Le Leurre Zéro. Джек Марс

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Le Leurre Zéro - Джек Марс


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Zéro porta les mains à sa tête et fit ce qu’il aurait dû faire avant même d’entrer dans le chalet. Il saisit le tissu de sa cagoule et la retira. Ses cheveux étaient emmêlés et des mèches égarées étaient collées sur son front par la sueur.

      « Oh », s’exclama Bixby. La déception dans sa voix était palpable. « Je ne pensais pas qu’ils t’enverraient, toi, mais je suppose que j’aurais dû m’en douter.

      – Ce n’est pas le cas », insista Zéro calmement, les deux mains levées au niveau de ses oreilles. « Je te jure que ce n’est pas le cas. Personne ne m’a envoyé ici. Je suis venu ici de mon propre chef et je suis seul. »

      Bixby fit un pas en avant, en veillant à rester suffisamment à distance pour ne pas se faire attraper mais suffisamment proche pour que Zéro puisse le voir, à la limite du halo lumineux émis par la LED. La dernière fois que Zéro avait vu l’ingénieur et inventeur excentrique de la CIA, Bixby portait alors une chemise en soie douce violette sous un gilet noir à trois boutons. Il arborait toujours ses lunettes de marque à monture d’écaille mais ne portait qu’un simple tee-shirt en flanelle et un jean. Il ne s’était pas rasé depuis plusieurs jours et sa barbe grise naissante allait de pair avec la couleur poivre et sel de ses cheveux qui semblaient avoir été peignés à la hâte, plus par habitude et hygiène que par souci du résultat.

      Il avait des poches sous les yeux et sa peau était un peu jaunâtre. Zéro n’avait pas de mal à imaginer que Bixby n’avait pas dû beaucoup dormir ces deux derniers mois alors qu’il tentait d’échapper à la CIA.

      « Comment puis-je être sûr que tu me dis la vérité ? demanda prudemment Bixby.

      – Tu as bien dit que tu m’avais scanné non ? Si je suis armé, c’est par simple mesure de précaution. » Lorsqu’il prononça cette excuse à voix haute, il réalisa à quel point elle semblait ridicule, surtout pour un homme qui pensait que Zéro était là pour le tuer. « Je n’ai pas de téléphone. Pas de radio. Pas de traceur GPS. Tu l’aurais vu. »

      Bixby haussa légèrement les épaules. « Fais mieux.

      – On est amis.

      – On l’était.

      – On l’est », répliqua catégoriquement Zéro. Il pouvait voir dans les yeux de l’homme plus âgé que celui-ci souhaitait vraiment pouvoir le croire. Combien de fois Bixby l’avait-il préparé en vue d’une opération ? Combien de mauvaises blagues avaient-ils échangées ? La seule pensée que Zéro se trouvait ici pour l’assassiner était risible, du moins pour lui, mais Bixby ne pouvait pas être trop prudent. Pas après ce qu’il avait fait.

      Deux mois plus tôt, Zéro et son équipe avaient empêché une bande de mercenaires chinois et leur chef russe de faire exploser un réacteur nucléaire d’une des installations de Calvert Cricks. Bixby les avait aidés en réalisant des modifications sur une machine appelée OMNI, un supercalculateur de la CIA capable d’espionner n’importe quel téléphone portable, tablette, ordinateur, radio ou tout autre dispositif intelligent situé sur le territoire continental des États-Unis. Son existence même était destinée à des situations tout à fait exceptionnelles et son utilisation nécessitait des autorisations émanant des plus hautes instances ; cette machine était hautement immorale, illégale et follement coûteuse.

      Les modifications que Bixby avaient apportées à OMNI avaient également causé des dommages irréparables à ce fameux supercalculateur. Non seulement Bixby était le seul à avoir causé de tels dommages, mais il était également le seul à pouvoir les réparer, sauf que celui-ci s’était enfui et avait disparu de la circulation. Les deux hommes qui se trouvaient actuellement dans ce chalet ne doutaient pas un seul instant que, si la CIA posait la main sur Bixby, il n’y aurait pas d’arrestation, pas de procès et pas de peine de prison. Il n’y aurait qu’une balle entre les yeux et une tombe peu profonde, raison pour laquelle Zéro avait pris tant de précautions pour arriver là.

      « Comment as-tu réussi à me trouver ? demanda Bixby.

      – Est-ce que tu penses que tu pourrais désamorcer ce sur quoi je me trouve avant toute chose ? demanda Zéro en désignant la plaque de pression enfoncée sous son pied. Qu’est-ce que c’est, d’ailleurs ? Une mine ?

      – Bien sûr que non, répondit Bixby. Les mines, ça en met partout. Tu sais bien que ce n’est pas mon style.

      – Ah. » Une arme sonique selon toute vraisemblance. Si Zéro avait vu juste, soulever son pied de la plaque de pression déclencherait une explosion sonique soigneusement dirigée qui provoquerait instantanément des étourdissements, des nausées et une affreuse migraine, si ce n’était la rupture de ses organes internes.

      « Enlève ta veste », ordonna Bixby. « Doucement. Et lance-la-moi. »

      Zéro obéit, retirant d’abord ses gants épais, puis tira doucement sur la fermeture éclair du manteau doublé de molleton pour ensuite le faire glisser de ses épaules. Il l’envoya vers Bixby qui l’attrapa par le col. Ce ne fut qu’à ce moment-là que l’ingénieur extirpa une petite télécommande noire de sa poche arrière, appuya sur un simple bouton et lui fit un signe de tête entendu.

      Quand bien même, Zéro retint sa respiration en soulevant son pied, ne reprenant son souffle que lorsqu’il constata que rien ne se produisait. « Merci.

      – Assieds-toi là », lui dit platement Bixby. Zéro avait tellement été préoccupé par ce qu’il avait sous les pieds qu’il n’avait prêté aucune attention à ce qui l’entourait : c’était une simple pièce qui servait à la fois de salon, de salle à manger et de cuisine. La pièce à l’arrière devait être une petite chambre et il supposa qu’un coin salle de bain se trouvait quelque part, mais c’était à peu près tout.

      Zéro fit ce qu’on lui dit et s’assit sur une petite chaise en bois.

      « Comment m’as-tu trouvé ? » demanda encore une fois Bixby.

      « Ça n’a pas été facile », admit Zéro. C’était le moins que l’on puisse dire. Les huit semaines qu’il lui avait fallu pour localiser la cabane isolée avaient été la mission la plus longue sur laquelle il avait travaillé jusqu’alors. « Je me suis rendu à ton appartement après ta disparition et le ratissage en règle de la CIA. J’ai regardé ce que tu avais emporté et laissé. Tu as plutôt fait du bon boulot pour couvrir tes traces, mais j’ai quand même noté que tout ton équipement pour le froid avait disparu. Je ne suis même pas sûr que la CIA savait que tu en possédais un. Je savais également que tu ne resterais pas aux États-Unis, ce qui nous a permis de réduire le nombre des pays vers lesquels tu aurais pu prendre la fuite…

      – Nous ? l’interrompit sèchement Bixby.

      – Reidigger m’a aidé », admit Zéro. Quand il s’agissait de retrouver quelqu’un, Alan était presque aussi habile que pour le faire disparaître. « Je me rappelais également cet hiver particulièrement rude durant lequel tu t’étais plaint de ton arthrite à la main, continua-t-il. Tu as dit que le seul médicament qui t’aidait lorsqu’il faisait si froid était le Trexall. Avec toutes ces informations et l’aide d’un certain hacker danois que nous connaissons bien tous les deux, nous avons répertorié toutes les nouvelles prescriptions de Trexall dans chacun des pays vers lesquels tu aurais pu fuir et nous avons recoupé ces données avec des identités jusqu’à ce que nous en trouvions une qui ne correspondait en fait à personne. Des milliers de noms. Cela nous a pris des semaines puis, soudain, un nom est sorti du lot, un homme résidant dans la Saskatchewan du nom de Jack Burton. Jack Burton qui, comme par hasard, est le nom du héros principal de ton film préféré. »

      La commissure des lèvres de Bixby se retroussa légèrement en quelque chose qui ressemblait vaguement à un sourire : « Tu te souviens de ça ?

      – Je m’en souviens, oui. Je suis donc venu ici et j’ai rendu une petite visite à la pharmacie qui te délivre tes médicaments. J’ai essayé de soudoyer le pharmacien


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