Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais). Джейн Остин

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Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) - Джейн Остин


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par son ami, Mr. Denny ; à Lydia qui le pressait de questions il répondit que Wickham avait dû partir pour Londres la veille et qu’il n’était point encore de retour, ajoutant d’un air significatif :

      – Je ne crois pas que ses affaires l’eussent décidé à s’absenter précisément aujourd’hui s’il n’avait eu surtout le désir d’éviter une rencontre avec un gentleman de cette société.

      Cette allusion, perdue pour Lydia, fut saisie par Elizabeth et lui montra que Darcy n’était pas moins responsable de l’absence de Wickham que si sa première supposition avait été juste. L’antipathie qu’il lui inspirait s’en trouva tellement accrue qu’elle eut grand-peine à lui répondre dans des termes suffisamment polis lorsque, peu après, il vint lui-même lui présenter ses hommages. Ne voulant avoir aucune conversation avec lui, elle se détourna avec un mouvement de mauvaise humeur qu’elle ne put tout de suite surmonter, même en causant avec Mr. Bingley dont l’aveugle partialité à l’égard de son ami la révoltait.

      Mais il n’était pas dans la nature d’Elizabeth de s’abandonner longtemps à une telle impression, et quand elle se fut soulagée en exposant son désappointement à Charlotte Lucas, elle fut bientôt capable de faire dévier la conversation sur les originalités de son cousin et de les signaler à l’attention de son amie.

      Les deux premières danses, cependant, furent pour elle un intolérable supplice : Mr. Collins, solennel et maladroit, se répandant en excuses au lieu de faire attention, dansant à contretemps sans même s’en apercevoir, donnait à sa cousine tout l’ennui, toute la mortification qu’un mauvais cavalier peut infliger à sa danseuse. Elizabeth en retrouvant sa liberté éprouva un soulagement indicible. Invitée ensuite par un officier, elle eut la satisfaction de parler avec lui de Wickham et d’entendre dire qu’il était universellement apprécié.

      Elle venait de reprendre sa conversation avec Charlotte Lucas, lorsque Mr. Darcy s’approcha et, s’inclinant devant elle, sollicita l’honneur d’être son cavalier. Elle se trouva tellement prise au dépourvu qu’elle accepta sans trop savoir ce qu’elle faisait. Il s’éloigna aussitôt, la laissant toute dépitée d’avoir montré si peu de présence d’esprit. Charlotte Lucas essaya de la réconforter :

      – Après tout, vous allez peut-être le trouver très aimable.

      – Le ciel m’en préserve. Quoi ! Trouver aimable un homme qu’on est résolu à détester !

      Mais quand la musique recommença et que Darcy s’avança pour lui rappeler sa promesse, Charlotte Lucas ne put s’empêcher de lui souffler à l’oreille que son caprice pour Wickham ne devait pas lui faire commettre la sottise de se rendre déplaisante aux yeux d’un homme dont la situation valait dix fois celle de l’officier.

      Elizabeth prit rang parmi les danseurs, confondue de l’honneur d’avoir Mr. Darcy pour cavalier et lisant dans les regards de ses voisines un étonnement égal au sien. Pendant un certain temps ils gardèrent le silence. Elizabeth était bien décidée à ne pas le rompre la première lorsque l’idée lui vint qu’elle infligerait une pénitence à Mr. Darcy en l’obligeant à parler. Elle fit donc une réflexion sur la danse. Il lui répondit, puis retomba dans son mutisme.

      Au bout de quelques instants, elle reprit :

      – Maintenant, Mr. Darcy, c’est à votre tour. J’ai déjà parlé de la danse. À vous de faire la remarque qu’il vous plaira sur les dimensions du salon ou le nombre des danseurs.

      Il sourit et l’assura qu’il était prêt à dire tout ce qu’elle désirait.

      – Très bien. Quant à présent, cette réponse peut suffire. Un peu plus tard j’observerai que les soirées privées présentent plus d’agrément que les bals officiels, mais pour l’instant, nous pouvons en rester là.

      – Est-ce donc par devoir que vous causez en dansant ?

      – Quelquefois. Il faut bien parler un peu. Il serait étrange de rester ensemble une demi-heure sans ouvrir la bouche. Cependant, pour la commodité de certains danseurs, il vaut mieux que la conversation soit réglée de telle façon qu’ils n’aient à parler que le moins possible.

      – Dans le cas présent, suivez-vous vos préférences ou cherchez-vous à vous conformer aux miennes ?

      – Aux uns et aux autres tout ensemble, car j’ai remarqué dans notre tour d’esprit une grande ressemblance. Nous sommes tous deux de caractère taciturne et peu sociable et nous n’aimons guère à penser, à moins que ce ne soit pour dire une chose digne d’étonner ceux qui nous écoutent et de passer à la postérité avec tout l’éclat d’un proverbe.

      – Ce portrait ne vous ressemble pas d’une façon frappante selon moi, dit-il. À quel point il me ressemble c’est ce que je ne puis décider. Vous le trouvez fidèle, sans doute ?

      – Ce n’est pas à moi de juger de mon œuvre.

      Mr. Darcy ne reprit la conversation qu’au début de la deuxième danse pour demander à Elizabeth si elle allait souvent à Meryton avec ses sœurs. Elle répondit affirmativement et, ne pouvant résister à la tentation, ajouta :

      – Lorsque vous nous avez rencontrées l’autre jour, nous venions justement de faire une nouvelle connaissance.

      L’effet fut immédiat. Un air de hauteur plus accentuée se répandit sur le visage de Darcy, mais il resta un instant sans répondre. Il dit enfin d’un air contraint :

      – Mr. Wickham est doué de manières agréables qui lui permettent de se faire facilement des amis. Qu’il soit également capable de les conserver est une chose moins sûre.

      – Je sais qu’il a eu le malheur de perdre « votre » amitié, répliqua Elizabeth, et cela d’une façon telle qu’il en souffrira probablement toute son existence.

      Darcy ne répondit pas et parut désireux de changer la conversation. À ce moment apparut près d’eux sir William Lucas qui essayait de traverser le salon en se faufilant entre les groupes. À la vue de Mr. Darcy il s’arrêta pour lui faire son salut le plus courtois et lui adresser quelques compliments sur lui et sa danseuse.

      – Vous me voyez ravi, cher monsieur. On a rarement l’avantage de voir danser avec un art aussi consommé. Vous me permettrez d’ajouter que votre aimable danseuse vous fait honneur. J’espère que ce plaisir se renouvellera souvent pour moi, surtout, ma chère Eliza, si un événement des plus souhaitables vient à se produire, ajouta-t-il en lançant un coup d’œil dans la direction de Jane et de Bingley. Quel sujet de joie et de félicitations pour tout le monde ! J’en appelle à Mr. Darcy. Mais que je ne vous retienne pas, monsieur. Vous m’en voudriez de vous importuner davantage et les beaux yeux de votre jeune danseuse condamnent mon indiscrétion.

      La fin de ce discours fut à peine entendue de Darcy. L’allusion de sir William semblait l’avoir frappé, et il dirigeait vers Bingley et Jane un regard préoccupé. Il se ressaisit vite, cependant, et se tournant vers sa danseuse :

      – L’interruption de sir William, dit-il, m’a fait oublier de quoi nous nous entretenions.

      – Mais nous ne parlions de rien, je crois. Nous avions essayé sans succès deux ou trois sujets de conversation et je me demande quel pourra être le suivant.

      – Si nous parlions lecture ? dit-il en souriant.

      – Lecture ? oh non ! Je suis sûre que nous n’avons pas les mêmes goûts.

      – Je le regrette. Mais, quand cela serait, nous pourrions discuter nos idées respectives.

      – Non, il m’est impossible de causer littérature dans un bal ; mon esprit est trop occupé d’autre chose.

      – Est-ce ce qui vous entoure qui vous absorbe à ce point ? demanda-t-il d’un air de doute.

      – Oui, répondit-elle machinalement, car sa pensée était


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