Le Visage de la Mort. Блейк Пирс
Читать онлайн книгу.avec un bon travail. Zoe essaya de se concentrer sur lui, de s’appliquer. Cela devrait être plus simple quand ils seraient en train de manger. Elle fixa la nourriture dans son assiette — vingt-sept petits pois, un steak d’exactement cinq centimètres d’épaisseur — et essaya de ne pas se laisser distraire de ce qu’il disait.
Et pourtant, elle entendit les silences gênants tout autant que lui.
À la fin, il proposa de tout payer — la part de Zoe revenait à trente-sept dollars et quatre-vingt-dix-sept cents — et elle accepta avec gratitude. Elle avait oublié qu’elle était censée protester au moins une fois pour lui donner une chance d’insister, mais elle s’en souvint lorsqu’elle vit les coins de sa bouche retomber légèrement quand il tendit sa carte de crédit à la serveuse.
— Eh bien, c’était une super soirée, dit John, balayant la pièce du regard et attachant sa veste de costume quand il se leva. C’est un restaurant charmant.
— Le repas était merveilleux, murmura Zoe en se levant bien qu’elle aurait préféré rester assise plus longtemps.
— C’était un plaisir de te rencontrer, Zoe, dit-il.
Il lui tendit la main pour qu’elle la serre. Quand elle la prit, il se pencha en avant et l’embrassa sur la joue aussi brièvement que possible avant de s’éloigner à nouveau.
Pas de proposition de l’accompagner à sa voiture ou de la ramener chez elle. Pas d’étreinte, pas de demande de la revoir. John était assez charmant — tout en sourires en coin et en gestes attentionnés — mais le message était clair.
— De même pour moi, John, dit Zoe, le laissant sortir du restaurant en premier pendant qu’elle récupérait son sac afin de ne pas avoir à subir de bavardages gênants sur le chemin du parking.
Une fois qu’elle fut dans l’intimité de sa voiture, Zoe s’affala sur le siège conducteur et enfouit son visage dans ses mains. Stupide, stupide, stupide. Imaginez être tant préoccupée par la longueur de la foulée des différents serveurs que vous ne pouviez même pas vous concentrer sur le beau et charmant bon parti en face de vous.
Cela allait trop loin. Zoe le savait, au plus profond d’elle, et cela faisait un moment qu’elle le savait. Elle parvenait à peine à se concentrer sur le langage corporel sans que les calculs et l’exploration des séquences ne capturent toute son attention. Il était déjà assez problématique qu’elle ne parvînt pas à comprendre tous les signes quand elle les entendait ou les voyait, mais ne pas les remarquer du tout était encore pire.
— Je suis vraiment trop bizarre, marmonna-t-elle pour elle-même, sachant que personne d’autre ne l’entendrait.
Cela lui donnait à la fois envie de rire et de pleurer.
Zoe passa tout le trajet de retour à se repasser et à examiner les événements de la soirée. Dix-sept pauses gênantes. Au moins vingt occasions où John devait avoir voulu qu’elle montre plus d’intérêt. Dieu seul savait combien de fois elle ne l’avait même pas remarqué. Un steak gratuit ne suffisait pas à contrebalancer le fait de se sentir comme une réprouvée qui mourrait seule.
Avec des chats, bien évidemment.
Pas même Euler et Pythagore qui miaulèrent et essayèrent de rivaliser afin de pouvoir sauter sur ses genoux quand elle s’assit dans le canapé ne parvinrent à la faire se sentir mieux. Elle les prit tous les deux dans ses bras et les posa, pas le moins du monde surprise quand ils se désintéressèrent immédiatement et se mirent à rôder le long du dossier le canapé.
Elle ouvrit une fois de plus le courriel du Dr Applewhite et regarda le numéro du psychiatre qu’elle lui avait envoyé.
Cela ne pourrait pas lui faire de mal, n’est-ce pas ?
Zoe saisit le numéro dans son téléphone un chiffre à la fois bien qu’elle l’eût mémorisé au premier coup d’œil. Elle eut le souffle coupé alors que son doigt restait en suspens au-dessus du bouton vert d’appel, mais elle se força à appuyer puis leva le téléphone à son oreille.
Dring-dring-dring.
Dring-dring-dring.
— Bonjour, dit une voix féminine à l’autre bout du fil.
— Bonjour…, commença Zoe avant de s’interrompre immédiatement quand la voix continua.
— Ici le bureau du Dr Lauren Monk. Nous sommes dans le regret de vous annoncer que le bureau est fermé.
Zoe gémit intérieurement. Messagerie vocale.
— Si vous souhaitez prendre rendez-vous, changer un rendez-vous déjà prévu ou laisser un message, faites-le après le b…
Zoe éloigna brusquement le téléphone portable de son oreille comme s’il était en feu et raccrocha. Pythagore brisa le silence d’un miaulement chaleureux, puis sauta sur son épaule depuis l’accoudoir du canapé.
Elle allait devoir prendre rendez-vous et elle devrait le faire rapidement. Elle se le promit. Mais cela ne lui ferait pas de mal d’attendre un jour de plus, n’est-ce pas ?
CHAPITRE TROIS
— Tu brûleras en enfer, annonça sa mère, une expression triomphante sur le visage et une sorte d’étincelle de folie dans les yeux.
En regardant de plus près Zoe réalisa qu’il s’agissait du reflet de flammes.
— Tu brûleras en enfer pour toute l’éternité, enfant démoniaque.
La chaleur était insupportable. Zoe s’efforça de se lever, de bouger, mais quelque chose la maintenait au sol. C’était comme si ses jambes étaient en plomb, ancrées au sol, et qu’elle ne pouvait pas les lever. Elle ne pouvait pas s’enfuir.
— Maman ! cria Zoe. Je t’en prie, maman ! Ça devient de plus en plus chaud — ça fait mal !
— Tu brûleras pour l’éternité, gloussa sa mère avant que sa peau ne devienne rouge comme une pomme et que des cornes et une queue ne poussent sur sa tête et derrière elle sous les yeux de Zoe. Tu brûleras, ma fille !
La sonnerie stridente de son téléphone portable réveilla Zoe en sursaut et Pythagore ouvrit un œil vert sinistre avant de sauter de ses chevilles et de s’éloigner d’un pas raide.
Zoe secoua la tête, essayant de trouver ses repères. Elle était dans sa chambre à Bethesda et son téléphone portable sonnait.
Elle tâtonna l’appareil pour répondre à l’appel, ses doigts encore lents et endormis.
— Allô ?
— Agent Spécial Prime, je m’excuse de l’heure tardive, dit son patron.
Zoe jeta un coup d’œil à la pendule. Trois heures du matin venaient de sonner.
— Pas de problème, dit-elle en se forçant à s’asseoir. Qu’y a-t-il ?
— Nous avons une affaire dans le Midwest pour laquelle votre aide serait précieuse. Je sais que vous venez de rentrer chez vous, nous pouvons envoyer quelqu’un d’autre si ça fait trop pour vous.
— Non, non, dit précipitamment Zoe. Je peux m’en charger.
Travailler lui ferait du bien. Se sentir utile et résoudre des affaires étaient la seule chose que lui donnait l’impression de peut-être avoir quelque chose en commun avec ses congénères humains. Après la débâcle de la soirée, le soulagement de se lancer dans quelque chose de nouveau serait le bienvenu.
— Très bien. Votre partenaire et vous aurez un vol dans quelques heures. Vous allez dans le Missouri.
* * *
La voiture arriva à l’extérieur d’un petit poste de police au sud de Kansas City et s’arrêta.