés sont en retard, donc tout le projet est repoussé.

      — Ah oui, j’ai le même problème », répondit Keri.

      Lupe ne rit pas.

      Après quelques minutes de marche, elles arrivèrent à une entrée secondaire, qui menait à une grande cuisine lumineuse. Keri entendait des voix d’hommes non loin. Lupe la guida vers ce qui semblait être la salle des petits-déjeuners. L’agent Brody était debout, dirigé vers Keri, et parlait à un homme qui tournait le dos aux arrivantes.

      Burlingame sentit leur arrivée et se retourna bien avant que Lupe puisse l’annoncer. Keri, concentrée sur l’enquête, fixa les yeux de Burlingame lorsqu’il se retourna. Burlingame avait le regard chaud, avec des yeux noisette légèrement cernés de rouge. Soit il avait des allergies, soit il avait pleuré récemment. Burlingame se força à sourire, s’efforçant d’être un hôte chaleureux malgré la situation angoissante.

      Il avait l’air avenant – il n’était pas tout à fait bel homme, mais il avait un visage ouvert et amène qui lui donnait un air d’adolescent empressé. Malgré sa tenue de sport large, Keri voyait qu’il était en bonne forme physique. Il n’était pas particulièrement musculeux, mais avait l’allure nerveuse et sèche d’un coureur de fond. Il était peut-être triathlète ou marathonien. Il était de taille moyenne, peut-être 175cm, et devait peser autour de 80 kilos. Ses cheveux bruns


Скачать книгу