Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais). Джейн Остин

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Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) - Джейн Остин


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vers Charlotte, – autrement je n’approuve pas une disposition qui dépossède les femmes héritières en ligne directe. On n’a rien fait de pareil dans la famille de Bourgh. Jouez-vous du piano et chantez-vous, miss Bennet ?

      – Un peu.

      – Alors, un jour ou l’autre nous serons heureuses de vous entendre. Notre piano est excellent, probablement supérieur à... Enfin, vous l’essaierez. Vos sœurs, sont-elles aussi musiciennes ?

      – L’une d’elles, oui, madame.

      – Pourquoi pas toutes ? Vous auriez dû prendre toutes des leçons. Les demoiselles Webb sont toutes musiciennes et leur père n’a pas la situation du vôtre. Faites-vous du dessin ?

      – Pas du tout.

      – Quoi, aucune d’entre vous ?

      – Aucune.

      – Comme c’est étrange ! Sans doute l’occasion vous aura manqué. Votre mère aurait dû vous mener à Londres, chaque printemps, pour vous faire prendre des leçons.

      – Je crois que ma mère l’eût fait volontiers, mais mon père a Londres en horreur.

      – Avez-vous encore votre institutrice ?

      – Nous n’en avons jamais eu.

      – Bonté du ciel ! cinq filles élevées à la maison sans institutrice ! Je n’ai jamais entendu chose pareille ! Quel esclavage pour votre mère !

      Elizabeth ne put s’empêcher de sourire et affirma qu’il n’en avait rien été.

      – Alors, qui vous faisait travailler ? Qui vous surveillait ? Sans institutrice ? Vous deviez être bien négligées.

      – Mon Pieu, madame, toutes celles d’entre nous qui avaient le désir de s’instruire en ont eu les moyens. On nous encourageait beaucoup à lire et nous avons eu tous les maîtres nécessaires. Assurément, celles qui le préféraient étaient libres de ne rien faire.

      – Bien entendu, et c’est ce que la présence d’une institutrice aurait empêché. Si j’avais connu votre mère, j’aurais vivement insisté pour qu’elle en prît une. On ne saurait croire le nombre de familles auxquelles j’en ai procuré. Je suis toujours heureuse, quand je le puis, de placer une jeune personne dans de bonnes conditions. Grâce à moi quatre nièces de Mrs. Jenkinson ont été pourvues de situations fort agréables. Vous ai-je dit, mistress Collins, que lady Metcalfe est venue me voir hier pour me remercier ? Il paraît que miss Pape est une véritable perle. Parmi vos jeunes sœurs, y en a-t-il qui sortent déjà, miss Bennet ?

      – Oui, madame, toutes.

      – Toutes ? Quoi ? Alors toutes les cinq à la fois ! Et vous n’êtes que la seconde, et les plus jeunes sortent avant que les aînées soient mariées ? Quel âge ont-elles donc ?

      – La dernière n’a pas encore seize ans. C’est peut-être un peu tôt pour aller dans le monde, mais, madame, ne serait-il pas un peu dur pour des jeunes filles d’être privées de leur part légitime de plaisirs parce que les aînées n’ont pas l’occasion ou le désir de se marier de bonne heure ?

      – En vérité, dit lady Catherine, vous donnez votre avis avec bien de l’assurance pour une si jeune personne. Quel âge avez-vous donc ?

      – Votre Grâce doit comprendre, répliqua Elizabeth en souriant, qu’avec trois jeunes sœurs qui vont dans le monde, je ne me soucie plus d’avouer mon âge.

      Cette réponse parut interloquer lady Catherine. Elizabeth était sans doute la première créature assez téméraire pour s’amuser de sa majestueuse impertinence.

      – Vous ne devez pas avoir plus de vingt ans. Vous n’avez donc aucune raison de cacher votre âge.

      – Je n’ai pas encore vingt et un ans.

      Quand les messieurs revinrent et qu’on eut pris le thé, les tables de jeu furent apportées. Lady Catherine, sir William, Mr. et Mrs. Collins s’installèrent pour une partie de « quadrille ». Miss de Bourgh préférait le « casino » ; les deux jeunes filles et Mrs. Jenkinson eurent donc l’honneur de jouer avec elle une partie remarquablement ennuyeuse. On n’ouvrait la bouche, à leur table, que pour parler du jeu, sauf lorsque Mrs. Jenkinson exprimait la crainte que miss de Bourgh eût trop chaud, trop froid, ou qu’elle fût mal éclairée.

      L’autre table était beaucoup plus animée. C’était lady Catherine qui parlait surtout pour noter les fautes de ses partenaires ou raconter des souvenirs personnels. Mr. Collins approuvait tout ce que disait Sa Grâce, la remerciant chaque fois qu’il gagnait une fiche et s’excusant lorsqu’il avait l’impression d’en gagner trop. Sir William parlait peu : il tâchait de meubler sa mémoire d’anecdotes et de noms aristocratiques.

      Lorsque lady Catherine et sa fille en eurent assez du jeu, on laissa les cartes, et la voiture fut proposée à Mrs. Collins qui l’accepta avec gratitude. La société se réunit alors autour du feu pour écouter lady Catherine décider quel temps il ferait le lendemain, puis, la voiture étant annoncée, Mr. Collins réitéra ses remerciements, sir William multiplia les saluts, et l’on se sépara.

      À peine la voiture s’était-elle ébranlée qu’Elizabeth fut invitée par son cousin à dire son opinion sur ce qu’elle avait vu à Rosings. Par égard pour Charlotte, elle s’appliqua à la donner aussi élogieuse que possible ; mais ses louanges, malgré la peine qu’elle prenait pour les formuler, ne pouvaient satisfaire Mr. Collins qui ne tarda pas à se charger lui-même du panégyrique de Sa Grâce.

       English

      XXX

       Table des matières

      Sir William ne demeura qu’une semaine à Hunsford, mais ce fut assez pour le convaincre que sa fille était très confortablement installée et qu’elle avait un mari et une voisine comme on en rencontre peu souvent.

      Tant que dura le séjour de sir William, Mr. Collins consacra toutes ses matinées à le promener en cabriolet pour lui montrer les environs. Après son départ, chacun retourna à ses occupations habituelles et Elizabeth fut heureuse de constater que ce changement ne leur imposait pas davantage la compagnie de son cousin. Il employait la plus grande partie de ses journées à lire, à écrire, ou à regarder par la fenêtre de son bureau qui donnait sur la route. La pièce où se réunissaient les dames était située à l’arrière de la maison. Elizabeth s’était souvent demandé pourquoi Charlotte ne préférait pas se tenir dans la salle à manger, pièce plus grande et plus agréable, mais elle devina bientôt la raison de cet arrangement : Mr. Collins aurait certainement passé moins de temps dans son bureau si l’appartement de sa femme avait présenté les mêmes agréments que le sien. Du salon, on n’apercevait pas la route. C’est donc par Mr. Collins que ces dames apprenaient combien de voitures étaient passées et surtout s’il avait aperçu miss de Bourgh dans son phaéton, chose dont il ne manquait jamais de venir les avertir, bien que cela arrivât presque journellement.

      Miss de Bourgh s’arrêtait assez souvent devant le presbytère et causait quelques minutes avec Charlotte, mais d’ordinaire sans descendre de voiture. De temps en temps, lady Catherine elle-même venait honorer le presbytère de sa visite. Alors son regard observateur ne laissait rien échapper de ce qui se passait autour d’elle. Elle s’intéressait aux occupations de chacun, examinait le travail des jeunes filles, leur conseillait de s’y prendre d’une façon différente, critiquait l’arrangement du mobilier, relevait les négligences de la domestique et ne semblait accepter la collation qui lui était offerte que pour pouvoir déclarer à Mrs. Collins que sa table était trop abondamment servie pour le nombre de ses convives.

      Elizabeth s’aperçut vite que, sans faire partie de la justice


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