LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан


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      Munis d’une permission en règle, signée par le Directeur de la première division à la Préfecture de police, les visiteurs sont introduits dans les étroites cellules qui servent de parloirs. Ces cellules, coupées au milieu par deux grillages, que sépare un intervalle de cinquante centimètres, ont deux portes, qui donnent sur deux couloirs différents. Le détenu entre par une porte, le visiteur par l’autre. Ils ne peuvent donc ni se toucher, ni parler à voix basse, ni opérer entre eux le moindre échange d’objets. En outre, dans certains cas, un gardien peut assister à l’entrevue.

      En l’occurrence, ce fut le gardien-chef qui eut cet honneur.

      – Qui diable a obtenu l’autorisation de me faire visite ? s’écria Lupin en entrant. Ce n’est pourtant pas mon jour de réception.

      Pendant que le gardien fermait la porte, il s’approcha du grillage et examina la personne qui se tenait derrière l’autre grillage et dont les traits se discernaient confusément dans la demi-obscurité.

      – Ah ! fit-il avec joie, c’est vous, monsieur Stripani ! Quelle heureuse chance !

      – Oui, c’est moi, mon cher prince.

      – Non, pas de titre, je vous en supplie, cher monsieur. Ici, j’ai renoncé à tous ces hochets de la vanité humaine. Appelez-moi Lupin, c’est plus de situation.

      – Je veux bien, mais c’est le prince Sernine que j’ai connu, c’est le prince Sernine qui m’a sauvé de la misère et qui m’a rendu le bonheur et la fortune, et vous comprendrez que, pour moi, vous resterez toujours le prince Sernine.

      – Au fait ! Monsieur Stripani… Au fait ! Les instants du gardien-chef sont précieux, et nous n’avons pas le droit d’en abuser. En deux mots, qu’est-ce qui vous amène ?

      – Ce qui m’amène ? Oh ! Mon Dieu, c’est bien simple. Il m’a semblé que vous seriez mécontent de moi si je m’adressais à un autre qu’à vous pour compléter l’œuvre que vous avez commencée. Et puis, seul, vous avez eu en mains tous les éléments qui vous ont permis, à cette époque, de reconstituer la vérité et de concourir à mon salut. Par conséquent, seul, vous êtes à même de parer au nouveau coup qui me menace. C’est ce que M. le Préfet de police a compris lorsque je lui ai exposé la situation…

      – Je m’étonnais, en effet, qu’on vous eût autorisé…

      – Le refus était impossible, mon cher prince. Votre intervention est nécessaire dans une affaire où tant d’intérêts sont en jeu, et des intérêts qui ne sont pas seulement les miens, mais qui concernent les personnages haut placés que vous savez…

      Lupin observait le gardien du coin de l’œil. Il écoutait avec une vive attention, le buste incliné, avide de surprendre la signification secrète des paroles échangées.

      – De sorte que ?… demanda Lupin.

      – De sorte que, mon cher prince, je vous supplie de rassembler tous vos souvenirs au sujet de ce document imprimé, rédigé en quatre langues, et dont le début tout au moins avait rapport…

      Un coup de poing sur la mâchoire, un peu en dessous de l’oreille… le gardien-chef chancela deux ou trois secondes, et, comme une masse, sans un gémissement, tomba dans les bras de Lupin.

      – Bien touché, Lupin, dit celui-ci. C’est de l’ouvrage proprement « faite ». Dites donc, Steinweg, vous avez le chloroforme ?

      – êtes-vous sûr qu’il est évanoui ?

      – Tu parles ! Il en a pour trois ou quatre minutes… mais ça ne suffirait pas.

      L’Allemand sortit de sa poche un tube de cuivre qu’il allongea comme un télescope, et au bout duquel était fixé un minuscule flacon.

      Lupin prit le flacon, en versa quelques gouttes sur un mouchoir, et appliqua ce mouchoir sous le nez du gardien-chef.

      – Parfait !… Le bonhomme a son compte… J’écoperai pour ma peine huit ou quinze jours de cachot… Mais ça, ce sont les petits bénéfices du métier.

      – Et moi ?

      – Vous ? Que voulezvous qu’on vous fasse ?

      – Dame ! Le coup de poing…

      – Vous n’y êtes pour rien.

      – Et l’autorisation de vous voir ? C’est un faux, tout simplement.

      – Vous n’y êtes pour rien.

      – J’en profite.

      – Pardon ! Vous avez déposé avant-hier une demande régulière au nom de Stripani. Ce matin, vous avez reçu une réponse officielle. Le reste ne vous regarde pas. Mes amis seuls, qui ont confectionné la réponse, peuvent être inquiétés. Va-t’en voir s’ils viennent !…

      – Et si l’on nous interrompt ?

      – Pourquoi ?

      – On a eu l’air suffoqué, ici, quand j’ai sorti mon autorisation de voir Lupin. Le directeur m’a fait venir et l’a examinée dans tous les sens. Je ne doute pas que l’on téléphone à la Préfecture de police.

      – Et moi j’en suis sûr.

      – Alors ?

      – Tout est prévu, mon vieux. Ne te fais pas de bile, et causons. Je suppose que, si tu es venu ici, c’est que tu sais ce dont il s’agit ?

      – Oui. Vos amis m’ont expliqué…

      – Et tu acceptes ?

      – L’homme qui m’a sauvé de la mort peut disposer de moi comme il l’entend. Quels que soient les services que je pourrai lui rendre, je resterai encore son débiteur.

      – Avant de livrer ton secret, réfléchis à la position où je me trouve… prisonnier impuissant…

      Steinweg se mit à rire :

      – Non, je vous en prie, ne plaisantons pas. J’avais livré mon secret à Kesselbach parce qu’il était riche et qu’il pouvait, mieux qu’un autre, en tirer parti ; mais, tout prisonnier que vous êtes, et tout impuissant, je vous considère comme cent fois plus fort que Kesselbach avec ses cent millions.

      – Oh ! Oh !

      – Et vous le savez bien ! Cent millions n’auraient pas suffi pour découvrir le trou où j’agonisais, pas plus que pour m’amener ici, pendant une heure, devant le prisonnier impuissant que vous êtes. Il faut autre chose. Et cette autre chose, vous l’avez.

      – En ce cas, parle. Et procédons par ordre. Le nom de l’assassin ?

      – Cela, impossible.

      – Comment, impossible ? Mais puisque tu le connais et que tu dois tout me révéler.

      – Tout, mais pas cela.

      – Cependant…

      – Plus tard.

      – Tu es fou ! Mais pourquoi ?

      – Je n’ai pas de preuves. Plus tard, quand vous serez libre, nous chercherons ensemble. À quoi bon d’ailleurs ! Et puis, vraiment, je ne peux pas.

      – Tu as peur de lui ?

      – Oui.

      – Soit, dit Lupin. Après tout, ce n’est pas cela le plus urgent. Pour le reste, tu es résolu à parler ?

      – Sur tout.

      – Eh bien ! Réponds. Comment s’appelle Pierre Leduc ?

      – Hermann IV, grand-duc de Deux-Ponts-Veldenz, prince de Berncastel, comte de Fistingen, seigneur de Wiesbaden et autres lieux.

      Lupin eut un frisson de joie, en apprenant que, décidément, son protégé


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