Le Visage de la Mort. Блейк Пирс
Читать онлайн книгу.la rejoindre.
— Qu’est-ce qu’on devrait faire ensuite ? demanda-t-elle.
Zoe aurait voulu pouvoir mieux répondre à sa question, mais elle en était incapable. Il ne restait plus qu’une chose à faire au point où elles en étaient et ce n’était pas l’action directe qu’elle désirait.
— On va créer un profil du tueur, dit-elle. On le diffusera dans les États frontaliers pour prévenir les représentants des forces de l’ordre de garder l’œil ouvert. Ensuite, on passera en revue les dossiers des autres meurtres.
Shelley acquiesça d’un signe de tête et lui emboîta aisément le pas tandis que Zoe se dirigeait vers la porte. Ce n’était pas comme si elles avaient beaucoup de route à faire.
Une fois qu’elles eurent monté les escaliers et passé les portes du bureau, Zoe balaya les alentours du regard et aperçut de nouveau l’horizon qui était facilement visible derrière la petite agglomération de résidences et d’établissements qui constituaient la ville. Elle soupira, croisa les bras sur sa poitrine et tourna rapidement la tête en direction du commissariat où elles se rendaient. Moins elle passait de temps à regarder cet endroit, mieux c’était.
— Tu n’aimes pas cette petite ville, n’est-ce pas ? demanda Shelley qui se trouvait à ses côtés.
Zoe fut surprise l’espace d’un instant, mais cela dit, Shelley avait déjà prouvé qu’elle était perspicace et aussi sensible aux émotions des autres. À vrai dire, il était probable que l’attitude de Zoe reflète clairement ses émotions. Elle ne parvenait pas à se débarrasser de l’humeur massacrante qui l’envahissait à chaque fois qu’elle se retrouvait dans un endroit comme celui-ci.
— Je n’aime pas les petites villes en général, dit-elle.
— T’es juste une ville des grandes villes ou ? demanda Shelley.
Zoe ravala un soupir. C’était ce qui se produisait quand on avait des partenaires : ils essayaient toujours d’apprendre à vous connaître, de déterrer toutes les petites pièces du puzzle qu’était votre passé et de les mélanger jusqu’à ce qu’elles forment une image qui leur plaisait.
— Elles me rappellent l’endroit où j’ai grandi.
— Ahhh, dit Shelley en hochant la tête comme si elle voyait et comprenait.
Elle ne voyait pas. Zoe le savait pertinemment.
Elles firent une pause dans leur conversation tandis qu’elles passaient les portes du commissariat, se dirigeant vers une petite salle de réunion que la police locale les laissait utiliser comme base pour leurs opérations. Voyant qu’elles étaient seules, Zoe mit une nouvelle pile de papiers sur la table et commença à étaler le rapport du médecin légiste ainsi que des photographies et quelques autres rapports des officiers qui étaient arrivés en premier sur la scène de crime.
— Tu n’as pas eu une super enfance alors ? demanda Shelley.
Ah. Peut-être qu’elle voyait, plus que ce que Zoe l’aurait cru en tout cas.
Elle n’aurait peut-être pas dû être surprise. Pourquoi Shelley ne serait-elle pas capable de lire les émotions et les pensées de la même façon que Zoe pouvait lire les angles, les mesures et les séquences ?
— Ce n’était pas la meilleure, dit Zoe, repoussant ses cheveux de ses yeux et se concentrant sur les papiers. Et pas la pire. J’ai survécu.
Il y avait un écho dans sa tête, un cri qui lui venait de voilà longtemps et de loin. Enfant démoniaque. Monstre. Regarde ce que tu nous as fait faire ! Zoe le refoula, ignorant le souvenir d’un jour passé enfermée dans sa chambre en guise de punition pour ses péchés, ignorant la longue et difficile solitude qu’elle avait connue enfant.
Shelley vint se placer rapidement en face d’elle, étalant les quelques photos qu’elles avaient déjà, puis soulevant les dossiers des autres affaires.
— On n’est pas obligées d’en parler, dit-elle doucement. Je suis désolée. Tu ne me connais pas encore.
Cet « encore » était de mauvais augure : il impliquait un moment, même si ce n’était que dans un avenir lointain, où elle s’attendrait à ce que Zoe lui fasse assez confiance pour lui raconter tous les secrets enfermés en elle depuis qu’elle était enfant. Ce que Shelley ne savait pas et ne pouvait pas deviner grâce à ses petites questions, c’était que Zoe n’allait jamais dire à qui que ce soit ce qui lui était arrivé durant son enfance.
Excepté peut-être à la psychiatre que le Dr Applewhite avait essayé de lui faire voir.
Zoe refoula tout afin d’adresser un sourire tendu à sa partenaire et hocha la tête avant de lui prendre un des dossiers des mains.
— On devrait passer en revue les affaires précédentes. Je vais lire celle-ci et tu peux lire l’autre.
Shelley se dirigea vers une chaise de l’autre côté de la table et regarda les images du premier dossier étalées sur la table tout en se mordant un ongle. Zoe détourna son regard d’elle et se concentra sur les images devant elle.
— La première victime a été tuée dans un parking vide à l’extérieur d’un café-restaurant qui avait fermé une demi-heure auparavant, lut Zoe à voix haute, résumant le contenu du rapport. Elle y travaillait comme serveuse, elle avait deux enfants, n’avait pas fait d’études supérieures et était apparemment restée dans la même région toute sa vie. Il n’y avait aucun signe de preuve scientifique de valeur sur la scène de crime ; la méthodologie était la même, victime tuée avec le fil de fer avant que le tueur n’efface minutieusement les empreintes et les marques.
— Rien qui puisse nous aider à le traquer, une fois de plus, soupira Shelley.
— Elle était en train de fermer le restaurant après avoir nettoyé, sur le point de rentrer après une longue journée de travail. L’alerte a été donnée très rapidement quand elle n’est pas rentrée chez elle à l’heure habituelle.
Zoe tourna la page et chercha tout contenu de valeur.
— C’est son mari qui l’a trouvée — il est parti la chercher quand elle n’a pas répondu à ses appels. Il y a de fortes chances qu’il ait corrompu des preuves quand il a saisi le corps de sa femme quand il l’a trouvé.
Zoe leva les yeux, convaincue que cette affaire était aussi vide de preuves que l’autre. Shelley se concentrait toujours et jouait de nouveau avec le pendentif de sa chaîne. Il était assez petit pour disparaître complètement derrière ses doigts.
— Est-ce que c’est une croix ? demanda Zoe quand sa nouvelle partenaire leva finalement les yeux.
C’était quelque chose dont elles pouvaient discuter, pensa-t-elle. Assez naturel de la part d’un agent de parler avec sa partenaire du bijou qu’elle portait régulièrement, comme cela semblait être le cas, n’est-ce pas ?
Shelley baissa les yeux sur sa poitrine, comme si elle ne s’était pas rendue compte de ce que faisaient ses mains.
— Oh, ça ? Non. C’était un cadeau de ma grand-mère.
Elle déplaça ses doigts et tendit la chaîne afin que Zoe puisse voir le pendentif en or en forme de flèche avec un petit diamant au niveau de la pointe.
— J’ai de la chance que mon grand-père ait de bons goûts. Il appartenait à ma grand-mère.
— Oh, dit Zoe, sentant une légère sensation de soulagement la submerger.
Elle n’avait pas réalisé à quel point elle avait été tendue depuis qu’elle avait vue Shelley tirer sur la chaîne et jouer avec pour la première fois.
— Une flèche qui symbolise le grand amour ?
— C’est ça, sourit Shelley avant de froncer légèrement les sourcils ; elle