De mauvais augure . Блейк Пирс

Читать онлайн книгу.

De mauvais augure  - Блейк Пирс


Скачать книгу
pas la première fois que ça arrive, fit Brody.

      — Non, ça n’a aucun sens. Kendra ne ferait jamais ça. Elle n’en aurait aucune raison : nous sommes heureux ensemble. On s’aime. Elle aime son travail avec la fondation. Elle aime ces enfants. Elle n’abandonnerait pas tout ça. Si quelque chose n’allait pas, je le saurais. C’est sûr. »

      Keri sentait qu’il était presque suppliant, comme s’il essayait de se convaincre lui-même. Il paraissait complètement perdu.

      « Est-ce que vous en êtes sûr, docteur ? demanda-t-elle. Parfois, on garde des secrets, qu’on cache même à ceux qu’on aime. Est-ce qu’elle aurait pu se confier à quelqu’un d’autre que vous ? »

      Burlingame semblait ne pas l’entendre. Il s’assit au coin du lit, hochant la tête comme si ça pouvait chasser ses doutes.

      « Dr Burlingame ?

      — Euh, oui, dit-il en se levant. Sa meilleure amie s’appelle Becky Sampson. Elles se connaissent depuis la fac. Elles sont allées à une réunion d’anciens élèves de lycée il y a deux semaines, et Kendra avait l’air un peu secouée en rentrant, mais elle ne m’a pas dit pourquoi. Becky habite près de Robertson. Peut-être que Kendra lui a parlé.

      — D’accord, on va la contacter, lui dit Keri. Entre-temps, nous allons faire venir une équipe de la police scientifique et passer au crible la maison. Nous chercherons le dernier emplacement connu des GPS sur le téléphone et la voiture de votre femme, avant qu’ils ne soient éteints. Vous m’entendez, docteur ? »

      Il était hébété, le regard fixé droit devant lui. En entendant son nom, il cligna des yeux et se reprit.

      « Oui, police scientifique, recherche GPS. Je comprends.

      — Nous devons aussi vérifier ce que vous avez fait hier, y compris le temps que vous avez passé à San Diego, dit Keri. Nous allons devoir contacter toutes les personnes que vous avez croisées là-bas.

      — C’est juste la procédure, ajouta Brody dans une tentative maladroite d’être diplomate.

      — Je comprends. Je suis sûr que le mari est toujours le premier suspect lorsqu’une femme disparaît. C’est logique. Je vais dresser la liste de toutes les personnes que j’ai vues et je vous donnerai leurs numéros. Il vous la faut maintenant ?

      — Le plus tôt sera le mieux, dit Keri. Je ne veux pas être dure, docteur, mais vous avez raison. Le mari est en effet le principal suspect, en général. Et plus vite nous pourrons vous éliminer de la liste des suspects, plus vite nous pourrons nous pencher sur d’autres hypothèses. Nous allons faire venir quelques agents pour sécuriser la zone. Entre-temps, je vous serais reconnaissante de venir nous rejoindre, ainsi que Lupe, là où l’agent Brody et moi-même avons garé nos voitures. Nous attendrons là-bas que les renforts arrivent et que la police scientifique fasse son travail. »

      Burlingame acquiesça et sortit de la pièce. Puis, brusquement, il passa la tête par la porte et demanda : « Combien de temps est-ce qu’il lui reste, agent Locke ? En admettant qu’elle ait été enlevée. Je sais que ces affaires sont des courses contre la montre. En étant réaliste, de combien de temps pensez-vous qu’on dispose ? »

      Keri le regarda. Il n’y avait aucun vice dans son regard. Il semblait vouloir désespérément se raccrocher à quelque chose de concret, de rationnel. C’était une bonne question et elle devait se la poser, elle aussi.

      Elle fit un rapide calcul mental. Les chiffres n’étaient pas favorables, mais elle ne pouvait l’annoncer comme ça au mari d’une victime potentielle. Elle choisit de minimiser la chose, sans mentir.

      « Écoutez, docteur, je ne vais pas vous mentir. Chaque seconde compte. Mais nous avons encore quelques jours avant que les pistes ne refroidissent et que les preuves ne mènent plus à rien. Et nous allons investir de nombreux moyens pour retrouver votre femme. Il y a encore de l’espoir. »

      Mais en vérité, son calcul était bien plus pessimiste. D’habitude, soixante-douze heures étaient la limite maximale dans laquelle on retrouvait les victimes vivantes. Si elle avait été enlevée hier matin, ils avaient un peu moins de quarante-huit heures pour la retrouver. En étant optimistes.

      CHAPITRE 5

      Keri parcourut les couloirs du centre médical Cedars-Sinai aussi vite que son corps meurtri le lui permettait. Le domicile de Becky Sampson n’était qu’à quelques rues de l’hôpital – elle ne se sentait donc pas trop coupable de faire un détour pour rendre visite à Ray.

      Mais en approchant de sa chambre, elle sentit une tension familière lui saisir les entrailles. Comment allaient-ils revenir à la normale, alors qu’un secret inexprimé les unissait, qu’ils ne parvenaient pas à aborder ensemble ? En arrivant à sa chambre, Keri se décida à adopter une approche qui serait temporaire. Elle allait faire comme si de rien n’était.

      La porte était ouverte, et elle voyait que Ray était endormi. Il n’y avait personne d’autre dans la chambre. Le dernier contrat passé entre la police et la ville de Los Angeles stipulait que les agents hospitalisés bénéficieraient d’une chambre individuelle. Ray était donc comme un coq en pâte. La chambre avait une vue sur les collines de Hollywood, et une télévision grand écran, qui était allumée, le son coupé. Keri vit les images d’un vieux film où Sylvester Stallone participait à une compétition de bras de fer.

      Je comprends qu’il se soit endormi...

      Elle s’avança vers lui et examina son coéquipier. Allongé dans un lit d’hôpital, couvert seulement d’une blouse flottante ornée de fleurs, Ray semblait plus frêle que d’ordinaire. D’habitude, sa stature de 193cm et plus de cent kilos le rendait plus intimidant, tout comme son crâne chauve. Son surnom, « Big », était mérité.

      Puisqu’il avait les yeux fermés, on ne décelait pas qu’il avait un œil de verre – l’œil droit, qu’il avait perdu lors d’un match de boxe des années auparavant. Personne n’aurait deviné que le quadragénaire allongé dans un lit d’hôpital, un bol de gelée rouge intact près de lui, avait été le Marchand de Sable, un boxeur olympique médaillé de bronze et challenger catégorie poids lourds. Il avait même été favori dans la course au titre de champion. Mais c’était avant qu’un boxeur gaucher au crochet gauche imparable, qu’il avait sous-estimé, lui détruise un œil et mette un terme à sa carrière, d’un seul coup de poing. Ray avait alors vingt-huit ans.

      Après avoir tourné en rond quelque temps, Ray s’était engagé dans la police, et avait grimpé les échelons jusqu’à devenir un des enquêteurs les plus respectés du service des personnes disparues. Et puisque Brody allait bientôt prendre sa retraite, il était parmi les prétendants au poste, dans le service cambriolages et homicides.

      Keri regarda les collines au loin, se demandant où en serait leur relation six mois plus tard, quand ils ne seraient plus ni coéquipiers, ni dans le même service. Elle repoussa ces pensées, incapable d’imaginer sa vie sans la seule personne qui garantissait son équilibre, depuis qu’Evie avait été enlevée.

      Soudain, elle sentit qu’on la regardait. Elle baissa les yeux sur Ray et vit qu’il était réveillé, et la contemplait sans rien dire.

      « Comment ça va, Schtroumpfette ? demanda-t-il d’un ton joyeux – ils adoraient se taquiner sur leur différence de taille.

      — Moi, ça va, et toi, comment tu te sens, Shrek ?

      — Un peu fatigué, pour être honnête. J’ai eu une grosse séance de gym l’autre jour. J’ai marché jusqu’au bout du couloir et je suis revenu. Attention, LeBron James, j’arrive !

      — Ils t’ont dit quand tu pourrais sortir ? demanda Keri.

      — Ils m’ont dit peut-être la semaine prochaine, si mon état évolue bien. Puis je devrai rester au lit deux semaines, à la maison. Si tout se passe bien, je


Скачать книгу