Expériences et observations sur l'électricité faites à Philadelphie en Amérique. Бенджамин Франклин
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rechercher les maladies auxquelles l'électrisation pourroit servir de remède, prend pour exemple la paralysie dont il examine en détail les différens symptômes & les différens effets. Après avoir cité l'opinion d'un fameux Professeur 6 en médecine de Montpellier, qui prétend que le fluide nerveux n'est autre chose que le fluide électrique. Il rapporte les raisons qui appuyent cette conjecture & adopte son sentiment. Il ne doute même pas que ce fluide qui parcourt les nerfs avec une vîtesse incompréhensible, pour mettre les muscles en mouvement au premier ordre de la volonté, n'ait la plus grande part à l'origine, à la vigueur & à l'entretien de la chaleur naturelle. De là il passe aux diverses méthodes de traiter les paralysies, & n'oublie pas celle d'y appliquer l'électricité. Il en prouve l'efficacité par le traitement circonstancié, par le changement en mieux & par la guérison parfaite de quatre paralytiques, par le soulagement d'un rhumatisme très-douloureux, par la résolution des nodus & le rétablissement des forces d'un gouteux & d'un autre malade privés l'un & l'autre de l'usage de leurs membres. Enfin il termine sa dissertation par les positions suivantes.
Note 4: (retour) Par M. J. Bohadsch.
Note 5: (retour) Il est vraisemblable que cette différence ne vient que de ce que les écoulemens de la matière électrique ne sont pas aussi abondans que ceux des liqueurs dans de larges tuyaux. Si l'électricité étoit assez forte & assez abondante, elle accéléreroit, diviseroit & rendroit divergens les jets de toute sorte de tuyaux également.
Note 6: (retour) M. de Sauvages.
I. Electricitas in arte medicâ est adhibenda.
II. Electricitas auget naturalem animalium transpirationem.
III. Hæc acceleratio transpirationis in hominibus fit per vasa capillaria exhalantia, & non per glandulas subcutaneas.
IV. Fluidum nerveum fluidum electricum dici potest.
V. Nervi sensorii à motoriis non sunt distincti.
VI. Hemiplegiæ causa proxima est immeabilitas fluidi nervei per nervos.
VII. Hemiglegia præ reliquis morbis electrisatione curanda.
VIII. Etiam febris intermittens electrisatione debellari potest. &c. &c.
Il a paru dans les nouvelles publiques des années 1753. & 1754. des relations détaillées de diverses guérisons opérées par l'électricité sur des sourds & des aveugles en différentes contrées de l'Europe. Malgré les autorités dont elle étoient revêtuës, quoique quelques-unes de ces guérisons m'ayent été attestées par un jeune médecin Suédois 7 qui avoit apporté à Paris un excellent globe dans l'intention d'y faire des miracles, elles n'ont point assez gagné ma confiance pour me paroître mériter d'avoir place dans cette histoire.
Note 7: (retour) M. Lindulf.
La persuasion où l'on est que la matière électrique pénètre les corps auxquels on la communique, de même que ceux qui la contiennent naturellement, a encore donné occasion d'imaginer des moyens pour en tirer de l'utilité. On a pensé que si elle pénètre les parties du corps humain, auxquelles elle n'est par elle-même capable que de donner de l'ébranlement, elle pourroit servir de véhicule à des remèdes que l'on voudroit faire passer dans l'intérieur de ces parties. De quel avantage ne seroit pas cette propriété, si elle se trouvoit avoir quelque réalité? On trouvera dans la suite de cet ouvrage ce que l'on doit attendre de cette idée.
M. Bose célèbre Professeur de Physique à Wittemberg rapporte une expérience qui a vainement occupé la plupart des Physiciens. Un enfant ou un adulte placé sur un gâteau de résine touche de la main le globe ou la poignée d'une épée actuellement électrisée par sa pointe auprès du globe, il acquiert en peu de tems une si grande quantité de feu électrique que d'abord ses pieds, ensuite ses jambes, ses genoux & enfin tout son corps paroissent dans l'obscurité en être environnés de tous côtés comme d'un nuage lumineux semblable à la gloire dont les peintres entourent le portrait d'un saint. C'est pour cette raison que l'auteur a nommé cette expérience la Béatification. Tous ceux qui l'ont tentée se plaignent de ce que M. Bose n'en a pas donné un détail assez circonstancié. Il avouë aussi lui-même qu'elle lui a souvent manqué. L'on conçoit en effet qu'il faut un tems & des circonstances bien favorables pour pouvoir accumuler sur un homme une assez grande quantité de feu électrique pour l'environner depuis les pieds jusqu'à la tête d'une atmosphère lumineuse & bien visible.
Le même M. Bose avoit avancé dans son quatriéme commentaire sur l'électricité qu'il désespéroit que l'on pût trouver une mesure exacte des forces de l'électricité. L'on a reconnu que sa conjecture étoit hazardée. Quand on n'auroit pas l'ingénieux instrument que MM. d'Arcy & le Roy ont inventé & exécuté pour mesurer la force de l'électricité, auquel ils ont pour cette raison donné le nom d'Électromètre, 8 on trouveroit dans les expériences de M. Franklin de quoi y suppléer. Cet auteur a donné (Lettre V. §. 55. & 56.) la description de deux fortes de rouës électriques qui, quoiqu'elles n'ayent pas été imaginées à cette intention, peuvent être regardées comme d'excellens Électromètres. Il fait servir dans chacune de ces machines la seule vertu attractive de l'électricité de deux manières différentes activement & passivement. Ces deux effets se succèdant alternativement contribuënt également au mouvement circulaire des rouës. Il seroit inutile d'en rapporter ici la construction & le détail que l'on trouvera tome premier, pag. 172-183. Il suffit de dire que ces rouës sont mises en mouvement par la seule force de l'électricité, & qu'elles font chacune sur leur axe plus ou moins de révolutions, à proportion que ces rouës ou les bouteilles sont plus ou moins chargées d'électricité. Ainsi sans être, comme le dit M. Bose audaculus & [Grec: achômerutos], on pourra assurer que tel ou tel degré de force électrique est double, triple, quadruple de tel ou tel autre. Quel privilège lui paroissoit avoir l'électricité, pour être la seule chose physique qui ne fût pas soumise à l'empire du calcul?
Note 8: (retour) Voyez Mém. de l'Acad. R. des Scienc. 1749. pag. 63.
Ainsi depuis l'expérience de M. Cuneus vulgairement appellée expérience de Leyde, les connoissances sur l'électricité ont plus fait de progrès qu'elles n'en avoient fait auparavant. Les Physiciens ont travaillé & travaillent sans relâche à ajouter aux découvertes qui ont été faites sur ce sujet. Les uns, sans songer que la matière n'est point encore assez préparée, & qu'il n'y a pas encore assez de faits connus, font tous leurs efforts pour pénétrer les mystères de l'électricité & pour en expliquer la nature; d'autres s'appliquent à lui chercher de nouvelles propriétés, & pour cela s'en tiennent modestement aux expériences, d'autres enfin en proposant leurs conjectures, font voir des rapports évidens entre les phénomènes les plus communs des météores & ceux de l'électricité.
M. Franklin, sans prétendre à la première de ces classes, occupe une place de distinction dans les deux dernières avec les Physiciens qui se sont le plus avancés dans cette carrière; mais il les laisse bien loin derrière lui. Une seule des découvertes qu'il a faites dans cette nouvelle terre, suffira pour donner une idée de la sagesse, de la grandeur & de la finesse de ses vûes. Étant venu à bout de fondre, & même de vitrifier les métaux d'un coup d'électricité, il compare ce phénomène avec un effet tout semblable du tonnerre; c'est celui de fondre l'argent dans une bourse & une lame d'épée dans le fourreau. Conduit par